Le ministère des Affaires Sociales et des Solidarités (MASS) a réuni hier matin au palais du peuple les partenaires de la protection sociale. L’objectif étant de faire non seulement un bilan sur le suivi-évaluation concernant la réponse de la couverture sociale de la pandémie du COVID-19 mais de réaliser également les perspectifs de l’avenir en vue d’améliorer la stratégie de la protection sociale.

Outre les différentes calamités naturelles des années précédentes dues au changement climatique, comme le cyclone Sagar, les inondations de 2019, l’invasion des criquets pèlerins et la sécheresse,…etc, notre pays a cette année été fortement impacté à l’instar des autres pays du monde, par la pandémie du COVID-19. Cependant, les mesures de protection contre la propagation de cette pandémie, mise en place par notre gouvernement, ont engendré une crise économique qui a fortement impacté non seulement les citoyens en situation de précarité mais également les réfugiés et ceux exerçants des activités génératrices de revenus journaliers,  à savoir, les chauffeurs de Taxis et des Bus, les maçons, les gargotiers, les menuisiers, les petits détaillants, les vendeurs des boissons….etc.

Pour palier à cette problématique, le ministère des affaires sociales et des solidarités en collaboration avec ses partenaires de la protection sociale, a mis en place une véritable stratégie visant à ne mettre personne de côté. C’est ainsi que des vastes opérations de distribution de bons d’achats alimentaires et de distributions directes de vivres, ont été entrepris en vu d’aider ces différentes catégories de la population djiboutienne.

Dans le but de disposer non seulement d’un état des lieux en ce qui concerne les réponses sur la crise économique engendré par cette pandémie mais faire également les perspectifs de l’avenir dans ce domaine, le ministère des affaires sociales et des solidarités (MASS) a réuni hier au palais du peuple ses partenaires.

Les discussions lors de cette rencontre reposent sur 5 axes stratégiques parmi lesquels la Protection Sociale Adaptative en cas des crises exogènes et endogènes (catastrophes naturelles, crise sanitaire, etc ); la coordination et le suivi-évaluation ; l’identification des programmes/projets novateurs et pérennes : la plate-forme digitale collaborative de la protection sociale ; le Financement des programmes/projets de protection sociale  et l’innovations technologiques possibles dans la gestion des programmes de protection sociale.

A noter que les travaux du GPPS feront l’objet d’un rapport qui servira de référence pour la prochaine étape de renforcement du relèvement face à la crise du COVID19.

Présidé par la ministre de ce département, Mme Mouna Osman Aden, l’événement a réuni sur place, le ministre de l’économie et des Finances, Ilyas Moussa Dawaleh, le secrétaire général par intérim du ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale (MAECI), Yacin Houssein Doualeh qui représentait pour cette occasion son ministre de tutelle, la coordinatrice du système des nations Unies, Barbara Manzi, le représentante du PNUD, Fatima Elsheikh, sa collègue de l’UNICEF Melva Johnson, ceux du PAM et des autres organisations du monde comme la Banque Mondiale, la TIKA et la JIKA . La secrétaire générale du MASS, Ifrah Ali Ahmed, des hauts cadres des départements ministériels, comme le directeur général du département de la population et de la famille du ministère de l’intérieur Ahmed Omar Djama, le directeur des relations bilatérales du ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale, Guelleh Idriss Omar et des représentants de la société civile étaient également présent dans la salle du palais du peuple où se déroulait cette réunion.

