La première piscine du pays aux normes internationales – sans être olympique – a ouvert ses bassins il y a quelques mois. De quoi former les nouveaux talents de la natation. Ou, tout simplement, apprendre à nager aux Djiboutiens et les divertir.

Le 15 décembre 2020, Djibouti inaugurait la première « vraie » piscine du pays. Un événement suffisamment significatif pour que le président Ismaïl Omar Guelleh vienne en personne couper le ruban, devant un parterre d’officiels qui, malgré la moiteur ambiante, avaient préféré conserver leur costume plutôt que d’enfiler leur maillot de bain… Et depuis l’ouverture au public des deux bassins du complexe, en mars dernier, Ali Adabo Ali, lui, ne boude pas son plaisir.

Il suffit de regarder ce quadragénaire s’amuser dans l’eau – sous prétexte de donner des leçons aux apprentis nageurs – pour voir qu’il est dans son élément. Il semble presque ému lorsque, depuis le bord du grand bassin, il chronomètre les jeunes talents de la Fédération djiboutienne de natation (FDN), dont il a la charge depuis toujours et qu’il préside. « Il y a quelques mois encore, rappelle-t-il, ils étaient obligés de s’entraîner en mer. » Il se pincerait presque pour y croire.

Voilà plus de dix ans qu’Ali Adabo Ali et, avec lui, les quelques centaines de licenciés de la FDN attendaient de pouvoir plonger dans l’eau calme et transparente de la Piscine nationale. Promis depuis 2009, avec l’annonce du Fonds de coopération koweïtien qu’il participait à hauteur de 1,5 million de dollars à sa réalisation, le projet a « vu passer cinq ministres » avant de se concrétiser.

Son bassin principal – de 25 mètres de long sur 15 m de large – a été raboté d’une longueur de 25 m et n’atteint donc pas les normes olympiques annoncées au départ. Mais pour Ali Adabo Ali, « cela reste un joyau ! », dont il entend prendre le plus grand soin. « C’est un outil de travail exceptionnel » qui, plus encore que de doper le nombre de licenciés officiels et les performances des meilleurs, « va permettre aux Djiboutiens d’apprendre à nager », explique-t-il.

Impératifs de rentabilité. Les jours de week-end, ils sont une centaine à venir profiter des installations, devant les tribunes parsemées de mères un peu inquiètes. « La plupart sont des enfants qui viennent prendre des cours », confirme Ibrahim Mohamed Abdou, directeur de la Piscine nationale, qui précise que « les samedis et les lundis sont réservés aux dames, les autres jours restent mixtes ».

Entre les impératifs de rentabilité imposés par le ministère de tutelle, qui rendent le prix du ticket d’entrée assez cher – 2 000 francs djiboutiens (environ 9,50 euros) pour un adulte, 1 000 francs pour un enfant -, et le scepticisme d’une large partie de la population devant les activités aquatiques en général, la Piscine nationale n’a donc pas encore vraiment rencontré son public.

Mais elle peut compter sur Ali Adabo Ali, son premier soutien, qui ne manque pas d’idées pour doper l’affluence.

La FDN compte lancer le programme «Natation pour tous, natation pour la vie », afin de populariser dans la capitale la pratique d’une activité traditionnellement cantonnée aux villes côtières d’Obock et de Tadjourah.

Et pour que « le seul sport praticable par tous, de 3 à 99 ans», comme le rappelle l’éducateur, soit enfin accessible à l’ensemble des Djiboutiens.

Olivier Caslin –

Source : Jeune Afrique (citée par l’ADI)