La mise en place d’une agence spécialisée a permis à la cause des personnes en situation de handicap de faire un bond énorme à Djibouti ces dernières années. Avec des actions encore très rares sur le continent.
En décembre prochain, Djibouti abritera la troisième édition de la Semaine nationale du handicap, sous le patronage de la présidence, qui profite de l’événement pour organiser de nouvelles assises nationales. Les précédentes, tenues il y a quatre ans, avaient donné lieu à un rapport, remis au président Ismaïl Omar Guelleh (IOG), qui a depuis considérablement changé la vie des personnes en situation de handicap à Djibouti.
« En dehors du réseau associatif, il n’existait pas de politique publique sur ce dossier », rappelle Doualeh Saïd Mahamoud, non-voyant, directeur général depuis 2018 de l’Agence nationale des personnes handicapées (ANPH), qu’il a contribué à créer.
Depuis les assises de 2017, tout est en effet allé très vite. IOG s’est emparé du dossier, « ce qui a permis à la cause des handicapés de faire un bon énorme en seulement quelques années », reconnaît le directeur de l’ANPH. Un bond institutionnel d’abord, avec la création effective de cette agence dès juin 2018, juridique ensuite, avec la définition d’une stratégie nationale du handicap devant s’articuler sur la période 2021-2025.
Outils numériques. « Cette stratégie doit permettre de sortir les 8,5 % de Djiboutiens concernés de leur anonymat », explique Doualeh Saïd Mahamoud, qui a eu le temps d’étudier le système suédois pendant ses vingt années de pratique à Stockholm. Élaboré par l’agence en collaboration avec les associations qui lui sont liées, le document établit des priorités en matière d’accès au logement et d’accès à l’emploi, il prévoit une série d’engagements allant de la prévention du handicap jusqu’aux problématiques de fin de vie. Il répond surtout à l’une des principales missions de l’ANPH : adapter les structures administratives, les équipements et les aménagements aux besoins des personnes en situation de handicap.
L’agence peut compter sur son ancrage institutionnel et sur le soutien présidentiel pour sensibiliser les différents ministères concernés afin qu’ils intègrent cette stratégie dans leurs propres plans d’action.
À commencer par l’utilisation des outils numériques pour effectuer les démarches administratives. Déjà enregistrées dans l’inventaire des personnes vulnérables utilisé par le ministère des Affaires sociales, les personnes en situation de handicap devraient être parmi les premiers Djiboutiens à bénéficier des services de e-gouvernement, dont la mise en place est en cours.
Olivier Caslin / Source : Jeune Afrique