(Agence Ecofin) – Cultivée principalement en Éthiopie, le Teff est en passe de s’implanter durablement dans les habitudes de consommation en Afrique et au-delà. Saron Simon Mechale, une jeune entrepreneure, valorise ce produit avec sa croustille commercialisée sous le nom de goTeff.

La marque goTeff a mis sur les marchés américain et éthiopien des croustilles nutritives fabriquées à partir d’une céréale traditionnelle appelée Teff. Répertoriée comme la plus petite graine du monde, elle est dépourvue de gluten et a de nombreux effets positifs sur la santé, grâce à sa valeur nutritionnelle. Riche en protéines, en fibres, en fer et en calcium, le teff fait partie intégrante du régime alimentaire éthiopien et est consommé depuis longtemps par les marathoniens du pays. La marque propose plusieurs saveurs, dont la noix de coco, la vanille ou encore l’ail. Ses collations sont aussi utilisées comme céréales pour les produits laitiers et les salades.

Saron Simon Mechale (photo), 26 ans, est la fondatrice de goTeff. Originaire d’Addis-Abeba, elle est arrivée aux États-Unis en 2013 pour étudier à l’université de Brown. Elle s’est lancée dans la transformation de cette graine afin de modifier la perception qu’a l’Occident de son pays d’origine.

« Quand il s’agit de l’Éthiopie ou de l’Afrique, ce n’est pas nous qui racontons notre histoire (…) Quand j’ai commencé ce projet, c’était presque comme un projet de justice sociale dans ma tête. Je sais que l’Éthiopie est souvent citée pour deux choses : la famine et les enfants mal nourris, et les athlètes d’endurance monstrueuse. Si l’athlète éthiopien est endurant, c’est fortement lié au teff », a-t-elle déclaré sur The Providence Journal.

Tout comme le cacao, le teff est une matière première exportée à bas prix vers des nations plus riches qui le transforme en produit de consommation, avec des marges bénéficiaires énormes. Alors que la plus grande partie de la production mondiale se fait en Éthiopie, c’est une société néerlandaise qui a détenu pendant des années le seul brevet sur les produits fabriqués avec ce grain. Pour la jeune entrepreneure, cela ne pouvait plus durer. Il devenait impératif pour elle de veiller à ce que son pays bénéficie financièrement du teff, au-delà de la simple exportation.

Le teff est cultivé par de nombreuses familles en Éthiopie. En transformant cette céréale, goTeff permet à ces petits exploitants de trouver un nouveau marché. En plus d’augmenter les revenus des producteurs, l’entreprise contribue au développement économique en donnant une visibilité internationale à une céréale jusqu’ici méconnue sur le continent.

Si goTeff connaît aujourd’hui ses premiers succès, il a fallu plusieurs années d’essais et d’échecs à Saron Simon Mechale pour mettre au point ses snacks et concrétiser son projet. Entre multiples compétitions et mentorats dans des incubateurs, elle a réussi à se démarquer avec son modèle économique basé sur la valorisation d’une graine ancestrale. Toutefois, le produit étant peu connu, il fait face à la réticence de certains.

« Avant la Covid-19, nous faisions goûter nos produits aux clients (sur les marchés agricoles et lors d’événements). Nous savons qu’une fois que les gens ont testé notre produit, ils l’achètent. Mais comme la plupart des gens ne savent pas ce qu’est le teff, ils sont prudents », a-t-elle ajouté.

Lancée en 2019, goTeff distribue principalement ses produits aux États-Unis. Pour atteindre son pays natal, la fondatrice s’est associée à Girls Gotta Run, une organisation éthiopienne qui utilise le sport pour renforcer l’autonomie des filles et les maintenir à l’école. Elle ambitionne de transférer la production en Éthiopie afin de stimuler l’économie locale.

Aïsha Moyouzame