Le royaume d’Axoum et son roi le plus emblématique, Nagashi, au centre d’une conférence-débat animée par M. Ali Mohamed Kamil dit Ali Tosh. C’était mardi soir au Kempinski.
Economiste de formation, Mohamed Ali Kamil est, à 60 ans, une figure nationale connue dans les milieux de la haute fonction publique puisque, pendant deux décennies, il a formé des fonctionnaires à l’institut national d’Administration publique. Mardi soir au Kempinski, c’est dans un tout autre registre, celui de la recherche historique, que l’homme s’est illustré lors d’une conférence-débat organisée au Kempinski. Outre le président du rotary club, M. Ali Abayzid Moussa, d’autres membres du club, des chefs d’entreprise européens et djiboutiens, qui constituent des maillons importants de la chaine économique djiboutienne, ont également participé à la conférence de M. Ali Tosh.
L’histoire des peuples de la région est peu banale en effet et ces Messieurs, malgré leur agenda, ne dédaignent pas les moments comme celui-ci qui permettent un voyage à travers les siècles passés. Au-delà de leur intérêt pour l’histoire de la région, il s’agit pour le rotary club et ses illustres membres de soutenir la littérature djiboutienne, d’encourager la recherche historique et la production intellectuelle. Rappelons que les rotariens ont acheté cent exemplaires du livre « Sur les traces d’Afar, fils de Madiane » au cours de cette soirée.
Axée sur le roi Nagashi du royaume d’Axoum, celui-là même vers qui le prophète de l’islam a envoyé une importante délégation composée essentiellement de membres de sa famille (première hégire), la conférence a également porté sur le principal sujet du livre du conférencier, Sur les traces d’Afar, fils de Madiane.
En tant qu’économiste, Ali Tosh s’est attaché à rappeler le rôle important joué par Axoum dès le 4e siècle après Jésus-Christ dans la vie économique de l’Afrique de l’Est et de la péninsule arabique. Les peuples de la région commerçaient alors avec les Egyptiens, les Grecs, les Romains, etc., et la principale richesse exportée alors était l’encens. Evoquant la répétition de l’Histoire, Ali Tosh a rappelé le retour en grâce de la route de la soie, sous l’impulsion de la Chine moderne. Ancien directeur de l’INAP, institut national d’Administration publique, où il formait les hauts cadres du pays, Ali Tosh est habitué à prendre la parole en public et à répondre aux questions.
Il a abordé les différentes thématiques avec aisance, à tel point qu’on avait l’impression de l’entendre lire son ouvrage, Sur les traces d’Afar, fils de Madiane, qui est un condensé de toutes les épopées des peuples de la région.
Cet ouvrage, du reste sans prétention littéraire, se veut un essai sur l’histoire des peuples de la Corne de l’Afrique et de la péninsule arabique avec, comme sujet principal, l’histoire singulière des Afars. Passionné depuis quelques années par ce sujet complexe, Ali Tosh a dévoré les ouvrages spécialisés, a hanté les bibliothèques, confronté les thèses des plus grands scientifiques et s’est fait une idée précise des liens historiques entre les peuples de la Corne de l’Afrique et ceux de la péninsule arabique. Pour lui, les Afars ont la même origine ethnique que les Arabes et les hébreux, la preuve en étant selon lui ce fameux Afar ou Afri, fils de Madiane et petit-fils d’Abraham.
Les questions n’ont pas manqué et l’auteur n’en a esquivé aucune, citant la bible, la torah, le Coran mais aussi des ouvrages ou des auteurs moins ancrés dans la tradition monothéiste comme Ibn Khaldoun ou encore Wilfred Thesiger (le désert des déserts). Pendant plus d’une heure, M. Ali Tosh nous a fait remonter le temps, voyager à travers la Mésopotamie, l’ancienne Egypte, l’Arabie heureuse.
La conférence a pris fin par des applaudissements nourris pour le travail de recherche effectué par l’auteur et pour sa performance de conférencier.
Le président du Rotary club, Me Abayzid, a pris la parole en fin de conférence pour rappeler que le livre était en vente dans la librairie Victor Hugo. M. Ali Tosh a ensuite signé une série de dédicaces pour ceux qui avaient décidé d’acheter le livre sur place puisqu’une pile d’exemplaires était disponible dans la salle.