En terme symbolique, la télévision tout au long de ce mois spécifique est un membre à part entière de la famille, elle nous accompagne pour nous annoncer l’heure de la rupture du Jeûne de ramadan, et durant l’après-midi lorsque les ménagères préparent le foutour et dîner tout le monde est à l’affût des programmes télévisés de la soirée, principalement les séries turques et prophétiques.

Au cours de ce mois béni, la télévision djiboutienne prend une place et une perception particulière dans toutes les formes d’interactions sociales et individuelles. En ramadan, c’est l’occasion pour certaines familles de penser à changer de poste de télévision ou à en acheter un autre supplémentaire comme pour l’achat et le stockage des épices et des denrées de première nécessité, et la peinture à neuf de la maison, qui se fait généralement à l’approche du ramadan. Les séries sont des programmes fédérateurs, des séries censées parler à toute la famille rassemblée devant le petit écran telles que des séries autour de drames sociaux, humoristiques et prophétiques. Les productions turques ont inondé le marché des pays arabo-musulmans car la Turquie est une civilisation d’une grande culture très forte, qui dispose d’une longue tradition dans la production audiovisuelle. C’est un bonheur pour nous et pour un pays qui a connu récemment un drame.

Et dans ce panorama de séries, nous avons nos propres séries de Sketchs nationaux (afars et somalis) qui font un tabac auprès du public durant ce mois de ramadan à l’exemple de la comédie somalie « Sketch Ramadan » dont le tournage avait commencé bien avant le ramadan pour que les saisons soient diffusées au mois de ramadan. Selon le grand acteur de renommé théâtrale M. Osman Glucose : « Il s’agit d’un sketch qui met en lumière la problématique de la polygamie et le quotidien difficile du non jeûneur pour son infidélité et sa mécréance aux paroles d’Allah. Attention ne vous éprenez pas, nous nous sommes que des acteurs qui jouons seulement chacun son rôle, nous jeûnons comme tout le monde car le ramadan étant un pilier de l’islam est considéré comme une obligation pour les musulmans ».

D’habitude, la télévision djiboutienne diffuse davantage de productions nationales, dont une grande partie s’inspire du patrimoine culturel et régional ainsi que du vécu social quotidien, mais durant ce mois béni du ramadan, la programmation télévisuelle s’efforce de répondre au besoin de sociabilité soit que des émissions à caractère religieux dont le concours religieux du Ramadan, les Tafsirs du Coran, les séries religieuses et beaucoup d’autre hadiths invoquant la valeur et les vertus de l’islam, le comportement à adopter durant le mois béni..etc.

Or, selon M. Houssein Farid gendarme retraité habitant à Cheik Moussa, il nous dit : « Hélas, nombreux sont ceux qui, pendant leur jeûne jouent au pétanque, jacasser au bord de la rue entrain de commenter les dernières nouvelles de la BBC, et d’autres qui s’adonnent à leur télévision ou ordinateur pour regarder des films d’action et autres séries futiles et non religieuses afin de tuer le temps pour tromper leur faim et leur soif. Ils appellent cela « tuer » le temps alors qu’Allah le Très-haut a dit : “Par le Temps ! L’homme est certes, en perdition, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, s’enjoignent mutuellement la vérité et s’enjoignent mutuellement l’endurance”. Qur’an, sourate 130.

L’homme cultivé s’élève au-dessus de son clocher et de ses opinions, et en cela il doit affronter un arrachement douloureux en se cultivant durant ce mois béni que des émissions religieuses et surtout s’est consacré au Jeûne, à la prière et au Coran a-t-il terminé ».

À la différence des autres mois de l’année, la Radiotélévision de Djibouti diffuse durant le mois béni du ramadan une image dont le principal élément édifie la sociabilité familiale. Elle rapproche hommes et femmes, d’habitude cloisonnés de son côté, pour les intégrer dans un même et unique espace-lieu qui regroupe les membres de la famille élargie et invités.

Pour finir, on peut dire que la télévision rythme la vie intérieure, participe à l’animation dans l’espace familial puisqu’elle est présente après rupture du jeûne de la cuisine à la salle à manger, de la salle de séjour au salon pour s’insérer dans les rythmes et les habitudes de la vie domestique.

Saleh Ibrahim Rayaleh