L’un des moments forts de la visite de travail du président du parlement, Dileita Mohamed Dileita, à Addis-Abeba, a été sa prise de parole devant les représentants du peuple éthiopien réunis au grand complet pour une séance spéciale. Le président de l’Assemblée nationale de la république de Djibouti s’est ainsi exprimé depuis la Chambre des représentants du peuple de la république démocratique et fédérale d’Éthiopie. Un vibrant discours.

((C’est sous le signe de l’amitié qu’est placée ma visite en Éthiopie. (…) C’est une amitié sincère et vraie. Mais, c’est surtout de l’amitié entre nos deux peuples que je veux aujourd’hui témoigner.

Vous incarnez aux yeux du continent, une singularité, un symbole, que je suis heureux et fier de saluer aujourd’hui devant votre assemblée. Le président Ismail Omar Guelleh a été le premier à avoir eu cet insigne honneur à deux reprises, en décembre1999, dès sa prise de fonction, puis en mars 2017. C’est un réel privilège et beaucoup de joie, de bénéficier de cette même marque d’amitié, cela me touche profondément.

Heureux parce que l’Éthiopie est un grand pays émergent, c’est un pays qui structure l’organisation régionale, l’IGAD, par sa démographie comme par son poids économique, mais aussi par la vitalité de sa diplomatie, le dynamisme de sa culture, celle de sa création littéraire et théâtrale.

Mon désir est de mettre au cœur de cette visite, aujourd’hui à Addis-Abeba, l’élargissement du partenariat entre nos deux pays dans de nombreux domaines : économiques bien sûr, mais aussi culturels, touristiques ou sportifs. Je veux renforcer la vitalité de nos échanges en soutenant des programmes que nous pouvons encourager nos exécutifs respectifs à engager et approfondir, afin d’encourager la mobilité des femmes et des hommes, en particulier celle des jeunes et des étudiants qui est extrêmement importante pour rapprocher nos jeunesses et nos peuples.

Je crois beaucoup au développement du sport. Nous avons beaucoup à apprendre de votre savoir-faire, de votre expertise dans ce domaine. Des initiatives ont déjà permis, depuis quelques mois, de permettre à nos sportifs de s’entraîner ensemble. C’est une évolution positive, qui va dans le sens de la solidarité, de la fraternité et de la complémentarité.

Pour renforcer aussi nos liens économiques, je souhaite que nous développions un environnement beaucoup plus réactif et un lien beaucoup plus puissant entre nos deux pays, en appuyant notamment les actions et les initiatives de nos deux leaders respectifs, S.E Ismail Omar Guelleh et le Premier ministre Abiy Ahmed, dont la détermination à œuvrer pour le bien commun de la région est inlassable.

Donner au lien bilatéral une nouvelle dimension dans tous les domaines

Les nombreux et magnifiques projets structurants que nous avons déjà réalisés sont la preuve vivante du dynamisme de notre coopération bilatérale. Ils témoignent de notre interpénétration économique à un niveau inégalé en Afrique, montrant l’exemple à la sous-région, voire au continent : interconnexion électrique, pipeline aquifère, réseau de chemin de fer, trois câbles Fibres optiques et dont les travaux du dernier vont débuter dans les premiers mois de 2024, intégration verte avec l’initiative du Premier ministre Abiy Ahmed et du président Ismail Omar Guelleh de reverdir les paysages avec une ambitieuse politique de reboisement et de lutte contre la désertification.

L’intégration régionale doit rimer avant tout avec de meilleures routes et une sécurité routière encore améliorée, des formalités plus légères pour circuler entre les pays, pour faciliter la libre circulation des personnes et des biens. Des avancées notables pour accélérer les connexions entre nos deux pays, mais aussi plus largement dans l’ensemble de la région, viennent d’être formalisées à Bruxelles par les ministres Ahmed Shide et Ilyas Moussa Dawaleh lors de la 19e réunion ministérielle de l’initiative pour la Corne de l’Afrique. Neuf milliards de dollars sont déjà engagés pour interconnecter nos économies, renforcer l’intégration digitale, faciliter les échanges, et augmenter la résilience de nos populations.

