Acteurs gouvernementaux, instances régionales, agences onusiennes, ONG et représentants de la société civile ont délibéré sur les voies et moyens pour renforcer la mise en œuvre de la politique nationale des migrations à Djibouti, lors d’un premier atelier multisectoriel organisé par le Bureau de coordination national pour les migrations, mercredi et jeudi dernier à Arta. Temps forts ! 

Un large consensus s’est dégagé des réflexions menées par les acteurs multisectoriels autour des axes prioritaires et des mécanismes d’actions pour une meilleure gestion des migrations à Djibouti. Le bureau de coordination national pour les migrations a pu s’enrichir des réflexions et des recommandations formulées par l’ensemble des parties prenantes pour identifier des priorités et définir des mécanismes d’actions efficaces pour une meilleure gestion des migrations. Autant dire que ce premier atelier multisectoriel autour des migrations a été un succès sur tous les plans.

Il ne pouvait en être autrement , eu égard à la qualité des acteurs et des parties prenantes sollicités par le Bureau de coordination nationale pour la migration qui a fait de son premier atelier multisectoriel sur les migrations un moment clé pour repenser la politique nationale, assortie d’une stratégie globale assortie d’un plan d’action sur mesure !

…Opérationnalisation. Ce premier rendez-vous a été judicieusement placé sous la houlette du ministère de l’Intérieur a réuni des acteurs clés comme les différents points focaux des ministères nationaux membres du comité de coordination nationale pour la migration, le ministère du Travail, l’INSD la CNDH, l’IGAD, l’OIM, la BMM et l’UE, ainsi que des ONG et des figures de la société civile. Le Préfet de la région d’Arta Mohamed Cheiko Hassan a donné le coup d’envoi de cet atelier en souhaitant que les travaux de cette rencontre puissent donner les résultats escomptés. Même son de cloche du côté de la Directrice du département de la Santé et du Développement Social de l’IGAD, Mme Fathia Aboubaker Alwan, qui a rappelé que les migrations constituent un challenge que les pays ne peuvent pas traiter seul, ce qui appelle à une collaboration régionale via la plateforme de discussions de l’IGAD, institution qui est prête à apporter l’appui technique et financier nécessaire pour une politique migratoire sûre, ordonnée et légale dans la région.  Le coordinateur du Bureau de coordination national pour les migrations, le Colonel Abdoulkader Ibrahim Gona a souligné l’importance de cet atelier de deux jours «qui permettra à chaque acteur et partie prenante d’apporter sa contribution active pour l’opérationnalisation du plan d’action quinquennal en définissant les thèmes prioritaires et l’aspect financier engendré pour leurs réalisations dans le préparatif d’une feuille de route qu’on ne peut pas achever durant ces deux jours ». Il a mis l’accent sur le « rôle déterminant de chacun des acteurs et parties prenante dans les échanges et réflexions qui aboutiront nécessairement sur des recommandations concrètes. » 

…Soutien accru. L’atelier visait une série d’objectifs à savoir un examen minutieux des priorités, défis et opportunités communs sur la gestion de la Migration à Djibouti afin de proposer au gouvernement les mesures appropriées pour y faire face à travers une stratégie nationale sur la migration. C’était aussi l’occasion de lancer une concertation et un dialogue entre les membres du gouvernement pour une gestion efficace et coordonnée de la situation des migrants, tenant dûment compte des préoccupations légitimes des communautés locales. Plus généralement, il s’agissait de faire des propositions sur toutes les mesures utiles dans le cadre de la gestion des migrants à Djibouti en concertation avec les partenaires non gouvernementaux et internationaux à savoir l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) et L’autorité intergouvernementale pour le développement, (IGAD). A ce titre, l’IGAD, l’OIM et la coordination nationale du BMM se sont dits disponibles pour fournir le soutien nécessaire à la mise en œuvre des activités du Bureau de coordination national pour les migrations afin d’améliorer la gouvernance de la migration dans le pays. Les acteurs institutionnels ont à cette occasion fait une série de présentations notamment sur le cadre institutionnel de la coordination, la plateforme des données avec l’Institut national de la Statistique de Djibouti, le programme de migration de l’IGAD, les actions de l’OIM, la CNDH, la BMM, etc.

…Priorisation. À la fin de l’atelier, un certain nombre de recommandations ont été faites. Celles-ci impliquent notamment l’harmonisation des connaissances et de la documentation de l’ensemble des acteurs et partenaires de la coordination du sujet de la migration, Y compris des acteurs locaux (préfets et élus). Plus encore, il a été recommandé de discuter du rôle et des modalités de fonctionnement des plateformes permettant de rassembler les acteurs chargés de la gestion des données sur la migration, de centraliser les données et les informations, ainsi que de coordonner les activités sur la migration (Sous-comités). 