Au fil de l’évènement…

Après la projection d’une vidéo relatant les réalisations du MASS sur les réponses du COVID-19, suivi d’une présentation du plan de riposte sociale contre cette pandémie, le secrétaire général par intérim du MAECI, Yacin Houssein Doualeh a lu le discours de son ministre de tutelle, M. Mahmoud Ali Youssouf qui a rappelé le premier forum sur le développement organisé en décembre 2015 par son département ministériel. «L’objectif a l’époque, était d’impulser des débats constructifs autours autour des priorités nationales de développement définies dans la Vision 2035 et de la coordination de l’aide pour la mise en œuvre du programme national de développement. Il était attendu de ce cadre de dialogue la facilitation de la mobilisation, de la coordination et de l’utilisation efficaces de l’aide extérieur au profit d’une croissance durable et inclusive dont les axes directeurs étaient définis dans la SCAPE» a-t-il ajouté avant de mettre en exergue les multiples mesures visant à contenir la propagation de l’épidémie, prises par le gouvernement de Djibouti.

Pour le ministre de l’économie et des finances, Ilyas Moussa Dawaleh qui l’a suivi, le modèle de coordination doit changer suivant trois volets. Il s’agit selon lui l’inclusion sociale et économique permettant aux djiboutiens de bénéficier des activités génératrices de revenus afin de les faire sortir de la précarité.

Pour clôturer cette série d’intervention, la ministre des affaires sociales et des solidarités Mouna Osman Aden a déclaré que la riposte à la pandémie du COVID-19, a permis à son département ministériel «de tester, en grandeur nature,  capacité à unir nos efforts.»

«Nous y avons relativement réussi au vu des résultats engrangés. C’est donc tout naturellement que nous nous proposons, aujourd’hui, de faire le point de notre stratégie de riposte et de construire sur ses aspects les plus réussis pour envisager l’avenir» a-t-elle ajouté.

Par la suite, les cadres du MASS ont présenté aux participants la stratégie de sortie de la pauvreté et la plateforme numérique de communication et de coordination des programmes et des projets de la protection sociale entrepris par leur ministère.

Les représentants des organisations onusiennes et le représentant de la Banque Mondiale Boubacar-Sid Barry, (qui a participé à cette rencontre par Vidéoconférence,) ont tour à tour félicité le MASS quant à la transparence des actions misent en œuvre dans le cadre des aides à la population impactées par le COVID-19 et se sont engagé à soutenir le gouvernement djiboutien dans ses actions de protection sociale.

A l’issue de cette réunion, les participants ont visité sur le hall à l’entrée de la salle de conférence du palais du peuple, des stands mettant en valeurs la chaine de distribution des coupons alimentaires réalisée par le MASS à commencer par le processus d’imprimer les vouchers, passant par leurs distributions par les agents du MASS jusqu’à la réception des vivres chez les fournisseurs.

Rachid Bayleh

Le point avec… Mouna Osman Aden Ministre des Affaires Sociales et des Solidarités

«Les ménages bénéficiaires de l’assistance de l’Etat se sont ainsi élevés à 75 000 ménages, dont 15 000 issus des régions de l’intérieur»

«Dès le début, nous étions habités par l’objectif stratégique d’éviter une dégringolade sociale générale en œuvrant à maintenir le niveau des ménages bénéficiaires de l’assistance régulière de l’Etat tout en faisant face aux problèmes de ceux qui courent le risque de perdre leurs revenus et en cherchant à endiguer l’avancée de l’informalité. Dans ce cadre, trois objectifs spécifiques ont été recherchés :

• Assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des catégories les plus vulnérables de la population.

• Soutenir les activités économiques impactées par la pandémie : activités génératrices de revenus, coopératives, petit entrepreneuriat, etc.

• Réaliser des évaluations d’impact et des études pour capter la population impactée par le Covid19 y compris les réfugiés et les migrants.

Le fait de disposer d’un système de ciblage performant s’avère être d’une importance cruciale dans ce genre de contexte afin d’accélérer la prise de décisions et agir avec équité. L’un des premiers atouts dont nous disposons justement à ce niveau est le programme national de solidarité famille (PNSF), qui est le seul programme de transfert monétaire et l’un des programmes sociaux les plus étendus en termes de populations couvertes et de diffusion géographique.  Ainsi, les ménages considérés les plus pauvres du pays et couverts par ce programme ont continué à bénéficier des allocations qui leur étaient versées auparavant. Le second atout dont nous disposons dans le choix des ménages les plus exposés au COVID-19 est le Registre Social. De cette plate-forme ont été extraits les ménages, autres que ceux bénéficiant du PNSF, appelés à recevoir l’assistance anti-pandémie. D’autres ménages choisis sur la base d’un ciblage communautaire sont venus s’ajouter à ces derniers ménages, et l’ensemble des bénéficiaires s’est ainsi élevé à 75 000 ménages, dont 15 000 issus des régions de l’intérieur.

