Dans le cadre de la semaine nationale de l’enfant, le ministère de la femme et de la famille en collaboration avec l’UNFD, l’UNICEF et le ministère du travail chargé de la formalisation et de la protection sociale, a organisé hier matin dans la salle de spectacle du siège central de l’UNFD, un atelier de sensibilisation contre le travail illicite des enfants et les violences. Il s’agit ici de prohiber non seulement l’enrôlement des mineurs dans le milieu du travail sous nos cieux, mais également de mieux protéger les enfants contre tous les genres de violences.

En adhérant à la convention des Nations Unies et la charte africaine relative aux droits de l’enfant, la république de Djibouti s’est engagée à mettre en place une véritable politique permettant à chaque enfant de jouir pleinement de ses droits, aussi bien au niveau éducatif que celui de la santé et de sa protection. C’est du moins le sens de l’atelier organisé hier matin, dans le cadre de la semaine nationale dédiée aux enfants par le ministère de la femme et de la famille en collaboration avec l’UNFD, le bureau local de l’UNICEF et le ministère du travail.

L’événement a réuni dans la salle de spectacle du siège central de l’Union Nationale des Femmes Djiboutiennes, la ministre de la femme et de la famille, Mouna Osman Aden, son collègue du travail chargé de la formalisation et de la protection sociale, Osman Ibrahim Robleh, la vice-présidente de l’UNFD, Hasna Houmed Bilil, la représentante à Djibouti de l’UNICEF, Melva Johnson, la secrétaire général du MFF, Anissa Hassan Bahdon et une centaines de participants composés de porte-voix du tissus associatives des communes de Balbala et de Boulaos, des étudiantes et des personnalités anonymes.

La directrice du travail, de l’emploi et de la sécurité Ikram Awaleh Farah, l’inspecteur général et des lois sociales, Abdi Farah Idleh ainsi que des nombreux hauts cadres du MFF, de l’UNICEF et de l’UNFD ont assisté à cet atelier où il était question de prohiber non seulement l’enrôlement des mineurs dans les activités à finalité économique, mais également de tous les genres de violences, y compris les MGF.

Après d’un court métrage dans ce domaine, la cheffe du bureau local de l’UNICEF, Melva Johnson a dans son intervention, souligné qu’à Djibouti, malgré les efforts du gouvernement et des organisations de la société civile, «des enfants sont encore victimes de violences de différents types et sont privés de leurs droits fondamentaux mentionnés dans la convention internationale des droits de l’enfant».

Pour justifier, la responsable onusienne a indiqué : «Durant l’année 2021, 81 cas d’enfants victimes de violences ont été référés au service social du Ministère de la Femme et de la Famille. 81 cas qui pourtant ne devraient pas exister. 21% des filles de 0 à 9 ans et  63 % des filles de 11 à 14 ans sont victimes de mutilations génitales féminines. 13 % des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans».

Pour le ministre du travail chargé de la formalisation et de la protection sociale, Isman Ibrahim Robleh, «Djibouti est le premier pays du continent africain à officiellement lancer la mise en œuvre de l’Année internationale de l’élimination du travail des enfants.»

«Ceci démontre la vision éclairée et l’ambition du Président d’assurer que la place de l’enfant Djiboutien ou de tout enfant dans le territoire national est à l’école et non au travail» a ajouté le ministre Isman Ibrahim, car selon lui «un enfant qui travaille ne pourra pas suivre une scolarité normale et sera voué à devenir un adulte analphabète n’ayant aucune possibilité d’évoluer dans sa vie professionnelle et sociale, et donc de trouver un travail décent» La vice-présidente de l’UNFD Hasna Houmed Bilil qui l’a suivi a retracé les programmes de protection et de promotion de l’enfant et de la femme djiboutienne réalisés par son organisation.

Pour clôturer cette série d’intervention, la ministre de la femme et de la famille, Mouna Osman Aden mis l’accent sur l’arsenal juridique renforçant les lois internationaux, mis en place par gouvernement djiboutien.

«Au niveau juridique, des progrès notables ont été accomplis avec l’adoption par l’Assemblée Nationale de la loi n°95 du 18 mai 2015, portant Code de protection juridique des mineurs qui a pour objet la protection et la promotion des droits de l’enfant. En outre, c’est pour combler les lacunes constatées au fil de la pratique que nous avons tout récemment entrepris de mettre en place un nouveau document de Politique nationale de l’enfance» a rappelé la ministre Mouna Osman Aden.

