L’association amitié djiboutienne pour le développement a abrité lundi dernier à la bibliothèque municipale, une Conférence-Débat intitulé « le ramadan et le diabète ». D’emblée le but de ce séminaire a été d’informer et de sensibiliser les personnes diabétiques et les amateurs de sucrerie en cette période du mois béni ramadan afin qu’ils diversifient leurs aliments pour le bien de l’organisme. Le débat a été animé par la docteure Zeinab Ahmed, Diabétologue, et le nutritionniste Ilyas Barkat.

Observer le jeûne du ramadan, malgré son diabète, est une affaire courante chez les djiboutiens et djiboutiennes, malgré les conseils médicaux et les avis religieux qui exemptent les diabétiques du jeûne. Afin d’accompagner, les malade tout au long de ce mois sacré et pour éviter autant que possible les complications qu’ils pourraient encourir, une série de recommandations a été établie à savoir boire beaucoup d’eau et consommer des fruits. Ce débat a regroupé, les membres de l’association des amies de Djibouti pour le développement ainsi que des jeunes venus en masse pour assister à la conférence.

Voici les questions posés par les intervenants durant le débat :

Les patients diabétiques peuvent-ils faire le jeûne du Ramadan ?

Le jeûne pendant le mois Saint du Ramadan est une pratique très importante pour les musulmans. Non seulement il constitue l’un des cinq piliers de la foi musulmane, mais il est également obligatoire pour tous les adultes musulmans en bonne santé.

Les patients diabétiques sont-ils autorisés à jeûner ?

Les patients diabétiques se considèrent comme des personnes en bonne santé. Ce qui n’est pas tout à fait faux. Il leur est proposé un régime alimentaire adapté (à leur âge et à leur condition physique) et à des traitements médicamenteux visant à améliorer leur équilibre glycémique et leur qualité de vie.

Mais tous les patients diabétiques sont-ils aptes à jeûner ?

D’une manière générale, on recommande aux patients diabétiques musulmans d’éviter le jeûne du Ramadan du fait des conséquences fâcheuses qui pourraient survenir. Ces conséquences sont fonction du type de diabète, de l’équilibre du diabète, de l’existence préalable de complications aiguës ou chroniques, du type de traitement entre autres….

Globalement, durant le jeûne du Ramadan, on va observer une fluctuation très importante des glycémies allant des hyperglycémies majeures aux hypoglycémies sévères.

Cet état d’instabilité permanent va altérer durablement l’équilibre du diabète et sera à l’origine de l’apparition ou de l’aggravation des complications dégénératives du diabète touchant les yeux, les reins, les nerfs, les vaisseaux du cœur et du cerveau et des membres inférieurs). Les hyperglycémies majeures peuvent se compliquer d’états aigus notamment l’acidocétose diabétique, une complication du diabète très grave (bien connu des diabétiques de type 1).

Des explications en détail sur les risques en cas de non respect des consignes imposé par les médecins

– Pendant le Suhour (repas avant l’aube), il y a une consommation excessive de repas très riches (glucides, aliments gras et très sucrés), ce qui entraîne dès les aurores une hyperglycémie assez importante. Plusieurs études ont montré que les patients diabétiques musulmans se privent de boire et de manger y compris de prendre des médicaments entre le lever et le coucher du soleil. Cela contribue à entretenir l’hyperglycémie si le traitement antidiabétique n’est pas pris durant cette période.

– Pendant l’Iftar (le repas qui rompt le jeûne), il se passe exactement la même chose. De plus après ce premier repas de l’Iftar, si je ne me trompe pas, il est autorisé aux croyants de manger autant de repas qu’ils souhaitent. Chez les patients diabétiques on observe comme conséquence, une hyperglycémie qui va persister toute la nuit. De plus les hormones hyperglycémiantes qui sont sécrétées à l’aube notamment le cortisol vont contribuer à majorer cette hyperglycémie. On assiste donc dès le réveil de l’individu à une glycémie qui est déjà élevée.

– Pendant la période de jeûne, entre le Suhour et l’Iftar chez le patient diabétique, on observe progressivement, une diminution de la glycémie de sévérité variable. Ce risque d’hypoglycémie est d’autant plus majoré que l’individu diabétique fait un travail très physique et/ou qu’il prenne des traitements antidiabétiques entrainant des risques d’hypoglycémies (l’insuline en tête, et d’autres traitements antidiabétiques oraux).

 Cette diminution de la glycémie va être à l’origine d’une cascade de réactions métaboliques impliquant des hormones dites de contre régulation qui, elles sont hyperglycémiantes. Ces réactions génèrent des substances à l’origine de l’acidocétose diabétique. 

Il n’est donc pas recommandé aux patients diabétiques musulmans de jeûner.

Mais pour ceux qui insistent, il est vivement conseillé de consulter un diabétologue-endocrinologue pour une évaluation médicale un à deux mois avant le début du Ramadan afin de déterminer le niveau de contrôle du diabète, la présence de complications aiguës ou chroniques et de comorbidités.

Cette évaluation préalable au jeûne permet de déterminer le risque de développer ou d’aggraver des complications liées au diabète durant le Ramadan et ainsi votre éligibilité à faire le jeûne du Ramadan. Si vous êtes à très haut risque ou à haut risque, le jeûne n’est pas recommandé. Si vous êtes à risque modéré ou faible, vous êtes autorisé à jeûner mais, c’est au cas par cas. Votre diabétologue pourra le déterminer.

Si vous êtes éligibles, vous recevez une éducation thérapeutique particulière et une adaptation du traitement antidiabétique impérative et indispensable pour éviter tout risque d’arrêt ou d’inobservance du traitement pendant la période de jeûne.

Si vous êtes diabétique et souhaitez jeûner, consultez avant votre diabétologue !

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