Selon une légende amérindienne, «un jour, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre qui s’étendait sous leurs yeux. Seul un petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes d’eau avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, l’éléphant, agacé par cette agitation qui lui semblait dérisoire, lui dit :

« Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec tes gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! ». Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »

On peut tirer beaucoup d’enseignement de cette légende qui représente une bonne métaphore pour nous inviter, tout un chacun, à contribuer à l’amélioration de nos conditions de vie dans ce monde affronté à des multiples problèmes. Si seulement chacun faisait sa part et du mieux qu’il le peut, à l’instar de ce tout petit oiseau?

Malheureusement, force est de constater qu’il n’en est pas le cas, quand on observe les tristes réalités qui prennent corps dans notre monde, les problématiques qui affectent quotidiennement nos sociétés, les relations de l’Homme à la Nature, les relations de l’Homme à l’Homme, toutes ces stupidités dont les hommes sont responsables, à l’instar du réchauffement climatique et de ses conséquences, les catastrophes naturelles, la pauvreté et la faim, les rivalités politiques, idéologiques, tribales, nationalistes etc.

S’il est vrai que,  comme le disait Rousseau, «l’homme naît libre mais vit dans les fers », il n’en est pas moins vrai que ce dernier soit le véritable responsable de ses maux. En effet, notre planète continue d’être enflammée par des hommes qui ne respectent ni la nature, ni les animaux et qui ont même oublié qu’ils font partie de la nature. Les violences territoriales, culturelles ou religieuses qui mettent les uns contre les autres ne cessent de s’amplifier. Nous assistons à une formation de communautarisme, un repli des communautés sur elles-mêmes, alimentée par la peur de l’autre, la peur des autres races, des autres cultures, des autres ethnies ou des autres religions. L’autre est perçu comme étant celui qui désire me prendre ma terre et mes biens. Les pratiques qui mettent en danger la biodiversité ne cessent de gagner du terrain de jour en jour. Comme l’a affirmé, un certain philosophe, s’il est vrai qu’aujourd’hui, l’homme dispose de beaucoup d’aptitudes et qu’il est capable de réaliser des miracles, grâce à la révolution technologique, il n’en est pas pour autant intelligent.  Si c’était le cas, notre intelligence servirait à nous rendre la vie plus agréable et à nous rendre tous heureux, dit-il. Ce ne sont pas les moyens qui lui font défaut mais bien la volonté ! Il parait totalement absurde que certains continuent à gaspiller l’eau et la nourriture, tout en sachant que leurs congénères souffrent et meurent de faim et de soif. Il est d’autant plus aberrant de dépenser tant d’argent pour fabriquer des armes d’autodestruction pour s’entretuer, comme si l’on travaillait pour la destruction de ce monde. Ainsi, la science, censée contribuer à l’évolution de l’homme entraine plutôt sa régression. Cette situation s’explique pour une bonne part, par l’esprit de compétition inculqué par le capitalisme. Parce que l’homme a peur face à la compétitivité dans lequel il est placé. La peur suscitée par cette division fait qu’on ne regarde pas l’autre comme un partenaire mais plutôt comme un adversaire. Déjà tout petit, les enfants sont mis, à l’école, dans des conditions de compétition : il faut être le premier, être le meilleur et écraser ou dominer les autres. D’où l’angoisse de ne pas réussir, la vision de l’autre comme étant l’antagoniste, et on est mal-parti.

Devons-nous rester aveugles et indifférents face à cette situation dans laquelle les valeurs classiques tels que l’esprit chevaleresque, l’honneur, la dignité, aider ses prochains, aider les plus faibles, préserver la nature, etc, semble disparue. 

Certes, il y a quelques héros et visionnaires, à linstar des écologistes, qui se démènent pour conscientiser l’opinion internationale sur ces nombreux maux qui menacent notre planète. Mais, l’immense majorité brille par sa passivité. Nombreux sont ceux qui pensent que le réalisme exclut l’utopie et qu’il consiste dans l’acceptation de la réalité.

D’autres, dans la même logique des choses, éprouvent le sentiment de ne pouvoir rien faire, parce que la tâche serait trop ardue, face à la majorité ou aux lobbys trop forts, etc.

Ainsi, telles les goutes d’eau du colibri qui n’ont aucun impact sur l’incendie de la forêt, les combats, certes non négligeables, menés par cette toute petite minorité, restent de toute évidence, insuffisants pour ne pas dire vains, pour freiner les agressions humaines contre notre belle nature et contre leurs semblables.

Selon Eileen Caddy, « le secret pour que quelque chose marche dans notre vie, c’est avant tout de désirer profondément qu’il en soit ainsi ; de croire avec foi que cela peut marcher ; d’en garder en toutes circonstances une conscience claire et de suivre avec attention les étapes successives de cette réussite, sans laisser la moindre place à l’incertitude ou au doute ». 

Il est donc plus que jamais indispensable que chacun assume ses responsabilités, en tant que citoyen de la planète ; que les humains prennent conscience de leur inconscience et qu’enfin, cette indifférence de masse cesse.

Il est temps de prendre conscience de la nécessité impérieuse d’établir une paix durable dans le monde. Nous devons nous inspirer de cette légende et devenir tous ce colibri en nous demandant ce que nous pouvons faire compte tenu de qui nous sommes, chacun à son niveau, en fonction de ce qu’il sait faire et les moyens dont il dispose. Le plus petit peut faire beaucoup !

Il est temps d’agir pour contribuer à rendre notre monde meilleur. Le sentiment d’impuissance disparaît quand on agit et qu’on s’allie avec les autres. La société civile est appelée à prendre conscience du pouvoir qu’elle a et à l’exercer. Là, nous pourrons représenter une force qui peut participer au changement de l’humanité. Nous sommes appelés à nous réunir sur notre conscience, l’humanisme, la vie, l’universalisme, la promotion des valeurs universelles tels que les droits de l’homme, la liberté, l’égalité, la solidarité, la diversité, le respect de la nature et la responsabilité conjointe de chacun. La confiance vient par les gestes. Au lieu de continuer à nous entretuer, nous devons nous concentrer sur l’essentiel, résoudre les problèmes réels, comme la pauvreté, le changement climatique et les maladies.

Nous devons prendre conscience de l’importance de la paix et militer pour la préservation des valeurs tels que la fraternité, la solidarité et le vivre ensemble, comme nous devons militer pour sauver les espèces animales et végétales qui sont en disparition ou planter des arbres pour rendre notre climat plus agréable.

HA