Un atelier régional sur la mise en place d’actions anticipatoires de la sécheresse pour la sécurité alimentaire dans le cadre du projet de Financement basé sur les Prévisions (FbP) dans les régions d’Ali-Sabieh et de Dikhil a eu lieu mardi dernier  au siège du conseil régional d’Aska-ville.

Celui-ci a regroupé des agropasteurs, des élus locaux, des spécialistes de la santé publique, des agents des organisations humanitaires onusiennes opérant dans les camps des réfugiés, des représentants issus des zones rurales et des membres des préfectures des régions du sud.

La cérémonie de lancement de cet atelier de réflexions et de propositions de solutions ou d’actions anticipatoires dans le but de prévenir les effets néfastes de la sècheresse sur le cheptel et les populations des zones de brousse a vu la présence du président du conseil régional, Omar Ahmed Waïs, du préfet-Adjoint, Omar Idriss Sougueh et d’un consultant du Programme Alimentaire Mondial (PAM), Mamadou Dramé.

Le chef de l’instance régionale de la décentralisation a souhaité la bienvenue à tous les participants et surtout ceux venus de la région voisine de Dikhil à Ali-Sabieh. C’est un atelier important qui a pour thème une calamité naturelle récurrente, la sècheresse qui fait souffrir énormément les éleveurs et les agriculteurs dans nos régions. Face à ce phénomène décimant le cheptel, source de vie des nomades, il est pragmatique de développer des aptitudes de résilience d’adaptation. Le consultant du PAM a remercié les autorités de la région pour leur présence dans cet atelier.

Pour sa part, le représentant de la préfecture a souligné l’importance du thème de l’atelier, recherche des solutions anticipatoires face aux conséquences de la sècheresse, et exhorté les participants à s’imprégner sérieusement du sujet.

Sachant que cet atelier régional initié par le Ministère de l’agriculture  est organisé en étroite collaboration avec le programme alimentaire mondial (PAM), l’agence nationale de la météorologie de Djibouti (ANMD), l’organisation mondiale pour l’agriculture, la FAO, et le programme des nations unies pour le développement (PNUD).

Il a bénéficié de l’appui financier  de DANIDA (Danich International Development Agency) ou l’Agence International de Développement du Danemark) et technique du PAM.

Les objectifs poursuivis  à travers les enseignements de ce rassemblement sont identifiés comme les impacts prioritaires de la sécheresse tout en énumérant des actions anticipatoires pour limiter les conséquences du manque de pluies sur la production des agriculteurs et la vie des habitants  de la brousse.

La pénurie d’eau, la réduction des zones de pâturage, la perte et la réduction végétale et animale et l’apparition des maladies animales et humaines opportunistes s’avèrent les conséquences découlant d’une sécheresse persistance résultat  elle-même de l’absence longue des précipitations dans le pays.

La production agricole de Djibouti ne couvre que 10% des besoins nationaux à Djibouti. Le bétail qui est l’un des principaux moyens de subsistance dans les zones rurales est très vulnérable face aux sècheresses récurrentes. Ces ressources naturelles qui contribuent aux moyens de subsistance de cette population sont en état de dégradation avancée sous les effets combinés des actions anthropiques et du changement climatique (irrégularité des précipitations, élévation de la température et de l’évaporation, la baisse de l’humidité du sol). Les risques climatiques (sècheresses ou inondations), de plus en plus répétitives ont eu des graves conséquences sur l’agriculture et le bétail ; et la vie des populations en dépend. Les crises alimentaires sont alors devenues itératives, plongeant les populations dans une situation d’extrême vulnérabilité. Ainsi, l’insécurité alimentaire chronique (IPC, décembre 2018) estimant qu’environ 280 000 personnes sont catégorisées comme étant en situation d’insécurité alimentaire chronique, touchant approximativement un tiers de la  population du pays.

En raison de leurs impacts sur la sécurité alimentaire sur les revenus des populations, le  Programme Alimentaire Monial (PAM) porte une attention particulière à la gestion des risques climatiques. Dans ce cadre, le PAM met en œuvre un paquet intégré d’activités  notamment à travers la sensibilisation et le renforcement des capacités à tous les niveaux, la diversification des revenus, la réhabilitation et la mise en valeur des terres dégradées, la construction des biens communautaires et l’amélioration de la production agricole, amélioration des systèmes d’alerte précoce existants : mais également la mise à l’essaie de nouveaux outils et services tels que l’assurance et les système de prévisions climatiques fiables pour la mise en place d’actions anticipatoires comme le FbF.

A Djibouti, le PAM en partenariat avec l’Agence Nationale de la Météorologie (ANMD) prévoient de mettre en place un système de prévisions saisonnières adapté, afin de déclencher des actions anticipatoires de la sécheresse dans le cadre de la sécurité alimentaire. Pour opérationnaliser cet outil, le PAM a reçu une subvention de l’agence Danoise DANIDA, en vue de son intégration dans les processus décisionnels nationaux.

L’objectif principal des activités FbF est de renforcer les capacités d’adaptation des communautés vunérables contre les effets de la sècheresse. Le projet y parviendra en renforçant les capacités et les systèmes de gestion des risques climatiques sur la génération, l’utilisation et l’intégration des prévisions climatiques et de déclencheurs dans les procédures Opérationnelles Standardisées (SOP), en vue d’une action rapide contre la sècheresse agricole. Les activités prévues dans le cadre de ce projet renforceront les capacités du Gouvernement Djiboutien, en vue d’appuyer la planification et la prise de décision aux niveaux national et sous-national en matière de préparation, d’action rapide et de gestion des risques climatiques afin de réduire la vulnérabilité de la sécurité alimentaire et des moyens de subsistance des petits exploitants agricoles et des éleveurs face au changement climatique. Pour cela, le PAM a réalisé une étude préliminaire comportant des analyses historiques de la sècheresse (climatique), de la sécurité alimentaire, des routes des migrants du bétail et de la disponibilité des ressources en eau à Djibouti.

Ce premier travail a été validé lors de l’atelier de lancement le 25 Mai dernier. Par conséquent, les zones cibles pour tester le projet ont été identifiées en accord avec toutes les parties prenantes. Dans le sud du pays, les régions d’Ali-Sabieh et de Dikhil ont été retenues pour l’implémentation du projet.

Les analyses des cartes géographiques sur les précipitations au cours des différentes saisons et sur les périodes de sècheresses répétitives des vingt dernières années des deux régions du sud ont fait ressortit le constat suivant.

En effet, d’août à octobre (en relation avec la saison pluviale juillet-août), le bétail migre vers l’intérieur des terres dans la région de Dikhil qui est également la plus arrosée du pays. Cependant, la région d’Ali-Sabieh est plutôt concernée par les pluies côtières qui s’étendent d’octobre à février. Durant cette période, le bétail migre des zones centrales vers la plaine côtière incluant la région d’Ali-Sabieh et cela jusqu’au mois d’Avril. Comme presque toutes les régions du pays, l’analyse de l’insécurité alimentaire montre une grave insécurité alimentaire et la situation durant l’année en cours pourraient connaitre une situation de crise. Dans le sud, l’exposition au risque de chocs naturels et la récurrence de l’insécurité alimentaire sont élevées ces dernières années.

Après des  discussions fructueuses entre les participants de l’atelier régional d’Ali-Sabieh ont été identifiées toute une panoplie d’actions anticipatoires adaptées en cas de prévision d’une sècheresse dans les régions du sud (Dikhil et Ali-Sabieh) et bien adaptées à chacune d’elle.

ALI LADIEH