
Il est vrai qu’en ce mois béni, il ne faut froisser personne et éviter tout sujet portant à polémique, mais voilà, à chasser le naturel, il revient au galop et une fois n’est pas coutume nous allons parler des jeunes femmes toujours célibataires à 30 ans et qui pour certaines se complaisent dans cette situation. (Toute ressemblance est purement fortuite…)

Toutes les femmes djiboutiennes le savent, il y a des questions qui fâchent et la plus courante est « Tu es mariée » ? Pour celles qui sont « casées » il s’agit d’une question normale puisque la suivante est certainement « ton mari travaille où », mais pour les célibataires, c’est la Question qui fâche. Il ne faut surtout pas la leur poser, au risque de se faire éjecter les yeux de leurs orbites. Pourquoi donc notre société traite les femmes non mariées comme des sous-femmes (encore faut-il que ce terme existe). Est-ce un choix de vie de rester célibataires ou sont –elles à la recherche du prince charmant, qui après quelques années de mariage se transformera à coup sûr en un vilain crapaud pleins de verrues. Quels sont les profils de ces femmes toujours célibataires à 30 ans passées ? Autant de questions auxquelles nous allons tenter de répondre à travers les différents parcours de 3 jeunes femmes.
Sohane, 35 ans cadre dans
un grand établissement public
Quand je croise mes anciennes camarades de classe en ville ou dans les supermarchés, elles sont toutes là à trainer avec elles, leurs enfants. C’est vrai qu’il est important d’avoir des enfants, mais si on ne trouve pas le bon partenaire, que faut-il faire ? Je suis restée pendant 6 ans avec un garçon, nous étions amis au début, puis nous sommes partis faire nos études ensemble. Il ne m’a jamais parlé de mariage, alors que moi, je me projetais dans le futur avec lui. Nos chemins se sont séparés le jour où j’ai appris qu’il me trompait, et depuis j’ai du mal à redonner ma confiance à un autre. Je m’en veux d’avoir passé autant de temps avec lui pour au final, revenir à la case départ. J’ai rencontré beaucoup d’hommes qui voulaient construire quelque chose avec moi, mais mon cœur a été brisé une fois et je ne veux souffrir une seconde fois. Il est très difficile pour moi de lancer dans une autre aventure, même si je sais que mes parents sont désespérés par mon cas. Les hommes djiboutiens sont souvent les mêmes, tous promettent le ciel et la terre à leurs copines et une fois « casées » elles souffrent toutes en silence. Alors je me plains pas dans mon rôle de célibataire et les mauvaises langues peuvent jaser autant qu’elles le veulent…
Hasna 32 ans, employée
dans une banque
Pourquoi je suis célibataire ? Parce que les hommes djiboutiens sont incapables de garder leurs foyers convenablement. Dès qu’ils voient une jeune femme bien habillée, ils sont là à lui tourner autour. Ils oublient qu’ils ont une épouse qui subit tous leurs caprices. Alors pourquoi s’enticher de ce genre d’hommes ? Si jamais tu oses sortir avec des étrangers tu es taguée de mauvaises filles. On ne sait plus sur quel pied danser vraiment. Je le dis à mes collègues mariées et mères de famille, elles font la cuisine avant de venir au travail, s’occupent des enfants, des courses … Et pendant ce temps, le mari est assis à une terrasse de café en train de siroter du thé avec ses amis, il ne se préoccupe nullement de sa femme et de ses enfants. Parfois, ils se permettent de discuter sur les réseaux sociaux avec des jeunes filles. Et vous osez me demander pourquoi je suis célibataire ? Je ne me vois pas mariée à un homme égocentrique qui ne m’aide pas dans les tâches ménagères ni pour l’éducation des enfants. Les mœurs ont changé. Les femmes ont fait des études et elles revendiquent leurs droits. Les hommes djiboutiens sont des « assistés ». Ils ont vécu dans une mentalité qui leur donne pleinement raison, et ils abusent de ce pouvoir. Pour moi, une vie de famille, c’est un mari présent à la maison pour ses enfants, qui aide son épouse, qui ne triche pas au quotidien. Alors si vous connaissez quelqu’un comme ça, faites le moi savoir…
Rahima, 30 ans, infirmière
Dans la vie de tous les jours, je subis constamment la pression de ma famille et de mes amies. Pourtant, je ne me plains de rien. Je suis heureuse de vivre comme ça. J’ai plus de temps de pour moi, je ne me soucie que de ma personne. Je n’ai pas de compte de rendre à qui que ce soit. Je sors quand je veux, je vais au resto pour manger ou fumer la chicha, et je rentre quand je suis fatiguée. Je ne me vois pas m’enticher d’un homme pour l’instant. Ma mère me répète souvent que les femmes n’ont pas toute la vie pour faire des enfants, mais que voulez-vous ? Je ne veux pas me marier avec n’importe qui. J’ai des principes et j’y tiens. Je ne veux pas passer ma vie avec quelqu’un qui ne respecterai pas mes choix de vie. Pour les hommes djiboutiens, une femme qui chiche est toujours mal vu. Pourtant je ne fais rien de mal. Ma mère pense que c’est à cause de ça que je n’ai pas d’homme dans ma vie. Pour moi, c’est juste qu’ils ont peur des femmes émancipées et indépendantes. Ils préfèrent que les femmes restent à leurs bottes et qu’elles accomplissent tout leur désir en s’oubliant parfois elles-mêmes. Je ne veux pas de cette vie. Quel est le mal si j’aime passer du temps avec mes amies à chicher ? Le narguilet, nos grands-mères le fumaient bien et ça ne dérangeait personne. Je me dis que je ferais mieux de chercher un homme qui fume aussi la chicha, comme ça, au moins lui me comprendrai. Pour vous dire la vérité, je tiens beaucoup trop à mon indépendance pour m’occuper d’un homme, qui, dans quelques années, me verrait comme un mobilier de la maison. Alors vive le célibat !
N.KADASSIYA