Il y’a décidemment des comportements que la société a bien du mal à tourner le dos, malgré les conséquences désastreuses,  voire mortelles, qu’ils ont  sur la vie des enfants.

En dépit des efforts colossaux pour couper l’herbe sous les pieds à ces  agissements barbares, ces derniers restent  cependant ancrés dans notre société.  C’est pourquoi une conférence-débat portant sur « les pratiques traditionnelles néfastes aujourd’hui et hier » s’est tenue samedi soir dans la petite salle du palais du peuple.

Organisée par l’Institut de Recherche Indépendant de la Corne Afrique (IRICA) et le FNUAP, cette conférence  était l’occasion de tirer la sonnette d’alarme et surtout d’échanger avec le public sur un sujet qui n’a pas fini de faire couler de l’encre sinon beaucoup de sang !

Les panelistes étaient composés de médecins, d’universitaires et d’avocats du barreau de Djibouti. Citons notamment Dr Fozia Hassan, Dr Saad,

Dr Amina Said Chireh et Dr Abdoulkader Hassan qui ont animé cette conférence avec beaucoup de passion et d’enthousiasme. Notons aussi la présence remarquée de la ministre de la Femme et de la Famille, Moumina Houmed Hassan, de parlementaires et d’autres figures publiques comme la directrice générale de la CNSS, Deka Ahmed Robleh, la vice-présidente de l’UNFD, Hasna Houmed Bilil,  parmi le public venu en nombre.

C’est par la projection d’un court- métrage relatant l’histoire de notre pays, son parcours et son développement que s’est ouverte la conférence centrée sur « les pratiques traditionnelles néfastes entre hier et aujourd’hui ».

Secret de polichinelle : ces pratiques traditionnelles néfastes sont multiples. C’est pourquoi les conférenciers se sont d’abord attelés à sensibiliser le public sur la dangerosité de  ces pratiques traditionnelles néfastes. Expliquer aux participants l’utilité des organes de notre corps et celui de nos enfants constituait le premier volet de cette conférence. Les enfants, garçons comme filles sont victimes de ces actes d’où la nécessité pour les médecins d’éclairer la lanterne des participants sur l’importance de chaque organe. Prenant la parole en premier lieu,

Dr Saad a étayé l’importance des organes auxquels les guérisseurs traditionnels s’attaquent.

A entendre ce médecin, couper un organe situé au niveau de la bouche et du nez amène automatiquement des problèmes à l’enfant.

Lui succédant au micro, Dr Fozia Hassan, pédiatre, s’est ensuite adressée au public pour une intervention ponctuée d’exemple et d’argumentation.

Elle a d’abord fait la lumière sur un amalgame entre les pratiques traditionnelles et la médecine traditionnelle. « La médecine traditionnelle et la médecine conventionnelle ne sont pas dans un antagonisme. La médecine conventionnelle n’est que la continuité de la médecine traditionnelle», a-t-elle dit en substance. Bien que médecine traditionnelle et médecine conventionnelle soient complémentaires, la médecine traditionnelle possède une large palette de réponses centrées sur l’homme dans son contexte. « C’est qui est particulier à la médecine traditionnelle, c’est qu’elle replace l’individu au sein du collectif. Ce n’est pas une personne malade mais c’est une personne malade au sein de la communauté ». Les pratiques traditionnelles néfastes se définissent comme « des violences contre les enfants », Ces pratiques sont les mutilations génitales féminines, les mariages précoces, l’extraction des dents, le curetage anal et nasal, les scarifications et l’usage de pointes de feu pour soulager des douleurs voire soigner des pathologies abdominales, etc…

S’appuyant sur des images chocs de cas enfants victimes de ces pratiques, le médecin n’a rien laissé au hasard pour démontrer l’atrocité de ces agissements barbares.  « Et le comble dans tout ça, c’est la normalité et l’indifférence de la société face à ces souffrances », a martelé avec insistance Dr Fozia Hassan.

C’était ensuite au tour de Dr Abdoulkader Hassan, avocat au barreau de Djibouti d’apporter des éclaircissements juridiques sur les textes de loi qui garantissent la protection de l’enfant.

A l’issue des interventions officielles, la ministre de la Femme et de la Famille s’est dite réjouie de l’initiative et a encouragé les organisateurs à poursuivre ce type de conférence et d’action de sensibilisation. Mme Moumina Houmed Hassan a mis l’accent sur l’importance de traduire ces interventions dans les langues locales afin de pouvoir toucher le grand public et accroitre l’impact du message de sensibilisation.

Puis, les panélistes et le public ont eu des échanges très denses autour des voies et moyens susceptibles de soustraire l’enfant aux souffrances de ces violences d’un temps révolu.

Sadik