
Avec plus de 1400 ans regorgeant d’histoires, d’événements, de faits et de personnages méconnus, nous allons ensemble sonder les profondeurs du temps pour en faire ressortir quelques perles durant ce mois béni du Ramadan. Qu’est-ce que la da’wah ? Du verbe « da’a » qui signifie appeler ou inviter, la da’wah est une invitation à accepter l’Islam comme une vérité absolue qui se défait de toutes les autres croyances. Il s’agit d’une invitation à la soumission totale au Dieu unique qui a commencé avec le prophète Muhammad (sur lui la paix et le salut) comme le précise le Saint-Coran dans le 125ème signe (aaya) de la 16ème sourate des Abeilles (An-Nahl) : « Par la sagesse et la bonne exhortation, appelle (ad’u, du verbe da’a) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c’est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s’égare de Son sentier et c’est Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés. »
La da’wah’est un devoir et une responsabilité qui incombe à chaque musulman. Il vise en priorité les non-musulmans, mais il s’adresse également aux musulmans. On ne saurait dénombrer combien de musulmans, morts ou vivants, l’ont été grâce à la da’wah du prophète Muhammad (sur lui la paix et le salut), le meilleur des « daa’i » (celui qui appelle à la vraie doctrine). Et parmi les «daa’i » des temps modernes, Deen Mohammad Shaikh mérite que son histoire soit connue.
Né en 1942 à Badin (Pakistan), Deen Mohammad Shaikh est issu d’une famille qui pratiquait l’hindouisme. Alors jeune adolescent, il commença à lire le Coran en secret par crainte de réactions hostiles. De ses propres mots, « J’ai toujours aimé l’Islam, j’ai lu le Coran et j’ai réalisé que 360 dieux (idoles) ne m’étaient d’aucune utilité. » Craignant que son fils de 15 ans ne se convertisse à l’Islam, sa mère décida de le marier, pensant que sa vie conjugale avec une hindoue l’éloignerait de l’Islam. En effet, 12 enfants vont progressivement naître de cette union, pourtant Deen Mohammad Shaikh n’avait jamais perdu son attirance envers l’Islam. Il parvint à trouver un professeur nommé Sain Mohammad Jagsi qui lui enseigna le Saint-Coran et la Sunna. Avec son oncle, seul membre de la famille qui partageait ses convictions, il se convertit officiellement et prononça la Chahaada en 1989. Cette année marque un tournant dans sa vie, car il se donna pour mission de mettre à contribution ses dons de persuasion au profit de la da’wah. C’est le début d’une trépidante histoire qui commence dans son propre jardin où il prêche à sa famille. Peu à peu, il incite de plus en plus de personnes à se convertir à l’Islam. Parmi eux, Sikandar Hayat, général à la retraite de l’armée pakistanaise, propose de le financer, mais Shaikh refuse et l’encourage plutôt à donner du travail aux nouveaux convertis.
Le général Hayat, ainsi que sa fille vont apporter une aide précieuse dans ce processus de da’wah entamé en 1989. En 2012, Deen Mohammad Shaikh affirmait que sa renommée s’était répandue et que des personnes de toutes religions et de toutes confessions confondues, désireuses de se convertir, venaient le voir.
Une petite mosquée a été construite dans sa résidence, ainsi que plusieurs salles où les enfants, principalement des filles, apprennent à réciter leurs prières et le Saint Coran. Par ailleurs, Shaikh faisait preuve d’une grande pédagogie vis-à-vis des nouveaux convertis. Au lieu de leur imposer les rigueurs de cette nouvelle religion et les faire fuir, il se contentait de leur imposer pendant quarante jours de « prier le fard », c’est-à dire les prières obligatoires. Cet emploi du temps allégé leur permettait de confirmer leur foi. Deen Mohammad Shaykh possédait il y a dix ans, un carnet d’adresses de toutes les personnes qu’il avait directement converties. Malgré 108 000 conversions comptabilisées à l’époque, probablement un record mondial malgré la rareté de sources chiffrées, Shaikh n’avait pas encore le sentiment d’avoir accompli sa mission de « daa’i ». En-tout-cas, il a déjà beaucoup accompli en faveur de la religion qui connaît la croissance la plus rapide au monde.
Abi Paul Laclé