Depuis le lancement officiel du programme d’Appui à la Décentralisation et aux Initiatives Locales (ADIL), dans le courant du mois dernier, qui s’est déroulé en présence des hautes autorités du pays, en l’occurrence le président de l’Assemblée nationale, M. Mohamed Ali Houmed mais aussi plusieurs membres du gouvernement ainsi que l’ambassadeur de l’Union européenne à Djibouti, un nouveau vent d’espoir souffle dans la région de l’Unité.

Et pour cause, il s’agit bel et bien d’un programme ambitieux, financé par l’Union Européenne à hauteur de 6.5 millions d’Euros soit 1.3 milliard de nos francs, sur une période de quatre ans, et qui traduit la volonté du gouvernement djiboutien, sous l’impulsion du Chef de l’Etat son Excellence Monsieur Ismaël Omar Guelleh, de mettre en œuvre une véritable politique de décentralisation visant à revitaliser le développement socio-économique des régions de l’intérieur, dans le but de réduire les disparités régionales et de favoriser un développement harmonieux et inclusif de toutes les régions de l’intérieur. Après le transfert de la fiscalité locale, aux collectivités locales, en 2018, le programme ADIL constitue donc une nouvelle avancée notable de la politique de décentralisation dans notre pays. Selon le président du Conseil régional de Dikhil, M. Abdourahman Yonis Arreh, grâce aux investissements directs prévus dans le cadre de ce programme, la région de Dikhil espère bien rattraper son retard sur le plan de développement socio-économique.

En effet, dans le but d’optimiser l’efficacité des activités inscrites dans le cadre de ce programme, le conseil régional de Dikhil a mis en place, en collaboration avec les services administratifs déconcentrés mais aussi les représentants de la société civile, des Plans d’investissement annuels (PIA) qui prévoient la mise en œuvre des projets de développement de grandes envergures qui prennent en compte l’exploitation efficiente des potentialités de développement de la région.

Parmi les domaines les plus saillants qui ont été retenus par le conseil régional de Dikhil, on peut citer, sans être exhaustif, la modernisation des infrastructures publiques, la mise en valeur des potentialités agricoles, l’amélioration de l’accès à l’eau potable, le développement touristique, l’insertion professionnelle des jeunes, etc, qui sont les principaux défis à relever pour pouvoir déclencher une nouvelle dynamique économique et contribuer à l’amélioration des conditions de vie de la population Dikhiloise.

Quelles sont donc les atouts et les potentialités que dispose la région de Dikhil et qui pourront être valorisés dans le cadre de la mise en œuvre de ce programme ADIL ?

Dikhil, carrefour d’échanges

Située au carrefour de principaux axes de communication vers l’Ethiopie, dont le principal constitue le corridor international de Djibouti qui relie la capitale à Addis-Abeba, la région de Dikhil possède une localisation stratégique qui laisse augurer de belles perspectives susceptibles de susciter une réelle dynamique de développement. Sa localisation fait d’elle, une région privilégiée pour les échanges interrégionaux nationaux et transfrontaliers, opportunité qui la place au premier plan pour la mise en œuvre prospective des stratégies d’intégration dans les espaces d’échanges et de partenariat suprarégionaux : axes de transhumances pastoraux ou caravaniers, axe routier, la région de Dikhil est un espace de convergence de voies de communications multiples et diversifiés qui rendent d’elle une terre d’échanges et de partage pour des populations nationales et transfrontalières. De cette localisation géostratégique, la région de Dikhil hérite son rôle de pôle d’approvisionnement et de redistribution vers lequel convergent des axes ruraux émanant d’un hinterland qui va au-delà de nos frontières. La ville de Dikhil dispose d’ailleurs d’un grand parc à bétails à partir duquel les animaux domestiques sont quotidiennement acheminés vers les pays du Golf, via la capitale et la ville d’Obock.

Région la plus agricole

La région de Dikhil est réputée pour ses potentialités agricoles, et ses ressources hydrauliques importantes. Le développement de l’agriculture a toujours été l’une des principales priorités du gouvernement djiboutien, dans le souci d’assurer la sécurité alimentaire et surtout pour rendre ce secteur générateur d’emplois. Et les Dikhilois qui pratiquent essentiellement des cultures maraîchères, sont de plus en plus nombreux à investir dans ce secteur d’activités qui est en constant essor.

