Alors qu’une décision de la justice américaine l’enjoint à régler une amende de 200 millions de dollars au groupe portuaire dubaïote dans le litige relatif au contrôle du terminal à conteneur de Doraleh, l’État djiboutien contre-attaque, déterminé à ne rien lâcher.  

Le bras de fer entre la république de Djibouti et le groupe dubaïote DPWorld pour le contrôle du terminal à conteneur de Doraleh connaît un regain d’intensité ces derniers jours. Le 25 juillet, le tribunal du district de Columbia, aux États-Unis, a rendu exécutoire une amende de 200 millions de dollars (184,2 millions d’euros) prononcée à l’encontre de Djibouti en 2022 par le tribunal international d’arbitrage de Londres (LCIA).

Pour autant, l’État de la Corne de l’Afrique ne s’acquittera pas de cette somme, explique Hassan Issa, inspecteur général de l’État de Djibouti, joint par Jeune Afrique : « Cette décision n’aura aucun impact sur l’État puisqu’il n’y a aucun actif de Djibouti à l’étranger que la justice pourrait saisir. La République de Djibouti n’a d’ailleurs pas cherché à se défendre dans ce dossier. »

Une bataille gagnée pour Djibouti

Parallèlement à cette décision de justice, un autre volet de l’affaire qui remonte à 2018 a vu sa conclusion le 30 juillet. Cette fois-ci, c’est la cour d’appel américaine pour le district de Columbia qui a donné raison à Djibouti en annulant un jugement rendu en 2023 par un tribunal fédéral de première instance des États-Unis. Celui-ci condamnait l’État djiboutien à verser 474 millions de dollars à la société Doraleh Container Terminal (DCT), ex-société concessionnaire du terminal à conteneur de Doraleh, détenue à 33,33 % par DP World et à 66,67 % par l’État djiboutien.

Selon Hassan Issa, le juge d’appel, au contraire de la LCIA et du tribunal de première instance du district de Columbia, a considéré que DP World et ses avocats ne disposaient pas d’un mandat clair pour représenter DCT et ouvrir une procédure aux États-Unis en son nom.

De fait, depuis 2019, un administrateur de la Doraleh Container Terminal a été nommé par la justice djiboutienne. Il est le seul représentant de l’entreprise, selon la justice américaine, habilité à représenter l’entreprise.

Également contactée par Jeune Afrique, l’entreprise DP World n’avait pas formulé de réponse quant à d’éventuels recours à l’heure de la publication de cet article.

De son côté, Djibouti, par la voix de son inspecteur général de l’État, se dit ouvert à la négociation, « dans le respect des intérêts légitimes de chacun ». Si des discussions ont bien eu lieu, elles semblent au point mort désormais. « [DP World] veut revenir à la situation d’avant la rupture de la concession, c’est-à-dire contrôler à 100 % la gestion de la société en étant actionnaire à 33,33 %. C’est inacceptable pour nous », tranche Hassan Issa.

Publié le 1er août 2024

Source : Jeune Afrique