Une cérémonie de signature d’une convention de financement a réuni jeudi dernier dans les locaux du Centre de Leadership et d’Entrepreneuriat (CLE) les ministres de l’économie et de l’enseignement supérieur, MM. Ilyas Moussa Dawaleh et Nabil Mohamed Ahmed, anisi que l’Ambassadeur de France à Djibouti, Arnaud Guillois ainsi que le directeur de l’Agence française de développement, Philippe Collignon.

Les officiels ont signé ladite convention de financement, d’un montant de 10 millions d’Euros, qui devra soutenir la Numérisation de l’Enseignement Supérieur en République de Djibouti. Ce nouveau financement (nommé « PNE ») d’un montant de 10 millions d’Euros (soit près de 2 milliards de Francs Djibouti) a pour ambition de professionnaliser et de numériser l’offre d’enseignement supérieur à Djibouti, afin de l’adapter à la stratégie de développement du pays.

… Accroissement significatif de l’aide de l’AFD 

Après la signature des documents, l’ambassadeur de France, Arnaud Guillois qui s’est exprimé le premier a souligné les objectifs du projet qui permettra d’abord de  « moderniser et d’accroître la qualité des formations et de la recherche, avec une priorité accordée à la filière informatique et numérique, de créer sur le campus de l’Université de Djibouti, un Centre de formation pour le numérique, l’innovation et la technologie (CENIT), qui pourra d’ailleurs fonctionner en synergie avec le programme du Centre Africain d’Excellence cofinancé par la Banque Mondiale et l’AFD, mais également avec les incubateurs d’innovation existant, comme le Centre du Leadership et de l’Entreprenariat, la Start-up Factory ou encore le Centre de Technologies et d’Innovation de Djibouti, de construire et d’équiper un centre connecté de simulation médicale à vocation régionale à l’Institut Supérieur des Sciences de la Santé (ISSS). Je précise que cette composante intègrera également des actions spécifiquement ciblées de lutte contre l’épidémie du COVID-19, en particulier en matière de formation et de renforcement de capacités des agents de l’ISSS, et enfin de renforcer le partenariat des bénéficiaires du projet, notamment l’Université de Djibouti avec les établissements français internationaux reconnus dans leur domaine d’expertise, avec l’appui de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) qui interviendra comme opérateur ensemblier dans ce projet ».

De son côté, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Nabil Mohamed Ahmed, il a d’abord mis l’accent la symbolique du lieu choisi pour la signature de cette convention, le CLE, qui est un haut lieu de la technologie et de la jeunesse innovante. Il a longuement remercié la France qui permet à la jeune Université de Djibouti de s’ouvrir au monde du travail et attirer les entreprises vers elle. «  Ce projet va soutenir encore plus l’ensemble des institutions de l’enseignement supérieur du pays et ce conformément aux engagements du président français Emmanuel MACRON, lors de sa visite à Djibouti. » 

Pour sa part, le ministre de l’économie et des finances, Ilyas Moussa Dawaleh, a fait la part belle dans son intervention à l’amitié ancienne qui lie la France et Djibouti. Il a rappelé que ce nouveau projet se fait sous forme de Don, ce qui est tout à fait remarquable et qui illustre l’engagement du président MACRON qui avait promis de multiplier par 4 ou 5, le soutien de l’AFD à la RdD. Il a rappelé à cet égard le projet de réaménagement des infrastructures d’assainissement qui va démarrer bientôt dans les vieilles artères de la capitale.

…Moderniser et accroitre la qualité de la formation supérieure

Plus généralement, il faut rappeler que ce programme soutiendra donc le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche ainsi que l’Université de Djibouti (UD), le Centre d’Etudes et de Recherches de Djibouti (CERD), mais aussi l’Institut Supérieur des Sciences de la Santé (ISSS). Il vise une série d’objectif, à commencer par l’amélioration des taux d’insertion de ses jeunes diplômés et de devenir un pôle reconnu en matière de formation supérieure numérique et de santé.

Le projet sera ainsi organisé autour de quatre composantes. Il s’agit d’abord d’une première qui consistera à moderniser et à accroître la qualité des formations et de la recherche, avec une priorité accordée à la filière informatique/numérique, une seconde qui consistera à créer sur le campus de l’Université de Djibouti un Centre de Formation pour le Numérique, l’Innovation et la Technologie(CENIT), qui proposera des formations continues aux entreprises, accompagnera des entrepreneurs et jouera un rôle de centre de ressources numériques, une troisième composante qui elle visera à créer un centre connecté de simulation médicale à vocation régionale à l’Institut Supérieur des Sciences de la Santé (ISSS). Cette composante intègrera également des actions spécifiquement ciblées de lutte contre les épidémies, en particulier en matière de formation des personnels de santé et de renforcement de capacités des agents de l’ISSS. Des actions de sensibilisation et de spécialisation sur la prise en compte des réponses techniques adaptées à l’après-crise COVID-19 pour les personnels soignants en formation seront développées dans ce cadre, et enfin, la quatrième composante regroupera les activités de pilotage du projet. Elle financera le recrutement d’un bureau d’études ensemblier, chargé d’identifier et de contracter les experts et établissements français partenaires.

…Revitaliser l’enseignement supérieur djiboutien

Pour rappel, l’enseignement supérieur djiboutien doit relever un défi, celui d’amener à l’emploi un nombre croissant de bacheliers sur un marché du travail rapidement saturé. Ainsi, du fait de l’accroissement démographique et de l’extension de l’obligation de scolarité, les effectifs de l’enseignement secondaire général ont explosé. En conséquence, les effectifs de l’Université de Djibouti ont triplé, passant de moins de 3.000 en 2006 à plus de 10.000 en 2019. Or de nombreux bacheliers, admissibles de droit à l’Université de Djibouti, ne poursuivront pas un cursus universitaire de longue durée.

Dans le même temps, le marché du travail formel reste étroit et marqué par un chômage massif, de près de 50% : la création d’emploi est ainsi érigée en priorité par le Président de la République. La modernisation de l’enseignement supérieur et son adaptation à ses niveaux amont (les capacités des étudiants) et aval (les demandes des entreprises) constituent donc une question stratégique.

Le projet financera également le recours à l’Agence française en charge de l’accréditation des universités, le Haut Conseil de l’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (Hcéres). Il visera également la densification de partenariats existant et la mise en place de partenariats structurants avec des écoles et des établissements français d’enseignement supérieur au travers, en particulier, de la mobilité enseignante.

MAS