
Dans notre pays, le taux de divorce élevé reste très inquiétant. Il suffit juste de se rendre devant le tribunal du statut personnel pour rencontrer des âmes en peine, et des familles qui se déchirent. Alors, qu’elle est vraiment la source de tous ces conflits ? Pourquoi les djiboutiennes ont-elles du mal à accepter l’étiquette de « femme au foyer » ?
Pour beaucoup de jeunes femmes, rester à la maison et s’occuper du foyer, reste un concept d’un autre temps. Mais pourtant, pour certaines, rien de mieux que de veiller sur la maison et les enfants et laisser les problèmes de l’extérieur au mari. Entre ces deux mentalités complètement opposés, le fossé est grand.

Femme au foyer et fière de l’être
Pour les jeunes femmes de la génération Z, rester à la maison à faire la cuisine et attendre sagement le retour du mari et des enfants, représente un véritable enfer. Elles, elles préfèrent les mondanités, se lever le matin, prendre un café entre copines, faire des achats, bref, tout est loin de l’image de la femme sage qui se met au fourneau dès l’aube. Mais pourtant, être une femme au foyer n’empêche pas de suivre les mondanités et autres gossips. Elles ont, elles aussi, leurs cercles de copines, et s’échangent des astuces de cuisine et autre potion magique pour toujours « faire tourner » le cœur de leurs maris.
En réalité, ces femmes ont compris que pour être heureuses, il fallait qu’elles se concentrent sur un objectif : leur foyer. Et pour relever ce challenge, elles se donnent les moyens. Elles ont des stratégies « de combat » dignes des hauts commandements des corps constitués. Tout est chronométré, calculé, planifié, rien n’est laissé au hasard. Pourtant, quand on les croise, elles font ça, avec un naturel qui ferait frémir même les plus aguerries. Elles se lèvent aux aurores, préparent le petit déjeuner, avant de réveiller les enfants et le mari, elles préparent les gourdes, les gouters, et prennent bien soin de vérifier que le père de famille n’oublient rien. Dans ce programme, après le départ de tout le monde, la seconde phase de la journée commence tout doucement. Elles se rendent tout d’abord au marché, où elles discutent de la politique et surtout des derniers potins du quartier, avec les voisines et les vendeuses. Après ce détour, elles reviennent à la maison et donnent les consignes aux femmes de ménage pour la préparation du déjeuner avant de faire un brin de sieste.

Ensuite, pour la seconde partie de la journée, elles commencent bien souvent par un bain de crème éclaircissante avant d’arranger les chambres et de mettre de l’encens dans toute la maison. Le reste de la journée, se partage entre les devoirs des enfants, pour celles qui ont été scolarisées ou par des séances de chicha entre copines, autour d’un thé djiboutien hyper calorique.
Ce train de vie, où les journées se ressemblent est fait de tranquillité et surtout aucun stress ne vient troubler leurs esprits. Elles ont choisi cette vie pour certaines et pour d’autres elles font avec. Et elles s’en accommodent et semblent heureuses.
Femme au foyer, surtout pas pour moi !
Pour les autres, ce style de vie est complètement désuet et ne correspond en rien à la vie moderne à laquelle elles aspirent. Elles préfèrent leur indépendance et ne supportent pas cette vie faite de contraintes et de couches culottes. Elles pensent que le bonheur réside dans leurs mains et qu’elles sont capables de façonner leur futur. Indépendantes, insoumises et libres, ces jeunes femmes, qui, bien sûr, se voient mariées, pensent que le bonheur dans le foyer réside dans le partage des tâches quotidiennes. Le mari a certes, des responsabilités, mais aussi des devoirs, clament elles haut et fort. Etre dans la cuisine aux aurores, surtout pas pour elles. Elles préfèrent se prélasser au lit et déchargent toutes les responsabilités familiales aux femmes de ménage. Elles ont un style de vie qui leur est propre et pour rien au monde, elles ne le changeraient.
Mais sur le long terme, ce mode de vie est-il adapté à notre pays ?
Dans la vie, tout est fait de compromis. Etre une femme indépendante n’empêche en rien de jouer son rôle de mère, surtout quand le temps lui en donne l’occasion. Avoir un travail, des amis, des passions, oui, tout en s’occupant de son foyer et des enfants. Tout est une question d’organisation. Le soir, s’occuper des devoirs des petits, arranger tout ce qui traine, s’occuper de la maison pendant le week-end , tout cela est certes possible, à condition bien sûr de se donner les moyens de réussir ces différentes taches. Le week-end, en profiter pour rendre visite à la famille, ou faire des sorties. Pour une femme qui veut se donner les moyens de gérer son foyer tout en gardant une certaine indépendance, rien n’est impossible. Il suffit juste de trouver un compromis, un juste milieu. Pour certaines, ce challenge reste difficile et préfèrent plutôt divorcer que de se soumettre aux envies d’un mari un peu trop exigeant. Elles réclament une vie faite de libertés sans avoir les contraintes et les exigences qu’un mari peut avoir.
Trop de liberté, tue la liberté…
Mais ne dit- on pas que trop de liberté tue la liberté ? Il suffit juste de faire « acte de présence » après le travail ou pendant le week-end. De se recentrer sur les joies de la vie en famille, car, une fois les enfants majeurs, rien ne vaut les rires d’enfant innocent qui résonnent dans une maison. Alors, oui l’on peut être heureuse en étant une femme au foyer, et pour preuve, nos mères l’étaient bien. Mais pour cette génération, l’image de la femme au foyer modèle reste dans les films comme « La petite maison dans la prairie ». Femme au foyer, reste le plus beau rôle pour une femme, si c’est par choix de vie, bien sûr.
N. Kadassiya