Le Sommet Etats-Unis-Afrique du 13 au 15 décembre 2022 a vu la participation des hauts responsables des 49 pays subsahariens dont le président de la République de Djibouti, Ismail Omar Guelleh, à la tête d’une forte délégation djiboutienne. L’occasion pour les Etats-Unis d’explorer les voies et moyens de revigorer leur relation commerciale avec le Continent africain via AGOA, dans un contexte de compétition féroce avec la Chine et la Russie. L’AGOA est un accord commercial lancé par l’ancien président américain Bill Clinton en 2000, puis renouvelé en 2015 sous Barack Obama pour une période de 10 ans. Il arrive à expiration en septembre 2025.

La République de Djibouti par la voix de son Ministre du Commerce et du Tourisme M.Mohamed Warsama Dirieh  a apporté sa contribution en rappelant les profondes relations avec les Etats Unis et en réitérant l’engagement du pays pour une intégration économique africaine réussit.

 …Harmoniser l’AGOA avec la ZLECAF, 

La République de Djibouti reste pleinement attachée à une intégration économique plus approfondie, au niveau régional et continentale. En effet, le commerce international reste fondamental pour Djibouti du fait de sa position géostratégique, situé sur la 2ième ligne maritime la plus utilisée, un carrefour idéal pour le commerce des biens et services avec l’Europe, Asie et Afrique. En outre malgré la faible participation du pays à l’AGOA essentiellement du fait d’une offre et une capacité productive très limitées, la donne pourrait changer avec une nouvelle approche du partenariat. En effet deux aspects clé devront être pris en considération pour un partenariat fructueux basé sur la ZLECAf.

D’une part, il permettrait de stimuler les capacités productives des entreprises africaines par le biais des chaines de valeurs africaines compétitives grâce au rôle catalyseur de la ZLECAF. A titre d’exemple le COVID a mis en lumière la forte dépendance de l’Afrique vis-à-vis des produits importés notamment agro-alimentaires et pharmaceutiques. Il a fallu donc développer des chaines d’approvisionnement régionales pour une meilleure résilience et sécurité alimentaire. Mais ce n’est qu’un début et nous ne sommes pas à l’abri de nouveau chocs mondiaux. D’autre part, l’accord AGOA serait propice à la promotion et le développement de zones économiques spéciales (ZES) compatibles avec la ZLECAf. Avec la mise en œuvre de la ZLECAF et la finalisation des discussions sur les règles d’origines, les capacités de transformation des pays africains au sein de ses ZES se trouveront boosté et leur offre largement améliorer, une meilleure participation de nos PMEs pour un meilleur niveau d’échanges au sein d’initiatives telles que l’AGOA.

 …Rentabiliser l’AGOA.  L’AGOA est l’outil utilisé par les Etats-Unis pour soutenir le continent africain via des avantages douaniers. Ainsi, des milliers de produits en provenance d’une quarantaine de pays d’Afrique subsaharienne sont exemptés des droits d’importation aux  Etats-Unis et  bénéficient de  l’accès préférentiel au marché américain. C’est un véritable outil pour favoriser les échanges avec l’Afrique et donc améliorer la compétitivité africaine. Les exigences de ce système sont nombreuses. Le produit doit satisfaire à deux règles d’origine, il doit directement être importé depuis un pays bénéficiaire et être cultivé, produit ou manufacturé dans un pays bénéficiaire.

D’autre part, le pays bénéficiaire devrait respecter les droits sociaux ou politiques tels que le respect de l’État de droit, des droits des travailleurs et des droits de l’Homme. Aussi, il est évident que l’AGOA demande à être rentabilisé à travers des moyens appropriés et adéquats. Ainsi, l’AGOA devant évoluer avec les enjeux et permettre de relever les nouveaux défis pour une plus grande résilience et comme ligne directrice de maintenir une dynamique d’intégration continentale pour un développement et un partenariat gagnant. Actuellement, les produits concernés par ce traitement sont les produits textiles, les matières premières, les produits agricoles et les composantes de l’industrie automobiles. A ce jour, plus de 7000 produits africains accèdent sans droits de douane au marché américain. AGOA a permis de réaliser jusqu’à 4,8 milliard d’échanges commerciaux l’année dernière sur un total de 64 milliards d’échanges commerciaux au total. Le chiffre de 4,8milliard d’échanges commerciaux est insignifiant comparé au niveau record réalisé par le commerce sino-africain d’environ 254 milliards de dollars en 2021.

 …Redynamiser l’AGOA. Parmi les thématiques clés de ce Sommet il y a  le Commerce sur lequel les pays africains attendent un signal fort et des orientations ambitieuses de la part des Etats-Unis. Pour ce faire une réunion consultative des Ministre de Commerce de l’UA s’est tenue le 12 Décembre afin de consolider la position du continent pour un nouveau partenariat AGOA sur la base des engagements souscrit pour la réalisation de la ZLECAF. Quatre mesures forte doivent consolider l’actuelle AGOA. C’est d’abord la prolongation de l’AGOA pour une période de dix ans, de 2025 à 2035, et le renouvellement de l’AGOA qui devrait être en place le plus tôt possible, en septembre 2023 plutôt qu’en septembre 2024. Une fois prolongée, l’AGOA devrait conserver tous les bénéficiaires existants et bénéficier de la suppression des restrictions commerciales sur les produits africains, ce qui limite l’utilisation de l’AGOA en ce moment.

En outre, quatre nouvelles mesures pour élargir l’AGOA et la rendre plus efficace serait d’élargir la liste des produits de l’AGOA pour l’élargir (par exemple, la chaîne de valeur de l’agro-industrie) et accroitre le nombre de pays bénéficiaires pour inclure les pays Africains qui ne sont pas dans le Sud du Sahara, afin de couvrir à terme les pays de la ZLECAF et enfin rendre les règles régissant l’accès au marché américain plus souples pour les produits AGOA et soutenir les PMEs, particulièrement celles appartenant aux jeunes et aux femmes et stimuler les investissements américains en Afrique. C’est donc animés de cette volonté d’unité et de parler d’une seule voix que les Ministres africains chargés du commerce ont rencontré les hauts responsables de l’Administration américaine conduite par l’Ambassadrice Katherine Thai (Représentant américain au commerce) et la participation d’insigne membres du Congrès américain, des hauts fonctionnaires américains, du secrétariat de la ZLECAF, de la CEA, de la BAD ainsi que des organisation régionale telles que la SADC et le COMESA.

L’Ambassadrice Katherine Thai a rassuré les Ministre de la volonté du gouvernement américain de constamment saisir l’occasion de réévaluer et outiller de façon plus efficace notre partenariat. Elle  a en outre souligné la volonté de « moderniser » le partenariat de l’AGOA et le rendre conforme aux attentes des pays africains et en phase avec leurs objectifs de développement tel que prévu par l’accord de la ZLECAF. Les membres du congrès ont pour leur part rappelés que l’AGOA, bien qu’unilatéral, est un accord  qui doit évoluer dans sa portée, sa dimension et ses résultats. Le souhait d’une plus grande prévisibilité de l’AGOA à travers une plus large période d’éligibilité (10 ans) a été également été bien accueilli par les membres du Congrès dont dépend le renouvellement de l’accord. Enfin les autorités américaines ont jugé  légitime les attentes des Ministres car ont-ils soulignés « un programme unilatéral n’est pas suffisant pour renforcer nos relations économiques et commerciales » et qu’il est temps après 25 de transformer l’AGOA afin de mieux refléter les priorités de développement de l’Afrique.