Déjà dans les années 80, Dalida chantait « Paroles, paroles et paroles », une chanson où elle donnait la réplique à Alain Delon. Les belles paroles restent une arme qui ferait chavirer la plus tenace des femmes. Quoiqu’à Djibouti, nos hommes ne sont pas très forts dans ce domaine, et pourquoi d’ailleurs ? A cause de la chaleur ? A lire sans modération et surtout avec une touche d’humour.

Ah les belles paroles, les compliments, les mots doux. Rien de plus beau, de plus attendrissant, de plus chavirant. Car oui, les belles paroles font tourner les têtes et aussi les cœurs. Hélas, pauvres femmes djiboutiennes, elles n’ont pas beaucoup de chance dans ce domaine. Les mâles alphas que nous avons, ne savent pas manier cet outil de charme. Plus qu’un simple outil, c’est une mitraillette verbale qu’ils le siéraient. Pas de chance, nous, femmes djiboutiennes sont mal loties. Et nous réclamons notre lot quotidien de paroles suaves et calientes. Pourtant, chez notre voisin le plus proche en Somalie, les hommes ont une joute verbale bien plus riche. Ils sont capables d’épouser une femme rien qu’en lui prononçant les mots que toutes femmes aimeraient entendre. Il faut le reconnaitre, ils sont forts dans ce domaine. Il serait peut être temps que nos hommes ont prennent de la graine. Un petit stage de formation dans ce domaine ne leur ferait pas beaucoup de mal.

Suis-moi, je te fuis, fuis-moi, je te suis…

Un autre constat, les djiboutiennes, contrairement à leurs voisines somaliennes, ont horreur des beaux parleurs. Elles les fuient, elles sentent l’arnaque à venir. Pourquoi d’ailleurs ? Est-ce une question d’éducation, de culture ? Peut-être, car au sein du foyer familial, elles ont grandi avec des pères qui ne chantaient pas tous les jours, les louanges de leurs épouses. A Djibouti, rares sont les hommes qui savent manier cet art. Et disons-le, il s’agit bien d’un art, d’un don qui n’est pas donné à tout le monde. Les casanovas et autres beaux parleurs font peur à Djibouti, car selon l’imaginaire collectif, ces hommes seraient des coquilles vides, des tombeurs à deux sous. Mesdames, il n’y a aucun problème à les écouter ! Laissez-les vous chanter des mélodies aussi fausses que celles d’Assurancetourix.. Qu’ils viennent se mettre sous vos fenêtres et vous flattent un peu. Ce n’est qu’un plus, un bonus qu’on aimerait toute avoir. Mais le constat est là, les djiboutiens n’ont pas le temps de faire causette. Ils y vont direct. Après quelques rendez-vous galants, leurs vraies personnalités refaient surface. Ils sont durs, rugueux même. Triste vie de djiboutiennes pour qui les remontrances sont monnaies courantes. Pour certaines de nos compatriotes, les hommes qui parlent beaucoup et surtout à toutes les femmes, seraient, selon-elles, des coureurs de jupons. A penser qu’il vaut mieux ne pas parler qu’autre chose, mais parler pour dire quoi ? Parler pour séduire, pour plaire, pour entretenir la flamme, oh oui ! Parler pour dire qu’elle est belle, qu’elle est une reine, une princesse, qui mérite un prince charmant à ses cotés, messieurs, il serait peut-être temps de relever le défi.

L’arabe, la langue de l’amour…

Avez-vous déjà écouté un poème arabe, rien de plus beau. Avec son vocabulaire très riche, chaque mot, chaque son est une chanson. Quoi de plus beau qu’un poème écrit avec le cœur pour sa dulcinée. Dans notre pays, les arabophones, sans viser qui ce soit, sont souvent décriés. Vous savez pourquoi ? Parce qu’ils parlent la langue de l’amour, car reconnaissons-le, un mot doux écrit en arabe charme et séduis plus qu’une simple missive écrite dans un français basique. Chanter la beauté d’une femme en arabe est un véritable plaisir auditif. L’on ressent chaque mot, chaque sentiment, chaque murmure vous transporte et vous fais sentir une princesse des mille et une nuits.

L’arabe, plus qu’autre chose est fait pour plaire, pour séduire et la plus rebelle des femmes, à condition qu’elle comprenne bien sur, ne peut rester insensible. C’est peut-être pour cela, que les arabophones ont plusieurs épouses. Ils savent les charmer avec leurs mots et entretenir la flamme. Un élément très apprécié par les êtres faibles que nous sommes. Qui ne succomberait pas à des paroles tout droit sorties du cœur, surtout quand on y met l’intention ? Très peu de femmes, soyons sincères. Car en arabe, il existe plus de 50 noms pour désigner l’amour, selon son intensité : Al-Hawā (l’inclination), Al-Ṣabāba (la passion), Al-Chaghaf (l’ardeur), Al-Wajd (la mélancolie amoureuse), Al-Kalaf (l’attachement extrême), Al-Ishq (l’amour profond), Al-Hiyām (l’amour fou). Cette richesse lexicale n’a pas d’équivalent dans de nombreuses autres langues. Par exemple « Al-Hiyām » désigne un amour qui atteint la folie et la perte de contrôle, « Al-Kalaf » exprime un attachement si intense qu’il en devient douloureux. Dans ce cas, serait-il peut-être temps de se mettre à l’arabe pour séduire nos farouches djiboutiennes.

Les beaux parleurs en perte de vitesse ?

Ici à Djibouti, où le mercure frôle les 48 degrés, parler beaucoup est un véritable répulsif. Les djiboutiennes ont horreur des beaux parleurs, à croire que ca sent l’arnaque à plein nez. « Un homme qui parle trop, c’est un menteur », pourquoi donc ? En leur faisant miroiter monts et merveilles, ils seraient,  selon elles, des dragueurs invétérés. Elles craignent qu’une fois, la corde au cou, qu’ils sortent le même langage à toutes celles qui passent.  

Entre vérité et simple drague, la ligne reste mince. Qui écouter dans ce cas ? Celui qui grogne à longueur de journée, ou celui qui susurre des paroles douces? A mon humble avis, un juste mélange des deux serait l’idéal, mais avec la chaleur ambiante, il est plus prudent de penser aux actes, qu’aux belles paroles. Les paroles s’envolent au vent et les gestes d’amour valent mille mots, et les beaux parleurs n’ont pas le vent en poupe chez nous. La femme djiboutienne, au sein de son foyer, considère plus un homme présent pour elle et pour ses enfants, qu’un chanteur de charme à l’avenir compromis, surtout si il le fait souvent. Car, à coup sur, s’il parle beaucoup aux femmes, son avenir conjugal est largement compromis. Alors messieurs, restez comme vous êtes, et surtout ne parlez pas à d’autres femmes. Le silence est d’or…

N. Kadassiya