Dans cet entretien exclusif, le nouveau président du Conseil national de la société civile djiboutienne, Mohamed Abdi Guedi, aborde les missions du CNSCD,  ses champs d’intervention et ses perspectives d’avenir.

Vous avez été élu récemment. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots, pour nos lecteurs ?

Mohamed Abdi Guedi : J’ai 52 ans. Je suis marié et père de 2 enfants.  Diplômé d’une Licence de Lettres Modernes, Mention Français Langue Etrangère obtenue à l’Université de Dijon.

Tout au long de ma carrière, diverses tâches et responsabilités m’ont été confiées, d’abord au Ministère de l’Education Nationale et de  la Formation Professionnelle, puis au Ministère de la Femme et Famille

En effet, Enseignant de formation,  durant 20 ans (de 1988 à 2008), j’ai  successivement occupé les fonctions de professeur des écoles, professeur des lycées, conseiller pédagogique de proximité des enseignants stagiaires, chef d’établissement adjoint.

Ensuite, le 9 septembre  2008, j’ai été détaché au Ministère de la Femme et de la Famille pour appuyer ce département qui à l’époque avait pour dénomination le  Ministère de la Promotion de la Femme du Bien-Être Familial et des Affaires Sociales. Là,  durant 10 ans, j’ai occupé la fonction de Conseiller Technique. J’ai eu l’opportunité de travailler avec les associations de Djibouti ville comme celles des régions de l’intérieur sur  des programmes et projets de développement sociaux accès notamment sur la réhabilitation de la femme Djiboutienne , sur la protection et  promotion des  ses droits   ainsi que ceux  des enfants.

Ces longues années où j’ai travaillé au Ministère de la Femme et Famille m’ont permis de développer des fortes et  diverses compétences dans le  suivi de la mise en œuvre des projets à caractère sociaux et de me familiariser avec le fonctionnement et  le travail des associations.

En somme, j’ai toujours œuvré dans le social que cela soit sur le plan professionnel  ou dans les milieux associatifs.

Peu de gens connaissent le CNSCD. Qu’est que vous pouvez nous dire sur cette entité ?

Le Conseil National de la Société Civile Djiboutienne (CNSCD) est une structure de la Société civile djiboutienne qui a été créée en 2010 lors d’une grande   assemblée, qui s’est tenue  dans la ville de l’Unité, Dikhil.

Etaient présentes à cette rencontre  plus de deux cents associations de la capitale et des 5 régions.

A cette occasion, le premier président du CNSCD a été élu. Je suis le 5ème président élu de cette instance de la société civile djiboutienne qui est un organe de coordination et de renforcement de l’ensemble des Organisations de la Société Civile (OSC). Sa vocation première est de représenter et d’appuyer les OSC djiboutiennes dans tous les domaines relevant des missions dévolues à celles-ci.

Quelle est la situation actuelle de la société civile ?

Permettez-moi d’abord d’apporter une précision.  La société civile ce ne sont pas uniquement les associations habituelles loi 1901 mais ce sont aussi les syndicats, les associations de métiers et les ONG djiboutiennes.

Quant à l’état actuel de la société civile djiboutienne elle est composée à 90% d’associations type loi 1901. La société civile Djiboutienne est multiforme, et  en réalité, leur efficacité peut être améliorée.  Beaucoup d’associations ont besoin d’être renforcer pour mieux maîtriser les fondamentaux du fonctionnement d’une association. 

Par exemple certaines d’entre elles n’ont pas de siège. Nous voulons les aider à se doter d’un comité opérationnel, à tenir des réunions régulières…etc.

Il est important que nos associations comprennent que les activités au sein d’une association est fondamentalement un engagement citoyen basé sur le bénévolat. Il y a lieu d’entreprendre intelligemment un travail pédagogique  pour que toutes les associations comprennent  que  la fonction première de la société civile c’est d’œuvrer pour le bien commun d’une manière désintéressée.

A votre avis, quelles sont les champs d’intervention des associations dans notre pays ?

C’est une bonne question et à mon humble avis leurs champs d’intervention sont vastes. Ce sont l’ensemble des domaines dits sociaux : éducation, santé, solidarité, protection de l’environnement, paix et cohésion sociale, égalité des genres…etc. Les associations sont des partenaires essentiels du développement d’un pays et ils doivent œuvrer pour la paix et la concorde civile dans notre pays.

La société civile a un rôle primordial et  crucial à jouer dans le processus de  développement économique, social et culturel du pays du fait de sa proximité avec les populations et de sa maîtrise et/ou de sa connaissance des problèmes et défis réels qui se posent à elles.

A cet égard, elle a une mission de sensibilisation et de mobilisation de tous les acteurs étatiques comme les partenaires au développement dans une logique d’action pour participer de façon active au développement local.

Comment peut-on redynamiser la société civile djiboutienne ?

Nos associations ont besoin d’être restructurées et redynamisées pour être plus efficaces sur le terrain.  Elles ont besoin aussi d’un appui de matériels, de formations centrées sur les fondamentaux du fonctionnement d’une association.

Dans l’immédiat, nous projetons de démarrer  trois projets  que sont l’organisation des assises nationales sur la société civile,  la rédaction d’un guide pratique destiné à nos associations et la confection d’un annuaire de l’ensemble des associations djiboutiennes opérationnelles sur le terrain.    Mon souhait le plus ardent   est l’avènement d’une Société Civile Djiboutiennes bien structurée, productive, constructive et qui soit un partenaire actif  et crédible pour le développement de notre pays.

Pour que  les associations puissent  pleinement jouer leur rôle, il est impératif  qu’elles évitent  de s’éparpiller et que chaque association se recentre sur le but général pour lequel elle a été créée et autour duquel elle a mobilisé des bénévoles. Ce n’est que de cette façon qu’elles peuvent être efficaces et in fine  apporter une réelle  plus value au développement socio économique de notre  pays.

La société civile est-elle suffisamment entendue ?

Nous avons la chance d’avoir à la tête de l’Etat un président de la République attentif et  sensible aux problèmes sociaux et pour qui la société civile a une importance capitale. 

A titre d’exemple, certaines lois ont été adoptées en réponse à des préoccupations exprimées par les associations. C’est donc la preuve que la société civile est écoutée. Il ne faut donc pas s’étonner de la large participation de la société civile lors du grand rassemblement spontané des jeunes (qui sont d’ailleurs  une composante de la société civile). Je dois témoigner ici que la réponse positive du chef de l’Etat à l’appel de la jeunesse a ravi la société civile.

D’un autre côté, des efforts restent à faire pour que la population s’approprient des concepts et des principes qui nous sont chers : la cohésion sociale, l’entre-aide, le bien-être de nos populations,  la préservation de la paix, les réflexes patriotiques pour prendre soin de notre patrimoine commun (écoles, routes, hôpitaux,…). C’est ce à quoi nous allons nous  atteler dans un avenir très proche  pour préserver l’image de notre maison commune : notre magnifique pays.

Pour conclure, quel est votre dernier mot ?

En tant que président de la société civile, je compte apporter ma contribution pour édifier une société civile active et responsable. Une société civile résolument engagée dans l’accompagnement de tous les processus de développement social, économique, culturel et sportif dans lesquels est engagé notre pays.

Nous allons mobiliser toutes les ressources nécessaires pour établir un partenariat viable, basé sur la confiance mutuelle avec tous nos partenaires, publics comme privés.

La société civile djiboutienne doit être aussi cette voix qui conseille et oriente toute action sociale vers la bonne voie. Nous sommes prêts à relever ces défis.