
Au terme de trois jours de formation, le ministre du Commerce et du Tourisme, Mohamed Warsama Dirieh, a remis hier matin des certificats aux artisanes vannières, scellant ainsi leur entrée dans un processus de professionnalisation inédit. Organisée par l’Office Djiboutien de la Propriété Intellectuelle et Commerciale (ODPIC), en collaboration avec l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI), cette session qui a débuté le lundi dernier au Sheraton hôtel avait pour ambition de doter les créatrices, d’outils juridiques, commerciaux et marketing leur permettant de transformer leur savoir-faire ancestral en véritables actifs économiques protégés.

Intitulé « Initiation à la Propriété Intellectuelle pour les Artisanes Vannières de Djibouti, un parcours de PI de la main à la marque », l’atelier de formation a réuni au Sheraton hôtel des femmes venues de Djibouti-ville, mais aussi des régions de l’intérieur telles qu’Ali-Sabieh, Arta, Dikhil, Tadjourah et Obock. Pour la majorité d’entre elles, âgées de plus de 45 ans et vivant de revenus modestes, la vannerie constitue un savoir-faire pratiqué de manière occasionnelle ou permanente. Si beaucoup d’entre elles ont un niveau scolaire limité, leur motivation et leur volonté de préserver et de valoriser ce patrimoine culturel ont été les véritables moteurs de cette initiative. Afin de garantir une bonne compréhension des contenus, des dispositifs de traduction ont été mis en place dans toutes les langues locales. Cette initiative permet de mieux véhiculer le message, de favoriser l’appropriation des connaissances et d’assurer une participation active de l’ensemble des artisans, quelles que soient leurs origines linguistiques.
Cette formation, dispensée par des experts nationaux et internationaux dépêchés par les deux institutions organisatrices, a permis aux participantes d’acquérir des connaissances essentielles sur les mécanismes de la propriété intellectuelle, notamment les marques collectives, les dessins et modèles industriels. Les artisanes ont ainsi appris comment identifier les droits applicables à leurs produits, comment déposer une marque ou protéger un modèle, et surtout comment sécuriser juridiquement leurs créations.

Outre la dimension juridique, les cadres de l’ODPIC, organisateurs de ce programme d’envergure, ont insisté sur la nécessité de stimuler la créativité et l’innovation dans le secteur de la vannerie. Les bénéficiaires ont été encouragées à s’ouvrir aux tendances internationales, tout en affirmant leur identité culturelle à travers des pièces originales et modernes. Il est à noter qu’au cours de ces trois jours de formation les artisanes vannières bénéficiaires ont également été initiées aux fondamentaux du marketing artisanal : comment tester un produit, le lancer sur le marché, construire une image de marque forte et utiliser les réseaux sociaux pour en assurer la promotion. Des ateliers pratiques de photographie, de design produit et de communication numérique ont complété le programme, donnant aux artisanes des outils concrets pour valoriser leurs créations. La cérémonie de clôture, présidée par le ministre du Commerce et du Tourisme, M. Mohamed Warsama Dirieh, s’est tenue en présence du directeur général de l’ODPIC, Ahmed Mohamed Osman, de son adjointe, Madina Mohamed Omar, ainsi que de plusieurs hauts responsables.
Dans son discours, le ministre a salué l’engagement des artisanes et souligné que cette initiative s’inscrivait pleinement dans la Vision 2035 de Djibouti. « Ce que vous avez acquis ces jours-ci constitue un socle opérationnel. Vous pourrez désormais sécuriser vos créations, structurer vos offres et faire rayonner la vannerie djiboutienne comme un ambassadeur de notre identité nationale », a-t-il déclaré.
Il a insisté sur le rôle de la propriété intellectuelle comme levier de diversification économique, de promotion de l’inclusion sociale et de rayonnement international. Selon le ministre Mohamed Warsama, la vannerie n’est pas seulement un métier d’art, mais aussi un outil stratégique de développement qui peut générer des emplois, encourager l’auto-entrepreneuriat et renforcer le rôle économique des femmes.
De la théorie à l’action
Les prochaines étapes consistent à finaliser les dossiers d’enregistrement des marques collectives et des modèles, tout en poursuivant le mentorat pour accompagner les artisanes dans l’amélioration de la qualité, du design, du packaging et du positionnement de leurs produits. Les cadres de l’ODPIC envisagent également de renforcer les passerelles entre l’artisanat et des secteurs comme le tourisme, l’hôtellerie ou les plateformes de vente en ligne, afin d’ouvrir de nouveaux débouchés.
Le ministre a par ailleurs évoqué l’idée d’instaurer des distinctions lors des foires nationales et internationales, telles que le prix du produit le plus innovant ou de l’objet de vannerie le plus original, afin de stimuler davantage la créativité et de valoriser les meilleures productions. La vannerie, longtemps considérée comme une activité traditionnelle marginale, se hisse désormais au rang de vecteur de développement économique et culturel. En apprenant à protéger leurs créations, les artisanes djiboutiennes sécurisent non seulement une source de revenus, mais participent aussi à la préservation d’un patrimoine immatériel précieux, reflet de l’identité du pays.
Avec l’appui de l’ODPIC, de l’OMPI les artisanes vannières disposent désormais des outils nécessaires pour faire de leurs produits un emblème national et une marque « Made in Djibouti » porteuse d’espoir.
La clôture de cette deuxième session de formation ouvre une nouvelle ère pour les produits de vannerie djiboutiens, qui seront désormais protégés et valorisés, en vue de rivaliser sur les marchés régionaux et internationaux.
L’artisanat demeure un secteur essentiel, garant de notre culture et de notre identité. Toutefois, il peine encore à offrir aux artisans les moyens d’en vivre pleinement. L’intégration des outils de la propriété industrielle représente une opportunité majeure pour protéger leurs créations et valoriser leur savoir-faire sur les marchés nationaux et internationaux. Conscient de cette importance, le gouvernement djiboutien à travers l’ODPIC, a pleinement assumé ses responsabilités en mettant en œuvre des projets structurants visant à soutenir les artisans et à renforcer leur contribution au développement économique et culturel du pays, à l’image de l’initiative présente.