de la semaine Wahib Abdo Mohamed : Un touche-à-tout C’est un globe trotter, un esprit libre. Un homme qui a toujours voulu bouger. Découvrir d’autres horizons, d’autres cultures. Un citoyen du monde. Ouvert d’esprit, d’une gentillesse désarmante. Un bourlingueur qui, tout jeune a voulu quitter son pays. Un doux rêveur.  Un poète à ses heures perdues. Portrait d’un touche-à-tout.

Né en 1962 dans le quartier d’Ambouli, Wahib dont les grands  parents étaient d’origine yéménite a été élevé dans l’austérité  par un père  gendarme et     une mère au  foyer. Il y passe plutôt une enfance douce avec une fratrie de 4 personnes. La famille est modeste mais a l’essentiel. A l’orée  de son ’adolescence, il contraint son père à accepter sa demande de partir en France. «Le  jour où il m’a accompagné à l’aéroport, mon père avait les larmes aux yeux. C’était un saut dans l’inconnu d’un petit garçon  qui a grandi auprès des siens. » Une fois débarqué en France, il erre quelques jours en plein Paris. Heureusement qu’il retrouve quelques jours après, M.Chehem Watta, un ami de la famile  qui était à l’époque étudiant dans la capitale française.  Il l’accueille dans sa chambre d’étudiant qu’il partage avec lui. « Je me suis inscrit au collège et j’ai repris mes études.», dit-il avec nostalgie. Une fois son brevet en poche, il décide de partir en Normandie et s’installe dans la ville de Caen et précisément dans un petit village nommé Falaise où il s’inscrit dans un internat. Les  études secondaires bouclées il est conscrit dans l’armée française dans la ville de Rouen au 13e régiment d’Infanterie. Une carrière militaire qui l’a forgé en quelque sorte et dont il garde de nombreux souvenirs. Au sein de l’armée il apprend le métier de cuisinier et devient rapidement un chef dont les plats sont appréciés. C’est dans la vielle de Deauville toujours en Normandie qu’il exerce durant de nombreuses années ce métier au sein d’un grand hôtel 5 étoiles où il servait les grands clients comme Omar Charif,  Robert Hossein, Gander King etc… Il a aussi travaillé  dans la campagne en France dans les champs de maïs, il s’est frotté au froid dans les petits villages où il n’y avait pas de chauffage.

Ensuite, il entame une longue pérégrination qui le conduit à Londres, à Bruxelles, à  Saint Domingue, en Guadeloupe,  Saint Martin,  la Martinique et à d’autres coins du monde. « J’ai pratiquement côtoyé presque toutes les nationalités. J’ai dormi sous un même toit avec des allemands, espagnols, italiens,  chinois,  vietnamiens, créoles  etc . Il me manque seulement les aborigènes d’Australie et les Inuits du pôle Nord», dit-il fièrement.  « Ces voyages m’ont ouvert l’esprit »,

ajoute t-il.

Il s’entiche d’une belle fille martiniquaise nommée Jacqueline avec laquelle il  s’est marié et a eu un garçon.  Durant trente  ans il vit dans ce territoire d’outre-mer que la nature a gâté. Un climat doux durant toute l’année. La température ne dépassant jamais 25 degré. Une agriculture dense. On y trouve toute sorte de fruits exotiques. Une mer aussi riche où on trouve des espèces divers de poissions, des crevettes etc… «Là bas la vie  est belle. J’ai trouvé la paix de l’âme.  C’est un petit coin de paradis. Avec une population accueillante et tolérante.».

A ses heures perdues, wahib est un poète.  Il écrit pour la nature, l’entente entre les peuples, la tolérance, la fraternité entre les humains, mais aussi pour les animaux dont il défend la cause. Les hommes et la montagne :  «Les hommes et la montagne sont deux aspect différents  d’une même chose / Je suis un chat, un chien, un dauphin, un arbre, l’océan et la rivière/ Je suis  le sel , le sucre, le feu et le gaz, tous les éléments de la nature coulent dans mes tissus / Tous les êtres vivants sont liés par la chaine de l’existence, c’est une chaine invisible  comme le champ magnétique ou les ondes de l’univers/»

Des vers qui viennent du fond de ses tripes. Des cris d’alarme pour sauver la nature. Un appel à la conscience des humains pour une fraternité entre les peuples. Il écrit aussi pour sa Djibouti dont il dit qu’elle est la porte de l’humanité , la  Suisse de l’Afrique. Un havre de paix.

Il est aussi un écolo, un amoureux de la nature. Il aime planter des arbres. En plein quartier 6 il a expérimenté et planté une dizaine. Et ça marche plutôt bien.  « Si nous plantons chacun un arbre, cela atténuera la canicule et nous permettra de passer un été moins toride.  »

Une chose est sûre Wahib est un djiboutiens atypique. Il est aussi un ancien grand joueur qui a évolué dans le championnat de France avec le club de la ville  de Caen en troisième division .  Il a même essayé le 7e art en tournant un court métrage Un touche-à-tout serait-on tenté de dire.

Bon vent l’artiste !

Kenedid Ibrahim