Par ailleurs, il a été jugé opportun d’élaborer un cadre technique nationale migratoire sur la gestion de la migration permettant d’identifier les actions prioritaires du plan d’action de façon périodique (annuelle) et les rôles spécifiques de chaque institution, et de mettre en synergie les efforts, les actions et les programmes sur la migration. Les uns et les autres ont reconnu l’impérieuse nécessité de valider une priorisation annuelle du plan d’action de la migration, en budgétisant le plan priorisé des actions pour l’année 2023. Il a été fortement préconisé de revoir les modalités de communications des données collectés par chaque institution conformément aux indicateurs du GCM afin de consolider la base de données aux fins d’analyse, d’exploitation et du suivi pour analyser, et faciliter l’exploitation des données. A ce titre, il a été demandé à ce que les sous-comités multisectoriels sous la tutelle du Bureau de Coordination Nationale se remettent en action en budgétisant les réunions trimestrielles pour mener des discussions et des débats autour des thèmes prioritaires permettant d’identifier et d’élaborer des recommandations qui serviront de base des plans d’actions pour assurer une meilleure gestion et de contrôle de la migration dans le pays.

La parole au …Colonel Abdoulkader Ibrahim Gona

Coordinateur du bureau de coordination national pour les migrations

« Cet atelier de concertation regroupe les différents acteurs nationaux, parmi les points focaux et membres du bureau de coordination national pour la migration. J’aimerais rendre hommage à tous les points focaux, représentants nos différentes institutions, qui ont fourni un effort colossal pour l’élaboration en premier lieu la stratégie nationale et en second plan le plan d’action qui ont été validés par le gouvernement. Ces deux documents constituent la base pour la bonne gouvernance de la migration dans notre pays. Grâce à vos participations actives le ministre de l’Intérieur a présenté un premier rapport national d’examen de la mise en œuvre du Pacte mondial, par la République de Djibouti en juin 2022 devant l’assemblée générale des Nations unies, à New York. Vos efforts et vos contributions ont été très précieux dans l’élaboration de ce document mais aussi et surtout pour l’établissement d’un cadre pour une politique nationale permettant d’assurer une gestion sûre, ordonnée et légale dans notre pays. Je me permets donc de vous annoncer que vous serez sollicité à chaque fois qu’il sera nécessaire pour apporter vos contributions dans les domaines thématiques de votre compétence en ce qui concerne les problématiques liées à la migration. Permettez-moi d’adresser enfin mes remerciements à nos partenaires techniques et financiers, IGAD, OIM et UE, pour l’appui qu’ils nous apportent afin d’améliorer le cadre de la politique nationale de la migration en République de Djibouti ».

Le point avec…Mme Fathia Aboubaker Alwan

Directrice de la Santé et du Développement Social de l’IGAD

« La problématique des migrations constitue un challenge que les pays ne peuvent pas traiter tout seuls et indépendamment du reste du monde. D’où le choix de l’IGAD qui a opté pour l’élaboration d’un cadre régional qui découle d’un cadre plus continental. Nous connaissons l’importance de la gouvernance de la migration pour l’IGAD. A cet effet l’IGAD s’est doté d’un Cadre régional sur la politique migratoire (RMPF) afin de renforcer les capacités des Etats membres pour répondre efficacement aux différents challenges que couvre la question de la migration. Ainsi, nous avons été l’un des premiers à avoir adopté et endossé un cadre régional de politique de migrations lors d’un conseil des ministres de l’IGAD. Ce qui nous a amené à mettre en place une plateforme pour discuter de toutes les implications de cette question migratoire afin d’avancer ensemble vers des réponses adéquates et appropriées sur tous les aspects de la problématique des migrations dans la sous-région. L’IGAD poursuit un objectif qui est simple, apporter un appui multiforme à ses Etats membres et que chaque Etat membre puisse être aux commandes et à l’initiative sur toutes les questions liées à la migration sur son sol. Dorénavant, nous assurerons un appui technique et financier au Bureau de Coordination national pour les migrations. Le gouvernement de Djibouti a déjà adopté un cadre politique national sur les migrations assorti d’une stratégie global et d’un plan d’action cohérent. L’IGAD va appuyer une consultance pour développer la feuille de route du gouvernement de Djibouti sur cette question. Nous allons donc travailler en étroite collaboration avec tous les acteurs ici présents sur la question de la migration ».

MAS