Le besoin de tâter le pouls des bénéficiaires du Programme National de Solidarité Familiale (PNSF) et celui de l’Assistance Sociale de Santé (PASS), mis en œuvre par le gouvernement djiboutien à travers le ministère des affaires sociales et des solidarités (MASS) en collaboration avec ses partenaires onusiens, m’a conduit le weekend passé à Balbala et plus particulièrement dans la zone ‘‘Ali Goubeh’’  du secteur T3 dans le quartier Cheikh Moussa de cette commune où vie une tranche assez importante de citoyens en situation de précarité extrême.

Dans le cadre de la lutte contre la vulnérabilité, le gouvernement djiboutien a mis en place deux programmes visant à soutenir les citoyens les plus nécessiteux. Mis en œuvre par le ministère des affaires sociales et des Solidarités (MASS), lesdits programmes respectivement intitulés ‘‘Programme National de Solidarité Famille , (PNSF)’’ et ‘‘Programme d’Assistance Sociale de Santé’’ ( PASS) dont l’un est destiné à l’amélioration de la sécurité alimentaire des familles pauvres et l’autre à garantir une couverture d’assurance maladie à ces ménages vulnérables, qui n’ont pas accès aux soins de santé, couvrent une large tranche de nos concitoyens pauvres. Les chiffres publiés par le MASS indiquent que quelque 12 362 familles sont bénéficiaires du PNSF et environ 27 000 autres du PASS.

Dans le but de savoir l’impact de ces deux programmes sur la vie des bénéficiaires, nous nous sommes rendus, le weekend dernier à Balbala et plus particulièrement dans la zone ‘‘Ali Goubeh’’ du secteur T3 dans le quartier Cheikh Moussa de cette commune qui abrite une tranche assez importante de citoyens en situation de précarité extrême.

Arrivée sur les lieux, une représentante du conseil de quartier Cheikh Moussa de la commune de Balbala, responsable du secteur, en l’occurrence, Saada Omar Wais nous accueille et nous conduit auprès des ménages bénéficiaires.

Dans un local, non loin de la route bitumée traversant ce quartier, où nous nous sommes rendus en premier, nous avons été accueillis par la mère du foyer. Kadra Omar Kalinleh, c’est son nom, est visiblement enchantée de voir des professionnels de la presse écrite s’intéresser à leur quotidien. Elle nous invite à s’asseoir sur des petits tabourets, les seuls dans ce local de 2 petites chambres construit avec des vieilles tôles. La maison semblait à priori vide, dépourvue d’immobilier, sauf quelques coussins et des matelas servant de couchettes pour les 11 membres de cette famille. Kadra Omar Kalinleh vit avec ses 10 enfants dans ce petit local qu’elle a hérité de son défunt mari. «Je bénéficie depuis 6 ans le programme d’aide du gouvernement» nous apprend Kadra avant de nous faire part qu’elle recevait l’aide par le système de transfert monétaire. D’un geste prompt, la femme sort d’un sac à main, une carte électronique et nous apprend qu’elle récupère chaque fin de mois avec celle-ci, une ration alimentaire composée de riz, de pâtes, du sucre, de boîtes de lait en poudre, d’huile de cuisine,… etc.

Pour répondre à notre question concernant le processus qu’elle a suivi pour bénéficier, l’aide, Mme, Kadra Omar déclare : «Auparavant, nous n’avions rien à manger.  La responsable du quartier, Saada Omar Wais, qui était au courant de notre situation, a ramené le personnel du ministère à la maison pour leur faire part de notre situation. Nous avons été enregistrés par la suite et depuis, nous recevons d’une manière automatique la ration alimentaire. Le 10 de chaque mois, je me rends avec ma carte à une boutique de la place qui me remet un lot de ration alimentaire destiné à couvrir la consommation d’un mois de cette famille de 11 personnes».

Située à une centaine de mètres plus loin, sur un secteur enclavé et difficile d’accès en voiture, la demeure de Hawa Doualeh Abdillahi (une autre bénéficiaire du PNSF), où nous nous rendîmes par la suite n’avait ni électricité, ni eau courante.

Hawa Doualeh Abdillahi est une mère âgée d’environ 35 ans. Elle a 8 enfants, dont l’aînée a 19 ans et le plus petit n’a pas encore 5 ans.

Evoquant le local qu’elle habite, «La moindre pluie mouille les matelas avec lesquels nous dormons ainsi que les manuels des enfants et nos habils» dit-elle. En effet, construit avec des matériaux précaires tels que les vieilles tôles rouillées et des planches, le toit du local laisse passer les rayons du soleil, et en cas de pluie n’en parlons pas ! «Mon mari est au chômage. Ce local que nous occupons depuis quelques années appartient à un cousin proche de mon mari et il nous a autorisé à habiter gratuitement» explique Hawa.

Pour ce qui est du Programme National de la Solidarité Famille (PNSF) Hawa et ses enfants en bénéficient depuis 3 ans. «Avec la carte délivrée par le ministère des affaires sociales et des solidarités, je reçois régulièrement une ration alimentaire pour un mois» a-t-elle précisé par la suite.    

Concernant le second programme mis en place par le gouvernement pour soutenir les familles djiboutiennes en situation de précarité extrême, celui d’assistance Sociale de Santé (PASS), Hawa affirme «Grâce à la carte d’assurance maladie qui m’a été délivré par la MASS, nous avons accès aux soins. Les médicaments nous sont également délivrés gratuitement».

Pour cette mère de famille, les frais d’étude de son fils aîné qui est allé cette année à l’Université, ainsi que la situation du local qu’elles habitent, la préoccupent énormément. «Comme nous n’avons rien, nous n’avons pas pu payer les frais d’inscription. Les voisins ont collecté les 25 000 FD. Je ne sais pas comment on va faire pour les années à venir» nous dit-elle, les larmes aux yeux pour conclure son récit.

Ces témoignages reflètent le succès de ces deux programmes et confirment leurs utilités pour des nombreuses familles en situation de précarité extrêmes vivant sous les cieux djiboutiens.

Rachid Bayleh