En plus de ces deux approches, le ministère des Affaires Sociales et des Solidarités a recueilli :

–  Les résultats d’un travail d’identification, effectué par l’Agence Nationale des Personnes Handicapées, sur les personnes à besoins spéciaux afin d’assurer leur assistance.

–   Des données sur les autres groupes vulnérables ciblés : les personnes âgées, les personnes vivant avec le VIH, les réfugiés et les migrants.

Permettez-moi, ici, de souligner que le résultat final a été obtenu grâce à la mobilisation de 150 travailleurs sociaux et 12 guichets sociaux répartis sur tout le territoire, l’intervention des ministères de la Santé, de l’Intérieur, du Budget, du Secrétariat d’Etat chargé de la Décentralisation et des autorités régionales et locales. Bien évidemment, vous tous, ici présents, représentants du système des Nations Unies, ONG et représentants de la société civile, vous aviez participé à cet effort commun et continué de le faire. D’ailleurs, je vous en remercie vivement. Il ne fait aucun doute que nous sommes parvenus, jusqu’ici, à contenir les effets déstabilisants de la pandémie notamment au niveau de la satisfaction des besoins alimentaires réalisée grâce à la distribution de bons ou d’allocations monétaires ou de produits en nature, effort auquel ont été associés 35 magasins se trouvant à proximité des ménages bénéficiaires. Nous demeurons cependant un peu moins optimistes quant à notre capacité à favoriser la mise en place rapide d’activités génératrices de revenus au profit de ceux qui, en cessation d’activité, ont perdu leurs emplois.

Il nous faut convenir, en effet, que malgré nos efforts, l’implantation des projets d’AGR soumis aux bailleurs de fonds nous a paru prendre un temps administratif relativement long par rapport au temps social inscrit plutôt dans une logique d’urgence. A situation exceptionnelle, ne faut-il pas une réactivité exceptionnelle. Agir avec diligence à ce niveau permettra certainement de juguler les effets de privation d’emploi au court terme et même à moyen terme en cas d’un rebond éventuel de la pandémie. Je me dois ici de rappeler que nous avions convenu avec nos partenaires techniques et financiers, après l’adoption de la stratégie nationale de protection sociale, de préférer les solutions durables qui favorisent une meilleure résilience aux chocs et crises. Ces solutions sont à rechercher dans l’investissement sur l’autonomisation des ménages, mais de préférence en abrégeant le temps de la concrétisation.

En outre, et puisqu’il est communément admis qu’il nous faut désormais coexister avec le Covid19, il nous faut donc travailler sur la continuité des initiatives déjà mises en œuvre afin de prémunir les populations exposées contre les risques de déficit alimentaire tout en leur permettant de développer leurs propres projets de résilience. La création des synergies entre institutionnels ou avec d’autres partenaires est connue pour être une source d’accélération dans la réalisation des projets. Mais force est de reconnaitre qu’en temps de pandémie, l’adoption des TIC s’est avérée être un autre facteur de rapidité dans l’échange et la coordination. Sur cette base, je vous proposerais de bien vouloir réfléchir au montage d’une plate-forme numérique collaborative dédiée au GPPS qui donnerait une cartographie des projets de protection sociale. Cette réalisation permettra de communiquer sur l’existant, d’éliminer les doubles emplois et les gaspillages financiers. Tous les institutionnels, les partenaires techniques et financiers, les ONG et les associations seront invités à y participer selon une approche à définir d’un commun accord».