Les tontines sont des associations regroupant des membres d’un clan, d’une famille, des voisins ou des particuliers, qui décident de mettre en commun des biens ou des services au bénéfice de tout un chacun, et cela à tour de rôle. Elle est connue chez nous sous le nom de «HADBAD ».

Le procédé n’est pas sophistiqué mais il est d’une efficacité et d’une simplicité à toutes les preuves d’accéder à l’épargne. C’est un système informel de micro-crédit, un fonds commun et mutualisé qui fait partie de dispositif d’entraide et de solidarité au développement.

Les tontines existent depuis des siècles (13e siècle au Japon et en Chine) sur tous les continents du monde, mais elles sont les plus répandues en Afrique et en Asie. Bien qu’elles prennent souvent des noms différents d’un pays à l’autre, elles présentent partout les mêmes caractéristiques et exigent à ce que les relations entre les membres soient particulièrement étroites.

La tontine est un système d’épargne classique pratiquée par une bonne partie de la population, surtout les femmes des quartiers populaires dont le taux de bancarisation est inexistant ou qui n’arrivent pas à intégrer le mode de financement de la microfinance.

Elle est fondée sur un lien social très fort car les participantes s’engagent socialement à participer et à cotiser. Refuser de payer ou rembourser sa part, c’est risquer de se faire exclure de son cercle de proches. La tontine agit donc comme une incitation au travail, puisque les participants se doivent de rembourser l’argent ou les services empruntés.

Les Hadbads nationaux peuvent être saisonnières, mensuelles ou annuelles, elles peuvent être encore des tontines religieuses, associatives et professionnelles, basées sur le genre, la parenté, le voisinage ou avec un groupe d’amitié, des éléments qui réduisent le risque d’échec.

Chaque tontinière est censée parrainer d’autres adhérents de leur entourage, à condition que le facteur prédominant des membres soit basé sur la confiance qui constitue un gage de sécurité.  D’après Mme bouho, tontinière professionnelle depuis plus de

13 ans, elle  nous apprend qu’à la différence des banques, on ne fait pas de demande, ni de formulaire à remplir et l’échéance de paiement est rapide et immédiate, il suffit de planifier la date ou l’année ou tu recevras ta tontine pour mieux investir ton projet.

Selon un ordre et des modalités préétablis, chaque membre reçoit la contribution de toutes les sociétaires et chaque tontine permet de combler un projet pour chacune d’elles telle la construction ou la rénovation de sa maison, les frais scolaires de ses enfants, et surtout pour un projet de mariage etc…

A l’époque lorsqu’une tempête démolissait les toits d’une maison, tout le monde se mettait à réparer ensemble le toit de chaque logement voisin un par un, et aujourd’hui on accomplit communément la même chose mais avec de l’argent.

Mais pour cette économie informelle, l’important est de savoir qui bénéficiera cette contribution en premier.

Plus vous prenez tôt et plus vous êtes avantageux et plus vous attendrez , mais la décision de la communauté tontinière préfère favoriser souvent la personne qui en a plus besoin.

La tontine est non seulement une activité génératrice de revenus, une logique financière, mais aussi une logique de solidarité, elle est la valorisation et la reconnaissance des femmes à être le poumon de l’économie et surtout un mode de vie.

 Saleh Ibrahim Rayaleh