Rachid Bayleh

Ils ont dit…

Mouna Osman Aden

Ministre de la femme et de la famille

«Il s’agira d’abord de briser le cercle vicieux de la pauvreté et de l’abandon scolaire qui risquerait de perdurer chez certains foyers pauvres»

Les pires formes de travail des enfants consistent dans l’exploitation économique de l’enfant dans des travaux durs, contre un salaire insignifiant et dans des conditions déplorables, notamment :

– Toutes les formes d’esclavage ou pratiques analogues, telles que la vente et la traite des enfants ;

– La servitude pour dettes et le servage ainsi que le travail forcé ou obligatoire, y compris le recrutement forcé ou obligatoire des enfants en vue de leur utilisation dans des conflits armés ;

– L’utilisation, le recrutement ou l’offre d’un enfant à des fins de prostitution, de production de matériel pornographique ou de spectacles pornographiques ;

–  L’utilisation, le recrutement ou l’offre d’un enfant aux fins d’activités illicites, notamment pour la production et le trafic de stupéfiants, tels que les définissent les conventions internationales pertinentes

– Les travaux qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils s’exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité ou à ta moralité de l’enfant.

Nous ne pouvons passer sous silence dans ce cadre, le nombre important de jeunes migrants, filles et garçons, accompagnés ou isolés, qui sont poussés dans notre pays par les tensions qui prévalent dans notre environnement géographique et qui grossissent le nombre des enfants de la rue. Djibouti n’a pas pour autant opéré de distinction de genre ou d’origine, veillant, selon ses moyens à offrir à tous les enfants les conditions d’une vie digne et protégée contre les abus et l’exploitation. Il s’agira d’abord de briser le cercle vicieux de la pauvreté et de l’abandon scolaire qui risquerait de perdurer chez certains foyers pauvres. Nos partenaires des Nations Unies sont appelés ici à conjuguer leurs efforts avec ceux de l’Etat et de la société civile pour agir dans un même élan en faveur des enfants nationaux et des enfants migrants et réfugiés.

Isman Ibrahim Robleh

Ministre du travail chargé de la formalisation et de la protection sociale

« L’élimination du travail des enfants d’ici 2024 peut être atteinte à Djibouti »

Le MTFPS s’est déjà engagé à la mise en œuvre avec tous ses partenaires d’un plan d’action national pour l’élimination du travail des enfants à Djibouti comme promesse d’action pour célébrer l’année 2021 et ainsi jeter les bases de l’atteinte de la cible 8.7 des ODD. La formulation du Plan d’action national se fera de façon inclusive et participative en étroite collaboration avec les partenaires mais aussi avec toutes les parties prenantes du pays qui ont à cœur la problématique du travail des enfants. Ce plan d’action national de lutte contre le travail des enfants sera un des leviers de la protection de l’enfance. Et j’en suis convaincu que l’élimination du travail des enfants d’ici 2024 peut être atteinte à Djibouti si toutes les parties prenantes agissent ensemble, à travers des mesures coordonnées et mesurables. Sans aucun doute, nous avons encore des progrès à accomplir pour que tous les enfants qui vivent sur le territoire Djiboutien, quelle que soit leur situation personnelle, aient la possibilité de vivre leur enfance dans la dignité qui leur est due.

 Melva Johnson

Représentante résidente de l’UNICEF à Djibouti

«L’UNICEF accompagne le gouvernement à se pencher sur cette problématique, et des avancées notables ont été réalisées»

Des enfants sont encore victimes de violences, de maltraitance et d’exploitation à l’heure actuelle. Nous pouvons tous observer le nombre toujours croissant des enfants en situation de rue, qui y vivent et/ou qui y travaillent. Le premier droit de l’enfant est son identité et un nom. L’acte de naissance permet aux enfants d’accéder aux services sociaux de base notamment l’éducation qui est une protection en soi. Un enfant dans une classe ne sera pas dans la rue et à risque de violence et d’exploitation.

L’UNICEF accompagne le gouvernement à se pencher sur cette problématique, et des avancées notables ont été réalisées entre autres le code de protection juridique des mineurs, la stratégie nationale pour l’abandon des MGF, la politique nationale de l’enfance, pour ne citer que cela.