Il est unanimement admis que les déchets de sachets plastiques sont nocifs pour l’environnement. Leur gestion et la lutte contre leur pollution constituent un véritable casse tête pour les services concernés. Dans la capitale comme le reste des régions de l’intérieur, les rues sont décorées par des ordures généralement en plastique jetées par des usagers sur la voie publique. Les canalisations d’eau pluviale, en plus d’un manque d’entretien périodique, sont en majorité bouchées par une quantité importante de ces déchets plastiques.
Ces canalisations souvent obstruées impactent négativement nos voiries urbaines. Celles-ci se <<meurent>> avant la fin de leur durée de vie pour lesquelles elles ont été dimensionnées. Une route bien dimensionnée a généralement une durée de vie de 15ans mais à condition qu’elle soit accompagnée d’un minimum d’entretien. Il semblerait que les Djiboutiens semblent s’accommoder de ce décor peu reluisant. Les conséquences du phénomène sont néfastes. Il convient de souligner que la non-biodégradabilité des déchets plastiques facilement transportables par le vent qui circulent dans nos rues amène d’autres malheurs : l’imperméabilité des sols, l’insuffisance de la recharge de la nappe phréatique, l’obstruction des caniveaux, les maladies cardiovasculaires liées à l’émission des polluants organiques persistants qui sont toxiques pour la santé humaine, la pollution visuelle et olfactive. Cependant, depuis quelques jours, la mairie et plusieurs autres services de l’Etat cherchent des voies et moyens pour améliorer la situation. Pour lutter contre ce fléau, ils ont lancé des actions visant à rendre la capitale propre. Un défi qui consiste en des opérations de nettoyage des quartiers qui se déroulent tous les samedis du mois et sur toute l’étendue du territoire national. Parallèlement, une campagne d’abattage des chiens errants a également été lancée par la mairie. Malheureusement, nous avons l’impression que la grande mobilisation engagée dès le début des opérations commence à faiblir. Cette attitude n’est pas nouvelle chez nos concitoyens. Pourtant, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme disait Antoine Lavoisier.
Par ailleurs, il existe des procédés de recyclage des sachets plastiques pour préserver l’environnement. Plusieurs pays d’Afrique de l’ouest ont adopté cette technique de recyclage à partir des sachets plastique. J’ai moi-même assisté à la mise en œuvre de cette technique dans une petite entreprise à l’occasion de ma formation en génie civile en Cote d’ivoire il y a deux décennies de cela. Le procédé est simple et assez facile à réaliser. Les agents procèdent d’abord à un tri des sachets plastiques lors du ramassage des ordures ménagères à travers la ville d’Abidjan. Le tout est ensuite fondu dans de grosses cuves. Ensuite, ils ajoutent du sable au plastique fondu, avant de reverser la pâte dans des moules. Au bout d’une demi-heure, on obtient du pavé.
Compte tenu de la pollution créée par ces sachets plastiques, deux possibilités majeurs semblent s’offrir à nous pour juguler le phénomène: 1) initier une approche innovante en mettant en place des petites unités de production des pavés, briques, parpaings à base de sachets en plastiques recyclés. Des bâtiments construits à base de ces matériaux recyclés résistent mieux aux aléas climatiques et offrent aussi une garantie en matière de solidité. Cela pourrait également offrir d’opportunités d’emplois aux jeunes de plus en plus désœuvrés. 2) proposer d’autres matières (cartons, papiers, etc.) en remplacement de ces sachets en plastique. Ces mesures pourraient contribuer à coup sûr à l’amélioration de notre santé et à l’esthétique de notre environnement.
A Djibouti, un arrêté présidentiel portant sur l’importation et la commercialisation des sacs et emballages non biodégradables a été pris le 20 avril 2016. Depuis cette date, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Face à cette situation préoccupante, il faudra trouver des solutions économiques durables et viables pour mettre fin aux nuisances sur l’environnement causées par les déchets plastiques. En attendant, un seul slogan pour éveiller les consciences de la population sur la question: Ensemble, agissons pour la préservation de notre environnement. Cela y va de l’intérêt général.
SOULEIMAN MOUMIN ROBLEH