Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Dr Nabil Mohamed Ahmed, l’Ambassadeur de France à Djibouti, Arnaud Guillois et la cheffe de la mission archéologique franco-djiboutienne, Mme Jessie Cauliez, ont signé hier une convention de partenariat qui définit le cadre juridique, institutionnel et scientifique de la coopération entre Djibouti et la France en matière de recherche archéologique.
« Nous sommes particulièrement ravis et enchantés de la formalisation du cadre de partenariat entre Djibouti et la France en matière de recherches archéologiques à travers cette convention qui va lier des institutions de recherches scientifiques de Djibouti et de France » s’est réjoui le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Dr Nabil Mohamed Ahmed, au moment de signer les documents de la convention partenariale.
Une satisfaction partagée par l’Ambassadeur de France à Djibouti, Arnaud Guillois, qui a salué une collaboration de quarante ans entre les équipes de recherche archéologique et historiques de Djibouti et de France. Il faut dire que ces quarante années de collaboration entre l’équipe d’archéologues français et l’institut de Recherches Archéologiques et Historiques du CERD viennent d’être gravées dans le marbre avec la publication d’une œuvre magistrale intitulée « Des paysages et des Hommes. Regard sur le patrimoine archéologique du Lac Abhé ».
La cheffe de la mission archéologique franco-djiboutienne, Mme Jessie Cauliez, a surtout mis en lumière, les 200 pages de ce beau livre d’archéologie et d’histoire, richement illustré, qui est le fruit du travail de plus de 30 chercheurs français et djiboutiens, membres du programme de recherche conjoint entre les deux pays, et préfacé par l’éminent professeur Yves Coppens.
Ce beau livre fera d’ailleurs l’objet d’une présentation et d’une conférence animée par le Dr Xavier Gutherz, qui dirigea la mission de recherche archéologique Franco-Djiboutienne, juste avant Mme Cauliez.
Plus généralement, ce cadre partenarial formalise une coopération ancienne en matière de recherche archéologique qui trouve ses racines dans les aubes naissantes de la République de Djibouti. Il faut à cet effet, rendre hommage, au Dr Anis Abdallah Kamra, qui dès 1982 avait demandé à deux archéologues français, Jean Chavaillon et Roger Joussaume de venir évaluer le potentiel archéologique de Djibouti.
La convention de partenariat permet de formaliser et d’élever le niveau de collaboration entre le CERD, l’IRAH, le Centre national de la Recherche Scientifique, l’université de Toulouse 2 Jean Jaurès.
Elle dessine également les contours de la collaboration scientifiques entre l’IRAH et le laboratoire TRACES (Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés) autour du projet commun d’étude des « conditions environnementales et des dynamiques de peuplement dans la Corne d’Afrique durant l’Holocène. Emergence et consolidation des Premières sociétés de Production en République de Djibouti ».
Mieux encore, le nouveau partenariat fixe les termes de la diffusion et de la publication des travaux ainsi que les recherches de terrain, la constitution des cartes archéologiques et de l’archéologie préventive avec celui des échanges d’expertise pour la mise en place d’un cadre législatif et réglementaire pour l’archéologie en République de Djibouti.
Par ailleurs, la convention aborde le volet de la formation scientifique qui permettra à de jeunes chercheurs de l’IRAH de pouvoir suivre des stages de formation et des opérations archéologiques en France.
Elle aborde aussi le retour des objets archéologiques étudiés dans les laboratoires en France depuis plusieurs années, regroupés à la maison de recherche à Toulouse.
