Par A.A.-MAHE
Sur invitation de son homologue, Emmanuelle Macron, le président de la République de Djibouti, SEM Ismaïl Omar Guelleh, a effectué du 10 au 12 Février dernier, une visite officielle de 72 heures en France. Avant d’être reçu par le Chef de l’Etat français, le Président djiboutien avait eut une importante réunion avec le MEDEF, avant de se rendre au Sénat français et d’être reçu le lendemain à l’Elysée. Dans cet article, nous allons nous intéresser à l’entrevue du Président avec le MEDEF, la principale organisation patronale française. Et décortiquer les points dominants de son discours. Face à des hommes d’affaire de poids, principaux acteurs certainement du CAC 40 (le Wall Street français), le Président a été clair et direct. Son discours de vérité fut sous couvert de mise en garde voilée par une aisance diplomatique. Ce discours très remarqué, dont nous allons vous résumer la teneur, a été sans détours et sans langue de bois. Jugez-en !
Ce n’est pas la première fois que le leader djiboutien s’entretien avec des membres du MEDEF et qu’il leur tend la main. Sans que cela n’ai déclenché le moindre investissement. Qu’est-ce qui provoque cet empêchement où ce blocage ? Impossible de décrypter la raison.
Toujours est-il, Djibouti n’a jamais développé le moindre sentiment anti-français et leurs intérêts n’ont été mis en danger à aucun moment. Contrairement à ce que certains pourraient penser, ils sont mieux placés que quiconque et les portes du pays sont toujours restées grandes ouvertes pour eux. Malheureusement, ils donnent l’impression parfois d’avoir oublié les liens historiques qui nous unis et l’étendue des valeurs que nous partageons. On ne cessera jamais de le répéter, Djibouti est un îlot francophone au milieu d’un océan dominé d’un côté par des arabophones et de l’autre d’anglophones. La France ne peut donc pas ignorer l’effort surhumain que le pays déploie pour conserver cette culture, cette langue et empêcher d’être complètement envahi. Allez comprendre pourquoi, et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, la France a soutenu que le bureau régional de la francophonie soit ouvert ailleurs qu’à Djibouti ! C’est resté à travers la gorge de tous les Djiboutiens.
Au-delà de cette parenthèse, nos amis français doivent comprendre que Djibouti n’est la chasse gardée de personne et que tous les investisseurs sont les bienvenus. Y compris donc les français ! Comme l’a si bien dit le Président de la République, Djibouti est une terre « d’avenir et d’opportunités » qui est restée et restera toujours « un havre de paix et de prospérité ». Souhaitant que « la France et les entreprises françaises participent activement au développement de ces opportunités ».
Depuis 1982, la France s’est mise lentement à se détourner de Djibouti. L’arrogance de la presse fut insoutenable et le pays tout entier restait sous le choc. Un choc frontal qui a fait très mal à tout un peuple. Comment cela a été possible ? Nul ne le sait ! Tout ce que l’on peut dire, ce fut une action préméditée, conçu pour nuire la République de Djibouti, déstabiliser et lui faire très mal. Pour les anti-djiboutiens notoires de l’époque, ce fut une grande réussite. Pour le Président Djiboutien, ces temps sont révolus et son souhait c’est d’engager « un dialogue franc et décomplexé » qui pourra «permettre d’avancer et d’entériner » un partenariat fondé sur les « valeurs communes », « les avantages mutuels » et « l’équilibre des intérêts ».
« la France, qui est et restera un allié privilégié, a sa place dans le développement de Djibouti. Ne nous regardez jamais comme un champ clos de rivalités. Regardez-nous pour ce que nous sommes vraiment : un havre de paix et une terre d’opportunités ».
Devant les hommes d’affaire, le Président Ismaïl Omar a fait savoir que le pays s’est développé considérablement et énuméré tous les avantages qui pourraient attirer les investisseurs français. Annonçant que le secteur portuaire « est devenu l’un des trois plus importants en Afrique » ; que « huit câbles sous-marins de télécommunications atterrissent à Djibouti » ; Ou encore, que le système financier est non seulement « le plus stable de la région » mais que sa monnaie est « en parité fixe avec le dollar » et qu’elle est « convertible sans restriction ». Insistant, qu’il n’y a, à Djibouti, ni contrôle des changes, ni double marché des devises » ; et que, sa « masse monétaire a une couverture de 110% en devises fortes » dans une région où les paiements extérieurs sont un sujet de préoccupation et que le système bancaire commercial détient «l’équivalent de 50% du PIB en avoirs extérieurs ».
Les projets en cours d’investissements en réseaux de fibre optique et en data center feront de Djibouti un nouveau hub numérique qui s’ajoutera aux hubs logistique et financier déjà existant. Le Président a rappelé les 55 places gagnées en 2018 au classement « Doing Business » de la Banque Mondiale et la revalorisation de 38% que le FMI a portée au PIB.
« L’industrialisation est l’avenir du continent africain» déclare le Président, en enchaînant qu’à Djibouti « les zones franches industrielles pèsent 20% du PIB et créent de la valeur ajoutée aussi bien pour les marchandises qui transitent par les ports, que pour les matières premières de l’hinterland qu’elles transforment et conditionnent pour la réexportation». Ces zones franches forment le plus vaste ensemble de parcs industriels francs du continent. «Je vois, renchérit-il, des entreprises africaines et asiatiques et je m’en félicite. J’y verrais volontiers des entreprises européennes… Elles seront attendues, soutenues fiscalement et désirées ».
Pour faire taire les rumeurs infondées sur la dette contractée par la République de Djibouti, le Président n’a pas hésité à étaler ses cartes sur la table, pour être très clair, et affirmer que la dette « ne crée aucun risque macro-économique » à Djibouti. En précisant qu’elle est essentiellement composée «de concours d’aide au développement » et qu’elle est « de maturité longue et de taux bas ». Représentant 71% du PIB, contrairement aux prévisions erronées qui estimaient un dépassement du cap des 100%. La dette Djiboutienne, qui ne finance pas des dépenses courantes, est donc soutenable, selon le Président car, « elle a pour contrepartie des infrastructures et des équipements ». Ce qui veut dire que ces financements sont très rentables et qu’ils seront rapidement amortis. L’urgence de développement nécessite, selon l’exposé du Chef de l’Etat, l’élargissement du cercle de partenariat de telle sorte « qu’il n y ait ni d’exclusion, ni d’exclusivité à Djibouti ».
Pour conclure ses propos, le Président de la République, Son Excellence Ismaïl Omar Guelleh, a fait usage de mots simples et clairs dont le but est de mettre en confiance les hommes d’affaire français et de les rassurer en ces termes : «la France, qui est et restera un allié privilégié, a sa place dans le développement de Djibouti. Ne nous regardez jamais comme un champ clos de rivalités. Regardez-nous pour ce que nous sommes vraiment : un havre de paix et une terre d’opportunités ».
A bon entendeur, salut !!!