
L’allocution du Premier ministre Abdoulkader Kamil Mohamed prononcée à l’occasion de la cérémonie de lancement de la semaine nationale de lutte contre le VIH/Sida avec pour thème « 20 ans d’antirétroviraux en république de Djibouti », organisée par le ministère de la Santé le lundi 11 décembre au palais du peuple.
(( La célébration de la semaine nationale de lutte contre le VIH/SIDA nous donne la belle opportunité de célébrer également les 20 ans de l’introduction des ARV en République de Djibouti.
20 ans est certes un âge où on atteint une certaine maturité. C’est également un moment charnier où on s’interroge sur le passé pour se positionner judicieusement pour l’avenir.
En effet, pour parvenir aux données affichées et étayées par les présentations auxquelles vous venez d’assister et dont nous sommes si fiers, la route fut longue et sinueuse. En cet instant solennel, je voudrais bien qu’on se remémore de toutes les difficultés, embuches et incompréhensions rencontrées au cours des premières années de l’apparition de ce fléau mondial en République de Djibouti et notamment le déni d’acceptation, la stigmatisation, les interprétations parfois erronées d’ordre religieuse, culturelle, etc. Il a fallu donc l’obstination, les engagements forts et louables des ministres de la santé de cette époque, la persévérance de ceux qui les ont succédés et en particulier la ferme volonté et les encouragements stimulants d’un Président de la République très sensible à cette question pour se frayer un chemin dans ce microcosme et instaurer un climat apaisé pour mener une lutte systématique et ordonnée contre le VIH/SIDA et ce sur plusieurs fronts.
La mise en place des programmes d’accès aux antirétroviraux au début des années 2000 soulevait certes un certain nombre d’inquiétudes de santé publique, notamment liées à l’insuffisance des connaissances scientifiques d’alors concernant l’efficacité à long et à court terme de ces thérapies. La situation sanitaire dans les pays du Sud, la complexité des traitements qui doivent a priori être poursuivis tout au long de la vie et nécessitent un suivi médical approfondi, la nécessité d’un bon niveau de développement des infrastructures de santé pour mettre en œuvre ces traitements et enfin le coût élevé des médicaments. Comme tout autre programme de santé nous avons exigé que les programmes d’accès aux antirétroviraux répondent à quatre exigences de santé publique : équité, rapport coût-efficacité optimal, accessibilité et acceptabilité pour les populations concernées, et durabilité.
Vous comprendrez donc qu’à cette époque, la mise en place d’un programme gouvernemental d’accès aux ARV témoignait de l’attention toute particulière accordée à la lutte contre l’infection par le VIH. Elle traduisait notre forte volonté politique. Ainsi, de la création du Secrétariat Exécutif de lutte contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme et des programmes de lutte contre le SIDA sectoriels à la mise en place du collège des ARV, notre système de santé s’est doté de tous les dispositifs indispensables pour mener cette lutte avec ténacité.
Depuis, un long chemin a été parcouru. Aujourd’hui, avec l’avènement de la trithérapie antirétrovirale, l’infection par le VIH/SIDA s’est progressivement transformée en une maladie chronique.
Longtemps synonyme de détérioration rapide de la santé et de décès, le SIDA est désormais une maladie avec laquelle on peut vivre une vie normale ou presque.
Les traitements antirétroviraux se sont considérablement simplifiés pour la majorité des patients. Le chemin parcouru par rapport aux traitements très compliqués du passé est donc considérable. Les prouesses pharmaceutiques projettent bientôt aboutir à deux injections bimensuelles selon les sources médicales. Il est donc, tout à fait naturelle qu’on espère très bientôt, c’est ma note d’optimisme, avoir accès à un traitement définitif qui éradique le virus.
C’est avec le même optimisme, et compte tenu des progrès réalisés au cours des dernières décennies, que les États membres des Nations Unies ont adopté en 2016 une résolution de l’Assemblée générale déclarant « l’accélération de la riposte pour lutter contre le VIH et mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030».
Au cours de la dernière décennie l’accès aux traitements antirétroviraux s’est généralisé en Afrique et donc nous ne sommes plus dans la formule controversée jadis évoquée ” « les traitements au Nord, les malades au Sud. »
Les engagements politiques multilatéraux qui ont conduit à ce progrès se doivent d’être poursuivi et renforcé en réaffirmant un engagement en faveur de la solidarité mondiale et en établissant des partenariats plus efficaces. Ainsi tout en sollicitant davantage d’appui de nos partenaires techniques et financiers je souhaite du haut de cette tribune adresser mes vifs remerciements en particulier au Fonds Mondial de lutte contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme pour son permanent soutien.
Par ailleurs, accélérer et pérenniser les avancées en matière de contrôle de cette maladie exigent une forte implication des acteurs communautaires et de la société civile pour éliminer la stigmatisation et renforcer la responsabilité des programmes sectoriels de lutte contre le VIH/SIDA mais également un renforcement du système de santé et à s’attaquer aux causes sociales qui menacent les progrès accomplis. Aujourd’hui, aucun pays de la région ne peut prendre du retard dans la lutte contre le VIH/SIDA afin que nous puissions honorer notre engagement collectif visant à parvenir à une génération sans sida d’ici 2030. Accélérons donc nos efforts.
Avant de conclure mon intervention, je voudrais publiquement adresser mes vives félicitations aux membres du Réseau National Djiboutien des Personnes Vivant avec le VIH qui s’assument et qui à découvert, faut il le rappeler, mènent au quotidien une lutte acharnée pour soutenir et accompagner les personnes vivant avec le VIH/SIDA.
Je ne saurai non plus oublier d’encourager à cette occasion tous les professionnels de santé qui contribuent à l’amélioration de la santé de la population générale et en particulier de ce groupe.
Enfin je salue cette initiative du Ministre de la Santé et de son équipe pour l’organisation de cette mémorable rencontre dont l’importance n’échappe à personne.))