La directrice du centre de formation de la chambre de commerce de Djibouti, Idil Aden Robleh, et l’administratrice principale chargée du Cadre d’Action Global pour les Réfugiés, Awo Dede Cromwell, ont procédé hier à la remise des certificats de formation à une dizaine de réfugiés urbains qui ont suivi une formation de trois semaines, intitulée « professionnalisation et accès à l’emploi » et financée par le HCR.    

La République de Djibouti est le premier pays à ouvrir son marché du travail aux réfugiés, depuis l’adoption de la loi sur le statut des réfugiés et ses décrets d’application. Cette loi et son décret d’application s’inscrivent dans le cadre de référence pour les solutions durables en faveur des réfugiés auquel notre pays a adhéré. Cela permet aux réfugiés d’avoir un accès sans restrictions au marché du travail, mais aussi aux régimes de protections sanitaires et sociales au même titre que les ressortissants djiboutiens.

C’est dans cette perspective que le HCR a financé une formation de « professionnalisation et d’accès à l’emploi » en faveur d’un groupe de réfugiés urbains qui ont créé un collectif qu’ils ont dénommé « Hope » ou espoir en anglais. Le centre de formation de la Chambre de commerce de Djibouti a concocté un programme de formation sur mesure de trois semaines pour leur permettre de maîtriser un certain nombre de compétences et de savoir faire indispensables à leur insertion dans le marché du travail.

Une méthodologie innovante. Le programme a été conçu pour répondre aux exigences du marché du travail en matière de professionnalisation, mais aussi à l’acquisition de compétences supplémentaires et d’aide à l’insertion socioprofessionnelle de ceux qui sont sans emploi.

Un certain nombre de compétences étaient visées à travers cette formation. Il s’agissait d’abord d’offrir aux apprenants des compétences en matière d’appréhension du milieu professionnel, mais aussi de responsabilisation professionnelle, de travail de groupe, de coaching et développement personnel. Plus généralement, la formation a permis au groupe de réfugiés urbains d’améliorer leurs comportements et communication en milieu professionnel. Mieux encore, ils ont pu apprendre à évoluer professionnellement à l’intérieur d’une organisation ou d’une entreprise et à s’adapter aux compétences et métiers de demain.

Au terme de cette formation et de coaching, les bénéficiaires devraient  pouvoir développer des compétences pour répondre aux exigences habituelles des entreprises et autres organisations de la place, et ainsi s’adapter aux différentes exigences de l’entreprise.

La directrice du centre de formation de la CCD,  Idil Adeh Robleh, a fait usage d’une méthodologie innovante en privilégiant l’apprentissage interactif en faisant usage des langues locales pour favoriser l’échange avec le groupe des réfugiés urbains. Il s’agit là d’une méthodologie de formation essentiellement active et adaptée à la pédagogie de ces adultes. De nombreuses simulations, études de cas et jeux de rôles ont par ailleurs permis aux participants de se préparer professionnellement. Mme Idil Aden Robleh, qui a animé la formation, a eu recours aux techniques de co-animation pour faire interagir les participants et susciter leur intérêt.

La cérémonie de remise des certificats de formation a été un moment  fierté pour le groupe de réfugiés, qui ont exprimé leur pleine satisfaction et leur entière reconnaissance à la CCD et au HCR, mais plus généralement aux autorités et au peuple de Djibouti, qui  ont facilité leur accès au marché du travail mais plus largement aux soins et aux protections accordés aux citoyens.

Un sentiment de satisfaction qui était partagé par la directrice du Centre de formation de la CCD, et la haute  fonctionnaire du HCR. L’une et l’autre ont rendu hommage à la noblesse et l’extrême bienveillance du gouvernement et du peuple de Djibouti en faveur des réfugiés qui ont leurs vies dans notre pays.

MAS

Idil Aden Robleh, directrice du centre de formation de la CCD : – « Cette formation a été commandée par le HCR suite au décret prônant l’intégration socioéconomique des réfugiés en république de Djibouti. Ce programme de formation appelé «professionnalisation et accès à l’emploi » permet d’acquérir l’ensemble des savoir-être pour évoluer dans le monde professionnel : la manière de communiquer, de travailler et d’interagir avec des collègues, d’être plus professionnel. Un second module axé sur l’entreprenariat a également été dispensé et a permis au groupe d’apprenants de se rendre compte de ce qu’un chef d’entreprise doit maîtriser. Durant trois semaines, j’ai pu échanger avec eux. Cela a été pour moi personnellement un enrichissement et un véritable plaisir de les former  parce qu’ils ont manifesté énormément d’intérêt. Plus généralement, la CCD est souvent sollicitée par de nombreuses institutions pour offrir des formations qualifiantes à leurs personnels. Nous sommes fiers de compter le HCR parmi ces partenaires privilégiés qui font confiance à la CCD».

Awo Dede Cromwell, administratrice principale chargée du CRRF au sein du HCR : – « J’aimerais exprimer mes sincères remerciements à la CCD qui a proposé cette formation réellement bénéfique d’après les retours que j’ai pu avoir parmi les participants. Cela leur permettra d’avancer et de mettre à profit les compétences et les savoir-faire nouveaux qu’ils ont acquis. Je reste persuadée qu’ils sauront en faire le meilleur usage et ce pour le plus grand bien de leurs familles, leurs communautés mais plus largement le pays qui leur a offert, le gîte et le couvert, la sécurité et la santé, et aujourd’hui le droit de travailler et tirer profit de vos compétences. Nous sommes assurés que les résultats seront immédiats. J’aimerais souligner également la dimension genre dans cette formation puisque près de 50% des participants étaient des femmes réfugiées urbaines. Cela s’inscrit dans le cadre du renforcement des capacités et de l’autonomisation des femmes qui feront preuve d’innovation et d’ingéniosité dans l’usage qu’elles feront des nouvelles compétences qu’elles ont acquises».

Daher Mohamed, réfugié urbain formé et certifié :- « Je viens d’Ethiopie et je me suis établi à Djibouti  en 1994 en qualité de réfugié. Depuis mon exil, j’ai entièrement refait ma vie à Djibouti où j’ai pu avoir une famille et élever des enfants grâce à des activités dans le marché de la revente de petits métaux et de la tôle craquée sur des carrosseries et des épaves de véhicules de toutes sortes. Puis, au cours du temps, j’ai développé un commerce ambulant en revendant du prêt-à- porter et de la lingerie. Mais mon commerce battait de l’aile et j’ai eu la chance d’être sélectionné dans le cadre de cette formation qui, j’espère, me permettra de remettre à flot mon activité. Car, je dois le dire, j’ai aujourd’hui, une vie à Djibouti, ma famille et mes enfants ne connaissent que Djibouti. De nombreux réfugiés urbains et d’autres sont d’ailleurs dans la même situation que moi. Je me réjouis donc de l’entrée en vigueur de la loi sur le statut des réfugiés et le décret d’application qui nous permet d’accéder au marché du travail mais aussi aux régimes des soins et des protections. Je suis plein d’espérance et notre groupe a constitué un collectif que nous avons dénommé « HOPE» ou espoir puisque c’est une ère nouvelle et prometteuse qui s’ouvre devant nous. J’aimerais exprimer mes remerciements et ma profonde reconnaissance aux autorités et au peuple frère  de Djibouti. Car nous leur restons redevables pour tout cela. Je suis sûr que les autorités et toutes les bonnes volontés sauront faire preuve de générosité pour nous appuyer dans cette nouvelle dynamique ».