Le président de la Chambre de  commerce de Djibouti et le représentant de l’USAID, par intérim, à Djibouti ont réuni hier les représentants des secteurs d’activités du transport et de la logistique ainsi que la construction d’une part et un panel de jeunes bénéficiaires du programme d’employabilité à Djibouti (PED) à la chambre consulaire pour lever une situation de quasi trust préjudiciable à la gente féminine.

Des secteurs d’activités comme les transports et la logistique ou encore la construction ont été pendant trop longtemps trustés par les hommes au grand dam des femmes. « Cet état de fait doit évoluer et les femmes doivent trouver leurs places dans ces métiers masculins», ont plaidé le patron de la Chambre de commerce et le représentant de l’USAID devant le gotha de la communauté d’affaires, lors de l’atelier de sensibilisation qui s’est ouvert à la chambre de commerce de Djibouti. «Cet atelier est crucial car il permettra de sensibiliser et d’informer le secteur privé sur l’importance de l’intégration des femmes dans les métiers de la logistique, de la construction et du transport, environnement professionnel majoritairement masculin jusqu’à ce jour. » Le président de la chambre de commerce de Djibouti posait ce constat pour le moins désolant, à l’ouverture de l’atelier.

L’occasion pour lui de corser la problématique en rappelant les résultats de l’évaluation préliminaire «genre» réalisée par l’équipe d’Education Development Center (EDC) en mars 2017, qui a relevé tous les obstacles comme les normes culturelles qui empêchent l’accès des jeunes femmes issues des structures de formation professionnelle à ces domaines techniques.

M. Youssouf Moussa Dawaleh a saisi l’audience pour lancer un appel à la communauté d’affaires pour « œuvrer ensemble afin de dégager des solutions rapides et pérennes et ainsi lever les freins au recrutement des femmes, et in fine, de contribuer au développement économique du pays. » Pour lui, il s’agit d’une « initiative en totale adéquation avec la volonté du chef  de l’Etat de mettre en avant le rôle des femmes dans la société djiboutienne et de lutter contre le chômage et la discrimination à leur encontre ».

Le patron de la chambre consulaire a enfin rappelé que l’atelier de sensibilisation réunissant les représentants des secteurs de la construction, de la logistique et des transports devait être le moment idoine pour solutionner cette problématique.

Inverser une tendance trop déséquilibrée. Une analyse largement partagée par le représentant par intérim de l’USAID, Alpha Diallo, qui a insisté sur l’intérêt de cette rencontre qui est l’occasion d’inverser une tendance trop déséquilibrée pour revenir vers l’équité et l’égalité du genre. D’où l’importance de la sensibilisation sur la question du genre qui découle de l’inégalité des rapports sociaux entre hommes et femmes. L’homme a rendu hommage aux efforts du gouvernement djiboutien qui a « renforcé le statut, la position et les capacités des femmes dans plusieurs domaines ». Toutefois, il s’est indigné des inégalités liées au sexe que les femmes continuent de subir de façon disproportionnée comme le poids de la pauvreté, et l’analphabétisme et surtout le faible accès aux ressources et aux opportunités économiques.

C’est surtout le cas pour les jeunes femmes qui souhaitent entrer dans les domaines techniques et qui se heurtent  à de nombreux obstacles pour accéder aux champs techniques nécessaires à leur éducation et les compléter. Pis encore, « les jeunes femmes qui réussissent à trouver un emploi dans des domaines techniques risquent souvent d’être victimes de discrimination fondée sur le sexe sur leur lieu de travail » s’est encore désolé, M. Alpha Diallo, le représentant par intérim de l’USAID.

Vent d’optimisme. Heureux bémol devant cet amer constat, la politique nationale genre du gouvernement qui apporte un vent d’optimisme et promeut une meilleure équité et l’accélération de la réalisation des objectifs de développement humains durables. Ce qui explique « l’arsenal législatif et réglementaire qui stipulent l’égalité des chances entre les sexes en matière de possibilité d’éducation, de formation, d’emploi et de rémunération », a voulu croire le patron de l’USAID par intérim.

Une vision partagée par l’agence américaine de coopération internationale « qui accorde une importance capitale à la question du genre et le reconnait comme un enjeu de développement » selon son patron à Djibouti. Aussi, la question du genre sera traitée dans la mise en œuvre des activités du projet d’Employabilité à Djibouti. M. Alpha Diallo a enfin rappelé que cet atelier de sensibilisation fait suite à une précédente rencontre similaire qui avait servi à intéresser et éveiller les enseignants et les administrateurs de l’enseignement technique et la formation professionnelle à cette thématique du genre dans les filières de formation.

Après les interventions officielles, c’est Mme Zahra Youssouf Kayad, ancienne secrétaire d’Etat chargée de la Solidarité nationale et actuellement coordinatrice du Projet d’Employabilité à Djibouti, qui a fait une large présentation sur les problématiques liées aux femmes et leurs difficultés à intégrer certains corps de métiers voire des marchés spécialisés. Une situation qui a soulevé de nombreuses questions qui ont fait le menu des échanges entre les experts et les participants à l’atelier.

Une chose reste sûre, la question du genre s’est définitivement invitée  dans le débat public et ne risque plus de passer inaperçue. Tant mieux, puisque le développement durable est aussi une question d’égalité des chances et de justice sociale. 

MAS