Ils ont dit
Dr Nabil Mohamed Ahmed
Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
« Nous sommes très touchés par le dernier message du président Emmanuel Macron au président de la République de Djibouti, à la suite de sa brillante réélection, et qui affiche de manière très marquée la volonté de la France d’être aux côtés de Djibouti dans sa dynamique de développement économique et de progrès social. La conclusion des quarante années de recherche et d’études archéologiques et scientifiques c’est que des hommes et des femmes ont mis à profit leurs volonté et leurs compétences pour faire valoir et exposer la richesse d’une préhistoire dont les traces sont très présentes dans cette partie du monde. C’est donc tout un pan du patrimoine humain qui est logé dans les grottes et les grands espaces de notre pays. C’est aussi l’occasion de revisiter les modes de vie, la culture et les connaissances mais aussi les capacités d’adaptation et de résilience ainsi que aussi les mouvements migratoires de nos aïeux qui ont peuplé ces terres hostiles et farouches aux aurores de la vie humaine. La convention de partenariat que nous venons de signer donne les outils pour une collaboration accrue et un renforcement de la recherche archéologique et scientifique dans notre pays. Cette convention mais aussi le livre ouvre des opportunités nouvelles et permettent de mieux faire connaitre le passé glorieux de notre pays. C’est pour moi l’occasion d’évoquer le projet d’observatoire sur les changements climatiques globaux qui sera mis en place dans notre pays. Une conférence sur le climat aura même lieux avec l’Institut de Recherche et de Développement français et d’autres maisons de recherche française. J’espère que demain nous pourrons regarder l’avenir en disant que nous avons contribué à notre modeste échelle à faire connaitre la préhistoire, l’histoire afin de mieux préparer l’avenir ».
Arnaud Guillois
Ambassadeur de France à Djibouti
« Si notre coopération est féconde, il est souhaitable qu’elle soit formalisée par une convention permettant d’en définir le cadre juridique, institutionnel et scientifique. A cet égard, je partage pleinement cet enjeu soutenu par le Directeur de l’IRAH et me félicite d’être associé à ce jour à la signature d’une convention aussi importante. (…) Aujourd’hui, est lancé un deuxième livre « Des paysages et des Hommes ». Ce livre, qui se veut scientifique et pédagogique, repose sur la fouille et l’étude de plusieurs autres sites contemporains d’Asa Koma. Il permet de comprendre les circonstances dans lesquelles les dernières populations de chasseurs-cueilleurs-pêcheurs des abords du lac Abhé sont devenues, il y a près de 5000 ans, des éleveurs de bétails. Les disciplines exposées, de même que les méthodes d’études qui concourent à faire suivre ces temps très anciens nous ramènent à un sujet actuel, celui de l’adaptation aux changements climatiques. Les travaux exposés démontrent comment les sociétés humaines ont su faire preuve à la fois d’inventivité et de résilience pour s’adapter aux changements que leur a imposée cette succession de phases humides, au cours desquelles le lac a pu s’étendre sur plus de 6000 km2, et de phases arides dont la dernière se poursuit sous nos yeux.
Jessie Cauliez
Cheffe de la mission archéologique
franco-djiboutienne
« En tant que cheffe de la mission archéologique franco-djiboutienne PSPCA (Premières Sociétés de Production dans la Corne de l’Afrique, mission du ministère français de l’Europe et des Affaires Etrangères et de l’Institut de Recherches Archéologiques Historiques de Djibouti, c’est un véritable plaisir et un grand honneur pour moi aujourd’hui de voir se concrétiser plusieurs actions à visées scientifiques, conservatoires, patrimoniales et de médiation. Nous célébrons la signature d’une convention qui lie au CERD, l’IRAH, pour au moins quatre ans et nous l’espérons plus, l’Ambassade de France, les institutions de recherche et d’enseignement français que sont le CNRS et l’Université de Toulouse. Le cadre donné par cette convention garantit notre collaboration dans les meilleures conditions. Elle va permettre par exemple de dynamiser la formation à la recherche par la recherche des personnels du CERD en France. Nous sommes aussi ici pour finaliser le projet que nous avons élaboré avec l’IRAH autour de la création du Centre de Conservation et d’Etudes des collections archéologiques, centre prochainement équipé dans les locaux du CERD et ce, selon les normes internationales, dans le but d’une part l’intégralité des vestiges exhumés lors de ces 40 dernières années de mission de terrain et, d’autre part, de pouvoir les étudier avec les équipements appropriés. Quoi de mieux pour matérialiser les relations fortes et étroites nouées de longue date entre la mission archéologique et le MENSUR que la sortie d’un ouvrage collectif autour du patrimoine archéologique de Djibouti. Le Livre « Des paysages et des Hommes. Regard sur le patrimoine archéologique du Lac Abhé. Est un ouvrage que le Professeur Xavier Gutherz et moi-même murissions depuis plusieurs années. Nous espérons que cet ouvrage invitera au voyage et à la découverte d’un patrimoine culturel exceptionnel et trop longtemps méconnu, mais qu’il convient de protéger et de valoriser ».
MAS