
A Djibouti, les hommes, (pas tous, mais beaucoup d’entre eux), ont une passion, un amour incommensurable pour le khat, cette fameuse plante verte. A force de passer du temps dans les mabrazes, très peu d’entre eux s’entretiennent et prennent soin d’eux. Mais, les autres, ceux qui font attention à leur allure, sont souvent tagués d’être des hommes à femmes, est-ce vrai ?
Dans notre pays, les hommes sont vite catalogués. Un sourire ternit par les affres du tabac, des yeux rougis par le manque de sommeil et hop, c’est un khatteur invétéré, pas la peine de s’attarder à discuter. Il aime forcément le khat et la cigarette. Les femmes djiboutiennes, qui, contrairement à leurs hommes sont toujours sur leurs 31 reconnaissent de loin, de très loin, les khatteurs. Et pour les autres? Ceux qui sont toujours bien habillés, bien parfumés, qui ne portent pas toujours la même chemise jaunit par les sueurs du khat ? Quels effets font-ils aux femmes ? Pourquoi certaines d’entres elles les fuient aussi ? Certes, les femmes d’ici comme d’ailleurs, ont toute une particularité, celle de cataloguer les hommes. Un homme avec une fière allure est automatiquement targué d’être un coureur de jupon, un Don Juan, un homme à femme. Mais pourquoi donc ? Dans ce cas, que faut-il faire pour plaire et séduire ?

Etre présentable, est ce un tue-l’amour ?
Le matin, au travail, vous avez deux catégories d’hommes. Il y a ces messieurs qui courent derrière une tasse de café, qui ont eu beaucoup de mal à se lever et qui ont toujours la même chemise. Et puis vous avez les autres, ceux qui arrivent avec un café acheté à Bunna House, qui sentent bon à des kilomètres et qui disent bonjour à tout le monde, toujours un sourire aux lèvres. Cette dernière catégorie, est souvent appréciée par les femmes, car ils sont aimables et courtois et surtout, ils ne se sont pas réveillé de mauvaise humeur. Pourtant, mis à part les bonjours de circonstances, leurs collègues féminines discutent très peu avec eux. Ils n’ont pas souvent le même centre d’intérêt, car ils parlent de leurs sorties aux restaurants entre hommes, de leurs matchs de football et, surtout de leurs conquêtes. Et oui, libres comme l’air, ils papillonnent à gauche et à droite et font les yeux doux aux nouvelles stagiaires et à celles qui tomberaient dans leurs filets. Pour elles, ces hommes, qui souvent, brassent du vent, ne sont pas perçus comme des hommes sérieux. Ils préfèrent, selon elles, les midinettes qu’aux femmes avec des vraies valeurs. Ils abusent de leurs charmes et surtout, ils savent qu’ils font de l’effet sur toutes celles qui croisent leurs routes. Pourquoi ne pas en profiter alors ? Des cœurs à prendre, sûrement, mais surtout des cœurs volatiles comme du vent. Ils séduisent et courtisent toutes celles qu’ils voient passer. Moches ou belles, ils n’ont que faire. Ils ont un tableau de chasse bien garni et qu’il faut remplir à tout prix.
Le Khatteur, une valeur sûre ?
Et puis, il y a les khatteurs, ceux qui se laissent pousser les ongles pour mieux arracher les brindilles de khat. Souvent décriés, ces messieurs représentent pourtant pour certaines, une valeur sûre. Elles savent, toutefois, qu’elles passent derrière cette maudite plante, mais elles sont tranquilles dans leur esprit. Pour elles, à part khatter, ils n’ont pas le temps de jouer à ces jeux de l’amour et de la drague. Trop pris déjà par le mirkan, elles savent que leur couple ne sera pas mis à rude épreuve, par les jeux de séduction. Avec un emploi de temps déjà très chargé, par les heures passées dans les mabrazes, ils n’ont plus vraiment le temps de s’occuper d’eux. On les croise le matin, avec leurs mines déconfites, et le regard hagard, et pour leurs collègues féminines, ils restent des hommes bons, qui ne feraient pas de mal à une mouche. Ils n’ont d’ailleurs pas le temps de taper la causette, car leurs journées sont chronométrées, à la minute près. Travail, déjeuner, et départ vers le mabraze. Journée complète et bouclée. A leurs retours, le soir, un bol de lait avalé de travers et hop, au lit. Une valeur sûre, me direz-vous ? Oui, pour celles qui ont trouvé leurs places, au milieu du nirvana causé par le khat. Mais pour celles dont les maris ne khattent pas, ont-elles du souci à se faire ?
Oui, dirons-nous, car pour occuper leurs soirées, ces messieurs se rendent bien trop souvent dans les cafétérias bondés de bonhommes à la recherche de femmes, pas forcément à marier. Ils se donnent rendez-vous dans des endroits huppés, prétextant regarder des matchs de foot pour mieux draguer les jeunes serveuses, qui hélas, ne les connaissent que trop bien. Elles savent déjà ce qu’ils vont commander et les répliques qui vont suivre. Ce genre d’hommes qui fuient le mariage et toutes les responsabilités qui vont avec, aiment être bien entourés.
Qui donc du khatteur ou du célibataire a de beaux jours devant lui ?
Pour parler vrai, nos compatriotes préfèrent de loin les khatteurs. Elles connaissent leurs habitudes, leurs moindres gestes. Elles savent déjà qu’ils vont passer le week-end à dormir, à récupérer des longues heures du mirkan de la semaine. Elles décrivent souvent ces hommes comme fiables, sérieux et peu enclins à jouer les jolis cœurs. Elles savent qu’elles ne peuvent pas rivaliser avec le khat et elles acceptent souvent cette situation de bon cœur. Elles sont heureuses de voir que leurs hommes ne cherchent pas à séduire et elles sont tranquilles. Pas de souci à se faire, en voyant leurs maris portés la même chemise, le même pantalon durant toute la semaine. Une habitude qui change, et hop, l’ombre d’une rivale se dessine au loin. Il se fait beau pour une autre, car, pour elle, il est toujours pareil. Pas de parfum de marque, pas de nouvelle coupe de cheveux, pas de longues heures à se regarder dans le miroir, qui reflète bien trop souvent, le même sourire édenté. Elles aiment leurs maris, comme ils sont .Elles sont heureuses et ces messieurs aussi. L’essentiel est là, alors vive les khatteurs !
N. Kadassiya