Mohamed Guirreh Galab est à la tête de la plateforme de vente de films « Mega Vidéo » et il vient de lancer « Start up factory », un accélérateur de projet. Ce jeune patron,  dynamique et visionnaire, a bien voulu se confier à nous sur son parcours pour le moins atypique et ses ambitions en affaires. Portrait…

En novembre dernier, à l’occasion de l’inauguration du Centre de Leadership et de l’Entrepreneuriat (CLE), le Président de la République, Ismaïl Omar Guelleh félicitait chaleureusement Mohamed Guirreh Galab. Il venait d’écouter avec beaucoup d’émotion et de sensibilité l’histoire de ce jeune entrepreneur à qui tout sourit et qui transforme en Or tout ce à quoi il touche. C’était pourtant un pari impossible pour ce jeune homme qui est parti de rien ou presque. « J’étais tout jeune lorsque ma famille a suivi mon père, militaire de carrière, dans la région de Dikhil, en 1988 » se souvient-il. Il y a déjà vingt ans, mais le jeune homme s’en souvient comme d’une belle époque, où il fut entouré de l’affection de sa famille tout le long de son parcours scolaire de l’école primaire au collège puis la première année de Lycée. Finie la classe de seconde, il doit venir s’installer à Djibouti-ville pour poursuivre ses études au lycée. Nous sommes en 2001 et le jeune homme ne tarde pas à décrocher son bac et une bourse d’études pour s’envoler vers la Tunisie en 2004.

En 2006, lors d’un bref séjour estival auprès de sa famille à Djibouti, il s’étonne des opportunités assez réduites dans le marché du travail pour les jeunes diplômés. C’est alors que l’idée de se mettre à son propre compte commence à germer dans sa tête. Dès l’année suivante, les émissions télévisées traitant de business et d’entrepreneuriat le passionnent. C’est le cas de l’émission Capital ou Réussite diffusées sur la chaine télévisée  Canal +.

Le jeune homme a pris sa décision. Il se lancera dans les affaires, dans la vente de films et séries gravées sur des DVD, un rayon qui lui convient parfaitement. Il commence dès lors à télécharger sur une plateforme cinéma gratuite des films et des séries télévisées ou des dessins animés qu’il grave sur DVD. Au bout d’un certain temps, il a déjà une valise pleine de DVD. Les études bouclées, il est temps de rentrer au bled et tenter l’aventure des affaires. Mais avant, il doit résoudre un dilemme : choisir entre ses cartons d’ouvrages académiques et ses valises de vêtements ou son fonds de commerce, c’est-à-dire les sacs de DVD sur lesquels il a gravé films, séries télé et dessins animés. Sa détermination va tout de suite trancher la question en faveur de son fonds de commerce, et il passera la frontière dans des circonstances rocambolesques.

Arrivé à Djibouti, le jeune homme n’a que 23000 FDJ en poche et ses gros sacs de DVD et basta. Il n’a rien à se mettre sur le dos. Il va donc faire quelques courses pour renflouer son placard à vêtements. Montant de la dépense : 21000 FDJ, ce qui lui laisse 2000 FDJ en poche et ses DVD. Lorsqu’il commence à tâter le terrain et prendre langue avec quelques boutiques de location de films et séries télé, pour tenter de convaincre les studios de les fournir avec sa base de données. La concurrence est rude et sa tentative fait choux blanc. 

Au bout de plusieurs désillusions, il décroche un accord avec un ou deux studios qui acceptent de le laisser placarder ses affiches promotionnelles pour son commerce de films et séries à vendre. De fil en aiguille, il parvient à vendre quelques films et séries et grappiller un peu de sous. Mais tout cela est bien maigre et n’encourage pas vraiment lorsque la providence s’en mêle et envoie un proche lui avancer une somme d’argent pour s’installer et louer un local au centre commercial d’Eingula. Nous sommes en Octobre 2008, et Mohamed Guirreh Galab vient de lancer sa boutique de vente de films Méga Vidéo. En quelques mois, son commerce florissant lui permet de se développer et d’ouvrir une nouvelle boutique sur la route de l’aéroport. C’est le premier chapitre de sa vie d’entrepreneur qui s’annonce très fort avec ce premier succès.

Ce premier chapitre sera suivi d’un second. Nous sommes en 2012, et M2G lance avec quelques copains la Jeune Chambre Internationale (JCI), structure qui va lui ouvrir de nouvelles portes dans le monde des affaires. Dans l’entracte, il a décroché un job à l’aéroport international de Djibouti. Mais son esprit d’entreprise, et son sens des affaires n’en seront que plus aiguisés. Quand en 2014, le jeune homme bénéficie d’une formation en Leadership dans une académie au Japon. Ensuite, il est élu président du JCI et, en mars 2015, lui et ses camarades de la jeune chambre internationale sont reçus en audience par le Président de la République.

Entretemps, l’idée de lancer un club des jeunes entrepreneurs a déjà fait son chemin et prend forme dans l’esprit de notre ami qui se lance dans l’aventure avec une autre compatriote animée de la même ambition, Choukri Abdillahi. C’est d’ailleurs elle qui va présider aux destinées du club dès son lancement, et ce pour un mandat de 3 ans. Le beau parcours de Mohamed Guirreh connait un autre moment fort en 2017, puisqu’il est sélectionné pour participer au programme américain YALI (Young African Leaders Initiative) qui lui ouvre les portes de l’Université Clark Atlanta de Géorgie pour un programme de formation en entrepreneuriat et leadership pour une durée de 6 semaines. Ces cours intensifs lui ouvrent l’esprit sur la notion de ‘self made man’, et comment réussir en partant de rien.

Il rentre désormais avec un plan et une stratégie pour réussir dans le monde de l’entrepreneuriat. Dès le mois de mai 2017, il lance OPTIMUS JUBTECH, société d’ingénierie informatique qui offre des prestations comme l’édition de logiciels « SAGE ». Une année après, il a déjà quitté l’AID et pilote  sa société avec son associé. En Septembre 2018, il fonde «Start up Factory », un accélérateur de projets d’entreprises innovantes.

Mohamed Guirreh Galab est aujourd’hui élu président du Club des jeunes entrepreneurs et remplace Choukri Abdillahi pour un mandat de 3 ans.  Sa tête est déjà pleine d’ambitions et  bourdonne d’idées et de projets qu’il couche sur ses petits cahiers. Bon vent !

MAS