Bilan : au moins 58 morts selon l’OIM

Le personnel de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), basé à Obock, sur la côte de Djibouti bordant la mer Rouge, rapporte, mercredi 30 janvier 2019, que 16 rescapés ont été secourus de la tragédie en mer qui est survenue la veille, mardi 29 janvier 2019.

Dans l’après midi du vendredi 1er février, l’équipe de l’OIM a appris que les corps de 58 victimes ont été découverts – trois hommes et deux femmes retrouvés mardi et 47 autres mercredi.

Selon l’OIM, la tragédie s’est produite au large de Godoria, une localité située dans la région d’Obock, au nord-est de Djibouti. Les témoignages recueillis sur place ont fait état du départ de  que deux embarcations yéménites de Godoria aux premières heures matinales du mardi 29 janvier vers 5h30.

Les causes du naufrage, survenu trente minutes plus tard,  seraient la surcharge des passagers à bord des deux embarcations, et la forte houle.

Après avoir été alertée par des habitants, une équipe de gendarmerie, déployée près du lieu signalé de la tragédie, a découvert deux survivants mercredi, dont un jeune homme de

18 ans qui aurait embarqué à bord d’un bateau transportant quelque 130 personnes. « Ce tragique événement montre les risques auxquels sont confrontés les migrants vulnérables qui recherchent innocemment une vie meilleure », a déclaré la cheffe de mission de l’OIM à Djibouti, Lalini Veerassamy. « Le gouvernement djiboutien a toujours fait preuve d’empathie et de leadership régional sur ce problème crucial. Nous continuerons à l’aider en vue de prévenir de telles tragédies et de protéger la vie des migrants », a-t-elle ajouté.

Djibouti, une destination de transit pour les migrants. A noter que l’OIM gère un centre de ressources pour migrants (CRM) à Obock, où des centaines de migrants qui font route vers le Yémen reçoivent chaque année une aide s’ils choisissent d’être rapatriés vers leur pays d’origine dans le cadre d’un programme de retour volontaire mené à bien par l’OIM. Plus de 500 migrants se trouvent actuellement au CRM. Le personnel présent vient en aide aux rescapés de la tragédie de mardi et apporte son soutien aux autorités de Djibouti qui continuent de patrouiller le long de la côte à la recherche d’autres survivants.

Le Projet de l’OIM sur les migrants disparus (MMP), basé à Berlin, a publié, vendredi, des données indiquant qu’au moins 199 noyades ont été confirmées au large des côtes d’Obock, à Djibouti, depuis 2014. Le MMP dispose de données sur trois importants naufrages en provenance d’Obock, avant la tragédie d’hier. En 2014, un naufrage avait été enregistré fin février, faisant 17 morts ou disparus. Un autre à la mi-novembre avait fait 30 morts ou disparus. Deux autres tragédies avaient eu lieu en 2016, 10 morts le 5 octobre et 14 morts le 21 octobre, faisant au total 71 morts au large de Djibouti avant le naufrage d’hier, qui aurait provoqué 128 nouveaux décès d’après le MMP.

Le MMP a également recensé d’autres tragédies en mer le long de l’itinéraire reliant la corne de l’Afrique au Yémen, un peu plus au large d’Obock même. Selon le MMP, ces décès supplémentaires se comptent par centaines.

Par ailleurs, le détroit de Bab al-Mandeb, qui sépare Djibouti du Yémen, a la particularité de voir des bateaux de migrants passer dans les deux sens. Il y a d’abord les civils fuyant la guerre au Yémen et qui croisent aussi des bateaux remplis de migrants et réfugiés originaires de la Corne de l’Afrique en quête d’un avenir meilleur dans la péninsule Arabique.

Situé face au Yémen ravagé par la guerre, près de la Somalie instable et de l’Ethiopie, Djibouti est devenu ces dernières années un point de transit pour les migrants en quête d’un travail dans la péninsule arabique. Situé à la croisée de deux continents, le Yémen est historiquement un pays d’origine, de transit et de destination pour les migrants. En 2018, l’OIM estimait que plus de 90% des migrants sont des ressortissants éthiopiens, les 8% restant étant des Somaliens.

Les migrants, qui arrivent au Yémen, voyagent d’abord par la route, principalement par Djibouti, puis entreprennent un dangereux périple par bateau à travers le Golfe d’Aden en direction du Yémen, aujourd’hui l’un des itinéraires migratoires maritimes les plus empruntés du monde. Un nombre plus faible d’entre eux partent des côtes somaliennes.

Ces deux itinéraires sont aussi ceux qui voient traverser le plus de « jeunes », puisque les mineurs représentent environ 20% des migrants. Bon nombre de ces jeunes vulnérables sont non accompagnés, selon l’OIM.

Sources : OIM, ADI