La république de Djibouti a été désignée par l’ONU pour accueillir les opérations de transvasement du pétrole qui est à l’intérieur du pétrolier Safer, échoué au large du Yémen, vers un supertanker appartenant à l’organisation onusienne. Zoom sur une éventuelle catastrophe que le monde doit impérativement éviter.

Si le pétrolier Safer vieux de 40 ans se brisait aujourd’hui, une catastrophe environnementale d’ampleur inégalée risquerait de se produire en mer Rouge. En effet, durant les années de guerre civile au Yémen, aucune opération de maintenance n’a été effectuée sur la plateforme pétrolière, qui fait la taille de trois terrains de football. Conséquence de cette situation : les conduits et la muraille du navire sont rongés par la rouille et les gaz hautement explosifs ne peuvent plus être aspirés. À cela s’ajoute le fait que le pétrolier est entouré de mines. La plateforme contient quatre fois le volume de pétrole de l’Exxon Valdez lorsque celui-ci s’était brisé en 1989, jusqu’à présent l’une des pires catastrophes pétrolières au monde. Un naufrage aurait des répercussions majeures sur les habitants du Yémen et de la région ainsi que sur l’habitat naturel en mer Rouge : les Nations Unies estiment à 12 millions le nombre de personnes qui seraient directement touchées par des dommages environnementaux et de santé. Une marée noire détruirait l’écosystème durant des décennies et le commerce international passant par le canal de Suez en serait considérablement perturbé.

Le pétrolier ne se trouvant qu’à huit kilomètres au large de la côte yéménite, les ports d’Al Hodeïda et de Salif seraient directement menacés. Or ces ports sont indispensables pour faire venir des aliments et des biens humanitaires dans le pays. L’existence de près de 20 millions de Yéménites dépend de la livraison de ces biens. La situation au Yémen est d’ores et déjà qualifiée de plus grande famine de notre époque.

L’opération de sauvetage peut commencer. Pour éviter que ce scénario apocalyptique ne se produise, une conférence des donateurs a été lancée le 11 mai dernier et une conférence de haut niveau a été organisée en marge du débat général de l’ONU à New York.

À cet effet, un fonds d’affectation spéciale géré par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a été mis sur pied. L’objectif est clair et simple : rassembler un total de 113 millions de dollars US afin d’éviter une catastrophe qui occasionnerait des dégâts irréparables à hauteur d’au moins 20 milliards de dollars US.

Un jalon a été posé cette semaine: plus de 75 millions de dollars US ont été levés pour l’opération de sauvetage.

Les Nations Unies disposent désormais ainsi de moyens suffisants pour commencer la première phase de l’opération d’urgence et pomper le pétrole pour le transférer sur un autre navire citerne. Près de 40 millions de dollars US sont encore nécessaires pour la phase suivante, qui consistera à stocker le pétrole de manière sûre et durable. Par conséquent, l’Allemagne a encore augmenté sa contribution de deux millions d’euros supplémentaires, portant celle-ci à 12 millions d’euros au total et faisant de Berlin le deuxième donateur de l’opération.

Si l’on avance maintenant sur la voie d’une solution, c’est aussi grâce à l’aboutissement de longues négociations avec les parties en conflit au Yémen.

En mars dernier, les Houthis et le gouvernement yéménite sont convenus, par l’entremise des Nations Unies, d’une opération de sauvetage.