Nous devons ériger un véritable partenariat, un partenariat gagnant-gagnant pour nos deux économies

Voilà tout le sens de cette visite : d’abord rappeler notre engagement d’entraide et de solidarité, mais également donner au lien bilatéral une nouvelle dimension dans tous les domaines. Nous voyons dans l’Éthiopie une grande puissance émergente, qui porte la responsabilité de ses près de 120 millions d’habitants. C’est pour cela que je souhaite que nos deux pays avancent côte à côte, investis ensemble pour affronter les défis de demain. Nous partageons les mêmes valeurs, la même aspiration à la paix et au progrès. Nous sommes exposés aux mêmes menaces et aux mêmes risques. Et sur nos épaules reposent les mêmes responsabilités.

Rien de ce qui affecte l’Éthiopie ne saurait nous être indifférent. Nul n’est à l’abri des conséquences de ce qui se passe ailleurs, fut-ce à l’autre bout du monde comme on a pu le voir avec la crise du Covid. Le problème du chômage des jeunes se pose dans tous les pays, et nous subissons tous les conséquences du fanatisme religieux ou des affrontements internes qui déstabilisent la région entière. C’est à la racine de ces maux qu’il faut s’attaquer en conjuguant nos efforts.

Djibouti et l’Éthiopie sont déjà, l’un pour l’autre, le principal partenaire commercial dans une relation équilibrée. Ils sont, l’un pour l’autre, le premier investisseur. Djibouti est aujourd’hui le pays dont l’économie est la plus ouverte de la région. Nous sommes prêts encore à accroitre la liberté des échanges, mais dans le respect de nos intérêts essentiels et dans le cadre d’une approche respectueuse et équilibrée. Sur ce socle, nous devons ériger un véritable partenariat, un partenariat gagnant-gagnant pour nos deux économies.

La relation exceptionnelle entre l’Éthiopie et Djibouti se fonde sur une vision commune du monde, une même foi dans une communauté de valeur. Bien sûr, nos intérêts ne sont pas toujours identiques. Mais ceci ne nous empêche pas d’avancer ensemble dans le respect de l’autre. Cette entreprise est l’aboutissement d’un long effort commun, d’un dialogue permanent dans une même convergence de vue entre nos exécutifs respectifs.

Mais le champ de nos intérêts communs ne se borne pas uniquement au sort de nos deux peuples, notre engagement militaire commun auprès de la Somalie en est aussi un marqueur fort. En effet, l’Éthiopie et Djibouti assument chacun la charge de zones d’opérations dans ce pays. Cela illustre ce qui guide nos actions dans la région : propager « le rameau d’olivier » sur toute la Corne. Aujourd’hui nous pouvons être fiers du chemin parcouru par le peuple somalien; une chance unique de connaître enfin la paix existe maintenant en Somalie.

Institutionnaliser et renouveler les rencontres parlementaires entre nos deux assemblées, indispensables pour porter les attentes et aspirations de nos deux peuples

Comme vous le savez, les interactions parlementaires offrent une plateforme pour discuter de questions communes et l’implication active des parlementaires peut jouer un rôle crucial dans l’amélioration de la démocratie et consolider ainsi les liens entre les citoyens des deux peuples. Cela peut contribuer à promouvoir la stabilité, la paix et le développement régional, renforçant ainsi la relation de peuple à peuple entre nos deux nations concernées.

Le groupe d’amitié parlementaire Djibouti-Ethiopie a été formé dans le but de promouvoir la compréhension mutuelle, le dialogue et la coopération entre nos pays. En participant activement à ces groupes, les parlementaires peuvent partager des expériences, discuter de bonnes pratiques démocratiques et collaborer sur des questions liées à nos intérêts stratégiques communs mutuellement bénéfiques. Cela crée des liens directs entre les représentants du peuple, favorisant une relation plus profonde au-delà des frontières nationales.

Dans le contexte de Djibouti et de l’Éthiopie, une implication active des parlementaires dans de tels groupes pourrait contribuer à renforcer les fondements démocratiques et à promouvoir une collaboration plus étroite entre les deux peuples, transcendant les aspects politiques et institutionnels. Aujourd’hui, comme hier, de grands défis attendent notre région. Nous les relèverons si nous sommes solidaires. C’est ainsi que nous lèguerons à nos enfants un monde meilleur, un monde où ils pourront s’épanouir, un monde de liberté, de justice, et de paix.

C’est dans cet objectif, qu’avec le président Tagesse Chaffo, nous avons décidé d’institutionnaliser et de renouveler ces rencontres parlementaires entre nos deux assemblées sœurs, indispensables pour porter les attentes et aspirations de nos deux peuples. Nous devons, par nos actions, consolider les actions et ambitions de nos gouvernements pour le bien commun.

Source : AN