Les travaux du 4e Dialogue judiciaire africain ont débuté mercredi dernier à Kampala.  La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, sous l’égide de l’Union africaine et en collaboration avec le gouvernement de la république de l’Ouganda, a organisé du 30 octobre au 1er novembre 2019 à Kampala le quatrième dialogue judiciaire africain sur le thème « Faire face aux problèmes contemporains des droits de l’homme, le rôle du pouvoir judiciaire en Afrique ».

L’objectif principal du quatrième dialogue judiciaire était d’identifier les principaux problèmes de droits de l’homme auxquels l’Afrique est actuellement confrontée et le rôle que le pouvoir judiciaire pourrait jouer pour y faire face.

Les activités du dialogue se sont déroulées en arabe, en anglais, en français, en portugais et en espagnol pour faciliter la communication aux différents participants.

L’invité d’honneur, le général Yoweri Kaguta Museveni, président de la république de l’Ouganda, a honoré de sa présence la cérémonie d’ouverture du dialogue et a prononcé le discours liminaire et d’ouverture : « l’importance du dialogue judiciaire en vue du renforcement de la promotion et de la protection des droits de l’homme en Afrique ». Il a fait observer que la lutte pour la jouissance effective des droits de l’homme est influencée par deux défis principaux : les effets de la nature sur l’homme (caractérisée par des inondations, ouragans et d’autres phénomènes naturels) et l’attitude de l’homme envers l’homme (caractérisée par la dictature, la violence, la violation des droits de l’homme et autres). C’est pourquoi il a appelé les magistrats présents à ce 4e Dialogue à adapter les «concepts bourgeois» utilisés dans le droit international à la réalité du terrain africain, ce qui, estimera-t-il, ne constitue en rien une atteinte aux droits de l’homme. Aussi, monté à la tribune avec sa tasse de café à la main, le chef de l’Etat ougandais dira que «la crise que vous devez examiner aujourd’hui est celle des concepts capitalistes et bourgeois contenus dans nos lois». «Le système juridique africain est une transplantation du système libéral et bourgeois qui crée des tensions et des conflits au sein de nos sociétés», a-t-il appuyé. Usant d’humour et d’ironie, il témoignera devant l’assistance d’une expérience personnelle où, dans un pays d’Europe du nord, il a été menacé de «prison parce que j’ai voulu apprendre à mon fils de bien se tenir à table» !

De ce fait, poursuivra-t-il, le système judiciaire africain doit être efficace afin d’aider l’économie à se développer et ce, à travers des stratégies et des visions multidimensionnelles intégrant, entre autres, les aspects liés aux droits élémentaires humains, à l’immigration, les déplacements des populations, la sécurité et le terrorisme. Le président Museveni a indiqué que les droits de l’homme sont interdépendants et ne doivent pas être dissociés des réalités de notre quotidien. En outre, il a fait valoir que le pouvoir judiciaire devrait adopter une approche globale afin de garantir leur harmonie, a-t-il conclu.

En outre, les participants s’intéresseront à la problématique du terrorisme et protection des droits de l’homme : développement et droits des peuples autochtones. Au final, les travaux de cette quatrième rencontre judiciaire continentale qui s’est achevée vendredi 1er novembre, se sont conclus par l’adoption d’un plan d’action visant à renforcer la collaboration des autorités judiciaires africaines en matière de protection des droits de l’homme sur le continent. Ceci étant, durant le déroulement de ce Dialogue judiciaire continental, les discussions étaient portés sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des recommandations du troisième Dialogue judiciaire tenu en 2017 dans la capitale tanzanienne Arusha. Financé par l’Union européenne, la Coopération internationale allemande (GIZ) et la Banque mondiale, cette quatrième session du Dialogue, abritée par l’Ouganda, a réuni les institutions judiciaires continentales et régionales du système africain des droits de l’homme et les représentants des juridictions nationales de toutes les régions politiques et linguistiques de l’UA, ainsi que des différents systèmes juridiques.