Le principal besoin des agriculteurs constitue cependant l’acquisition des équipements d’énergies renouvelables, en vue d’avoir un meilleur accès à l’eau et donc d’augmenter le volume des productions agricoles. Le secteur de l’agro-élevage pourrait ainsi devenir un levier économique capable de participer au développement du pays et de contribuer à la lutte contre l’exode rural et à la réduction de la pauvreté en milieu rural.

Une société civile dynamique et multiculturelle

De toutes les régions d’intérieures, Dikhil qui réunit l’ensemble des composantes de la population nationale, est celle où le multiculturalisme est le plus développé. Dénommée « Région de l’Unité », elle est le « symbole de l’Unité Nationale ».

Par ailleurs, la région est marquée par un tissu associatif florissant aussi bien dans le Chef-lieu que dans les localités rurales auxiliaires qui s’implique dans les actions de développement à caractère social, notamment des actions visant l’amélioration de cadre de vie, la lutte contre l’insalubrité, la lutte contre la délinquance juvénile, etc.

Enfin, il est également attendu que les activités inscrites dans l’agenda de ce programme ADIL soient de nature à stimuler l’emploi des jeunes, à travers des formations professionnelles ou le développement de l’entreprenariat avec le financement des microprojets dans le but de contribuer à résorber le chômage des jeunes qui constitue la principale préoccupation dans la région.

Des potentialités touristiques énormes

La région de Dikhil est caractérisée par une biodiversité et des sites naturels exceptionnels, des atouts touristiques et patrimoniaux, au fort pouvoir d’attraction. C’est le cas par exemple du Lac-Abhé, qui est l’un des plus fascinants sites touristiques de notre pays, avec ses colonnes de cheminées de calcaires en forme d’aiguilles, de travertins, des sources permanentes d’eau chaude dont certaines bouillonnent et dégagent des fumées.

La région regorge également des sites archéologiques de très grandes valeurs comprenant des gravures rupestres et des fossiles qui sont un riche témoignage du passé dont les dernières découvertes réalisées dans la plaine de Gobaad ont apporté beaucoup d’avancée dans le domaine des connaissances relatives à la préhistoire.

Enfin, au bonheur des touristes, la région de Dikhil est célèbre pour sa faune riche qui comprend des espèces en voie de disparition telles que des gazelles, girafes, des autruches ou des phacochères.

C’est la raison pour laquelle la collectivité régionale qui a fait du secteur touristique, la principale priorité de ce programme ADIL, prévoit de rendre le Chef-lieu Dikhil, un pôle attrayant avec la construction des infrastructures touristiques modernes, notamment un hôtel répondant aux normes internationales, un centre de loisir, etc, dans le but de permettre au secteur touristique de contribuer à favoriser le dynamisme économique de la région et la création d’emplois.

La construction d’infrastructures marchandes telles que des marchés est également prévue dans les trois sous-préfectures que compte la région de Dikhil, à savoir As-Eyla, Yoboki et Moouloud.  Par ailleurs, la pratique de l’artisanat est assez répondue dans la région de Dikhil, en particulier dans le secteur de Yoboki, où les palmiers sont abondants et permettent la confection des objets fabriqués à base de la « paille », tels que des nattes ou des ustensiles de cuisine.

Bref, il est plus que nécessaire que l’ensemble des acteurs institutionnels, politiques, sociaux, puissent collaborer et travailler main dans la main pour contribuer pleinement au succès de ce programme ADIL, qui nous espérons avec optimisme, permettra de redynamiser la situation économique de la région de Dikhil et d’améliorer les conditions de vie de la population.

Il appartient donc aux Dikhiloises et aux Dikhilois de ne ménager aucun effort pour permettre à leur région de ne pas rater le rendez-vous du train de développement et de profiter de cette opportunité pour combler le retard qu’elle affiche par rapport aux autres régions de l’intérieur.

Hamadou Ali