Technicien supérieur (Construction générale et génie Civil), Suno Suljic Hamza, est originaire de Bosnie, (Europe). Arrivé à Djibouti en septembre 1983, dans le cadre d’un séjour de travail d’un an au sein d’une entreprise de construction, Suno est tombé amoureux de notre pays et ne l’a plus quitté depuis. Entrepreneur très actif et travailleur acharné, il a durant son séjour formé volontairement dans les divers domaines de la construction plus d’un millier de jeunes du pays. Marié avec une Djiboutienne, il parle plusieurs langues y compris Français et les trois langues locales. Naturalisé en 2010, Suno Suljic est actuellement père de 5 enfants dont deux adoptés.  Rencontre avec cet homme qui se sent aujourd’hui plutôt djiboutien que Bosniaque.

Terre de rencontre et d’échange, la république de Djibouti, située sur l’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, au carrefour entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe, a toujours été, grâce à sa stabilité politique, sa diversité culturelle et les opportunités économique qui s’y développent, un havre de paix pour des milliers d’étrangers, venus du continent africain mais également d’Europe. Cependant, si une grande majorité de ces immigrés représentent un fardeau pour l’économie de notre pays, certains contribuent à son développement sociaux-économique, culturelle en partageant leurs savoir faire avec les jeunes en quête d’emploi.

Suno Suljic Hamza est de cette dernière catégorie. Originaire de Bosnie, (Europe), Suno alors Technicien supérieur en bâtiment et infrastructure, est embauché par une entreprise Italien en 1980, dénommée ‘‘ADRIA Construction’’. Cette dernière, spécialisée dans le domaine de la construction a obtenu un contrat de construction d’un hangar pour la société SOGIK. C’est ainsi que Suno Suljic, à la tête d’une équipe de cette entreprise, arrive à Djibouti le 29 septembre 1983 pour un contrat d’une année.

«Après mes études et mon service militaire dans Ex- Yougoslavie, j’ai trouvé un emploi dans une entreprise Italienne ‘‘ADRIA Construction’’. Je suis venu à Djibouti en 1983 pour le montage  d’un hangar appartenant à la société SOGIK» nous dit-il en souriant.

En tant que chef de projet, l’homme commence à se familiariser avec les jeunes ouvriers djiboutiens. «A l’époque, comme la majorité de ces jeunes étaient issue de famille vulnérable, avec une nécessitée des employés qualifiés, je leurs proposais s’ils voulaient devenir des ouvriers spécialisés. C’est ainsi que j’ai commencé (à faire apprendre les divers métiers) à former des jeunes dans les domaines de sécurité de la site, de la peinture, de la maçonnerie, de la menuiserie, du carrelage, de la soudure, de la charpenterie, de l’électricité, de la plomberie et de la ferronnerie…etc. Je leurs ai également appris l’utilisation des divers machines et les équipements du site, à conduire les engins du chantier, comme les tracteurs, les brouettes mécaniques,  mais à se familiariser» se rappelle-t-il.

Aventurier plein d’ambition, il décide de ne plus repartir de Djibouti à la fin de son contrat et par la suite, il trouve des emplois dans divers projets réalisés à Djibouti, notamment celui de la route de l’Unité qui est sa grande fierté, en assurant plusieurs services au sein de ce projet (Coordinateur, traducteur, fournisseur des services).

Travailleur très actif, il est engagé, par la suite, par plusieurs entreprises de constructions à  titre de consultant et fournisseur des services, il participe aux travaux d’étude et à la réalisation des plans de divers infrastructures nationales.  Il multiplie par la suite les contrats de construction et a actuellement à  son actif une centaine de bâtiments et des infrastructures construites à Djibouti ville et dans les régions de l’intérieur.

«Je me  suis marié en 2008, avec une Djiboutienne qui m’a donné 3 enfants et en même temps adoptés deux autres. En tant que Technicien supérieur et chef du projet, sur contrat ou associés avec diverses entreprises, j’ai construit ou réhabilité plusieurs infrastructures et bâtiments sur tout le territoire de Djibouti, aussi au centre ville, comme celui de la banque ICB, la pharmacie, etc.…» ajoute-t-il.

Et de poursuivre avec une modestie et sérénité dans ses propos ;  «Je suis fier aujourd’hui, d’être djiboutien d’abord, et d’avoir (fait apprendre des métiers) formé plusieurs générations de jeunes Djiboutiens pendant 37 ans ; tant d’années de mes activités sur différents projes. J’ai formé des mâcons, carreleurs, conducteurs, ferrailleurs, soudeurs, électriciens, plombiers, agents de sécurité, menuiseries, peintre, chef des équipes, chef des chantiers et divers autres métiers, qui améliore la vie de nos citoyens et travailleurs dans la construction.

Certains de ces ouvriers formés sont devenus spécialistes, chefs de chantier reconnus, certains même sont devenus des entrepreneurs, d’autres  ont fondé leur famille grâce à ces apprentissages et les formations,  ils ont tout simplement amélioré leur vie».

«Ce sont des simples apprentissages de divers métiers en formations directe sur le chantier où un jeune demain pourra trouver du travail autre que main œuvre et améliore sa vie en gagnant un peu plus. Il n’y a rien de plus précieux au monde que de donner à une personne un savoir-faire qui permettrait d’améliorer ses conditions de vie.»

La générosité brille de ses yeux, il nous avait répété avec une  gentillesse désarmante et une grande sérénité ; «je suis là, un citoyen comme les autres, j’essaie de faire ma vie normalement, construire, bâtir, c’est mon métier, et si au cours de mes activités professionnelles, je peux donner un métier à un de mes concitoyens je le ferai sans hésiter, et je l’avais toujours fait».

En l’effet l’homme est connu par tous nos citoyens par ses expériences, modestie, professionnalisme, esprit ouvert et simplicité, mais surtout sa générosité n’a pas de limite, il est prêt de venir en aide à n’importe lequel  de nos citoyens.

Selon différentes informations que ses employés nous ont fournies lors de notre rencontre, Suno a durant les 37 ans de sa carrières de techniciens supérieur en génie civil sous nos cieux formé plus de 1500 jeunes dans les divers domaines de la construction.

«Je suis tout simplement Djiboutien, je suis là et je resterai avec mes frères et sœurs car Djibouti m’a tout donnée» a-t-il affirmé.

Sirotant sa tasse de café à l’ombre de l’hôtel ‘‘Ali Sabieh’’ Suno Suljic Hamza a actuellement dans la tête, la création d’une société et de la réalisation de projet qui lui tient à cœur: Celui de construire un centre des apprentissages et de formation d’une capacité de 200 à 300 jeunes, à l’extérieur de la ville.

«Je suis en quête d’un généreux preneur pour financer ce projet» nous dit-il. Ce sexagénaire est certes un exemple d’intégration réussie à Djibouti.

Rachid Bayleh