Ça y est le Ramadan a débuté samedi et notre pays, tout comme les autres pays musulmans vibre aux rythmes des prières et de l’ambiance de ce mois béni. Pourtant, ici, chacun célèbre ce mois à sa façon, mais de la plus belle façon.

Le Ramadan à Djibouti intègre l’esprit de partage et de solidarité qui caractérise ce mois sacré. Les Djiboutiens sont connus pour leur générosité, et cela se manifeste particulièrement pendant le Ramadan. Les familles préparent des repas copieux pour l’Iftar, et les partagent avec leurs voisins et les personnes dans le besoin. Les soirées du Ramadan sont animées et festives. Les rues s’illuminent, les marchés sont remplis de monde et les familles se réunissent pour partager des repas et des moments de convivialité.

Le Ramadan dans notre pays est une expérience unique, empreinte de spiritualité, de partage et de solidarité. C’est un mois où les valeurs de l’islam sont mises en avant, et où la communauté se rassemble pour célébrer la foi et la fraternité.

Il n’en est pas moins que les djiboutiens, tout âge confondu aiment ce mois plus que tout. Et ceci se voit dans les mosquées, où de jeunes filles et de jeunes garçons remplissent les rangées. Autrefois, les mosquées étaient pleines de personnes âgées, parfois en fin de vie qui venaient passer le peu de temps qui leurs restaient à prier et lire le Saint-Coran. Mais ce courant est révolu, les jeunes ont désormais pris conscience de l’importance de la religion et ils veulent s’y consacrer pleinement. Et chaque soir durant ce mois, on les voit courir pour se mettre au premier rang et profiter de ses bienfaits. Nul doute que les mentalités ont évolué pour laisser place à un regain de spiritualité durant ces 30 jours. Un détail aussi, de plus en plus de djiboutiens choisissent ce mois pour faire la « Oumrah », et ceci fait le bonheur des agences de voyage qui proposent des tarifs concurrentiels.

Ceci dit, chaque famille djiboutienne célèbre ce mois à sa manière et tout est fait pour que ces 30 jours se passent dans de bonnes conditions. En réalité, si l’on devait décrire les profils des hommes djiboutiens (car oui cette fois aussi nous allons parler des hommes), on peut les mettre dans 3 catégories, les pieux qui observent ce mois à la lettre, les « maqamists » que l’on retrouve dans les maqams et autre lieux où s’entremêlent la foi et les chants religieux et enfin ceux qui jeunent et prient que ce mois. A travers ces portraits qui reflètent la réalité de nos hommes, nous essayerons de dresser une description de leurs comportements durant ce mois béni.  

Les Pieux…

Cette catégorie d’hommes est souvent âgée de 30 ans  ou plus. Ils attendent ce mois tout le long de l’année et ils profitent de chaque instant, en observant scrupuleusement le jeûne. Ils prient les 5 prières à la mosquée, restent plus tard que les autres fidèles pour lire le Saint-Coran. Ils s’abstiennent de regarder des films et autres divertissements. Ces 30 jours sont pour eux, un moment de reconnexion avec le Très- Haut et l’occasion tant attendu de gagner des hassanates. Pour eux, loin l’idée des iftars copieux et des repas qui s’éternisent. Ils préfèrent passer leurs temps autrement qu’à s’attarder à table ou dans des discussions stériles. Ils établissent bien avant l’arrivée de ce mois des programmes leur permettant de finir de lire le Saint-Coran. Réglés comme des horloges, ils se consacrent entièrement à ce mois et pour eux, et ils savent comment gérer leurs temps libres.

Les « maqamists »

Ah les maqamists ne manquent pas d’ambiance ! Vous les verrez tout le long de ce mois habillés en khamis et un chapelet long d’un mètre autour du cou. Ils achètent des tonnes d’encens qu’ils font bruler tous les soirs. Toujours en groupe, ils se retrouvent tous les soirs, à partir de 20h devant la maison d’un ami ou dans des mabrazes « spéciaux » dédiés aux maqamists pour écouter les chansons religieuses d’Omar Aden ou de Dandawi. Aucun ne se lève pour prier, car  ils estiment qu’ils accomplissent eux aussi, de bonnes actions en écoutant des chants religieux. Pour ces individus, le khat est essentiel pour atteindre le « nirvana divin » si peut soit-il qu’il existe. Ils sont en transe, dans un état second dans les effluves de l’encens mélangé à la cigarette. Et ils sont là, à khatter jusqu’à la prière du matin, et une fois manger le souhour, ils dorment jusqu’à l’appel à la prière de maghreb. Leur rythme de vie ne se résume qu’à ça. Se retrouver le soir, pour vibrer aux sons du tambour et célébrer à leur façon ce mois béni. Ils aiment ce mois juste pour les veillées nocturnes et les rendez-vous entre amis pour passer du temps à écouter de la musique.  

Les jeuneurs du mois de Ramadan

Pour ces hommes, le mois de Ramadan est un mois d’abstinence. Ils arrêtent de khatter, se ruent dans les mosquées, et s’interdisent même de sortir de chez eux. Eux, qui auparavant, étaient de bons vivants changent complètement de train de vie. Ils essayent de « laver » leurs péchés durant ce mois. Ils coupent les ponts avec leurs fréquentations, et pourtant, ils aimaient s’asseoir devant les restaurants arabes pour siroter un thé ou un café tout en suivant des yeux les passantes.

Pour ce mois béni, ils prient à la première rangée et font fi des mauvais regards qu’on leur porte dans la mosquée. Ils veulent se refaire « une santé » durant ce mois de Ramadan. Mais ne dit-on pas que chasser le naturel, il revient au galop ? Et dès  le premier jour de l’Aid, retour à la case départ…Alors n’oublions pas que beaucoup d’entre nous, nous ont quitté l’année dernière, alors célébrons ce mois comme il se doit, dans la dévotion et la pratique des prières et du jeûne, Ramadan Moubarak à tous.

N. Kadassiya