A l’instar des autres pays du monde, la République de Djibouti a célébré la journée internationale des veuves, hier dans la salle de conférence du siège de l’Union Nationale des Femmes Djiboutiennes (UNFD). Organisée par le ministère de la Femme et de la Famille en collaboration avec l’UNFD, la cérémonie commémorative a redonné le sourire à une trentaine de veuves, issues des communes de Boulaos et de Balbala. Car elles ont bénéficié des aides multiformes qui leur permettront d’exercer des activités génératrices de revenus. Ce programme, destiné à adoucir les peines quotidiennes qu’endurent ces femmes pour subvenir aux besoins de leurs progénitures, est financé par le PNUD.
Depuis 2011, la journée internationale de la veuve est célébrée le 23 juin partout dans le monde. Instituée par les Nations Unies, cette journée est l’occasion de sensibiliser l’opinion sur l’ampleur méconnue du drame silencieux que vivent de nombreuses veuves en vue d’obtenir une meilleure défense de leurs droits. En effet, la plupart d’entre elles vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Leur situation est souvent plus que désastreuse et mérite donc une attention particulière.
A Djibouti où l’on célèbre cette journée dédiée à la veuve depuis 2012, elle est l’occasion pour le ministère de la femme et de la famille organisateur de cet évènement annuel, en collaboration avec l’Union Nationale des Femmes Djiboutiennes (UNFD), d’aider les plus vulnérables des veuves du pays en vue de les autonomiser économiquement.
La cérémonie commémorative de l’édition 2019 de cette journée internationale a réuni hier matin, dans la salle de conférence du siège de l’Union Nationale des Femmes Djiboutiennes, sis le long de la route d’Arta, la ministre de la Femme et de la Famille, Moumina Houmed Hassan, la vice-présidente de l’UNFD, Hasna Houmed Bilil, l’édile de la ville de Djibouti, Fatouma Awaleh Osman, des femmes parlementaires, des élues communales, des délégués du PNUD, des représentants de la Caisse Populaire d’Epargne et de Crédit (CEPEC), en l’occurrence Artan Saïd Mohamed et Mouhyadin Issa Hassan, et une trentaine de veuves issues de différents quartiers des communes de Boulaos et de Balbala.
Plusieurs cadres du MFF et de l’UNFD ont eux aussi assisté au déroulement de cet événement qui vise à sortir ces veuves des affres de la précarité auxquelles elles sont confrontées.
Le statut social des veuves. Dans une brève intervention faite sur place, la vice-présidente de l’UNFD, Hasna Houmed Bilil a indiqué que le statut social de la femme est lié à celui de son époux. «Lorsque celui-ci décède, elle perd sa place dans la société, et est souvent laissée en rade à son propre sort. Elle endosse toute seule la responsabilité de subvenir aux besoins de ses enfants», a-t-elle ajouté.
A l’entendre, rehausser leur situation économique et sociale s’avère nécessaire pour leur permettre de vivre et d’élever convenablement leurs enfants. «Selon les besoins qu’elles ont formulés, nous allons remettre aujourd’hui à 30 veuves identifiées dans la capitale des matériels pour qu’elles puissent exercer d’activités génératrices de revenus» a-t-elle dit.
Pour sa part, la ministre de la Femme et de la Famille, Moumina Houmed Hassan, a mis l’accent sur centaines conditions exigées par son ministère et l’UNFD pour les bénéficiaires de ce projet. «Le MFF et l’UNFD vont vous aider à sortir de la précarité. Nous allons travailler avec vous pour vous guider sur le chemin de l’autonomisation. Cependant nous vous demandons de respecter 3 conditions : Il faut que chaque femme bénéficiaire d’une activité génératrice de revenu, puisse avoir un compte d’épargne, mettre de l’agent de côté à chaque fois que votre activité génératrice de revenu va vous permettre d’avoir une recette. Et je tiens à préciser que ce compte d’épargne a été ouvert gratuitement. Et la troisième chose sur laquelle nous insistons, l’UNFD et le MFF vont vous appuyer dans la gestion de l’activité que nous allons lancer avec vous. Deux cadres du MFF et de l’UNFD seront chargés du suivi de vos activités génératrices de revenus», a-t-elle lancé à l’endroit des bénéficiaires.
Avec des larmes aux yeux devant un tel élan solidaire, certaines de ces veuves, qui ont successivement pris la parole au micro de la tribune, ont remercié l’UNFD et le MFF.
A l’issue de la cérémonie, les 30 veuves bénéficiaires de ce projet se sont vues distribuer des enveloppes contenants un livret d’épargne et des bons avec lesquels, elles pourront chercher le matériel de leur activité de choix chez les marchants de la place.
Le premier exemple nous conforte en une conviction. Des promesses formelles aux actes concrets, il y a un pas que le MFF et l’UNFD franchissent ensemble quand il s’agit de faciliter l’autonomisation économique et financière des veuves.
Rachid Bayleh
Elles ont dit …
Moumina Houmed Hassan, ministre de la Femme et de la Famille : – « L’occasion de cette journée est une opportunité à saisir pour aider toute femme en situation de précarité ou qui est en situation d’absence d’autonomie économique. Aujourd’hui, l’UNFD et le MFF ont décidé de célébrer cette journée avec les veuves vivant dans les communes de Balbala et de Boulaos. 30 de ces femmes vont pouvoir bénéficier d’activités génératrices de revenus. Nous nous sommes approchés de ces veuves pour leur demander quelles étaient les activités qui leurs semblent pertinentes et qui leur permettraient de sortir de cette précarité et d’avoir une certaine autonomie économique. Les choix de ces activités ont été faits par ces femmes. La seule chose qui change par rapport aux années passées : nous avons discuté avec ces femmes pour leur dire que le MFF et l’UNFD vont les aider à sortir de la précarité. Nous allons travailler avec elles pour les guider sur le chemin de l’autonomisation. Cependant nous leur demandons de respecter 3 conditions : Il faut que chaque femme bénéficiaire d’une activité génératrice de revenu, puisse avoir un compte d’épargne. Car épargner veut dire mettre de l’agent de côté chaque fois que l’activité génératrice de revenu va permettre d’avoir une recette. Un certain pourcentage devra servir à ces femmes pour subvenir aux besoins élémentaires de leurs enfants et l’autre partie servira au maintien et au développement de leur activité génératrice de revenu. Et je tiens à préciser que ce compte d’épargne a été ouvert gratuitement. Cela veut dire qu’on tient vraiment à mettre ces veuves sur le chemin de l’autonomisation économique. Et nous espérons dans un an voir leur affaire prospérer. Je tiens à remercier le PNUD qui nous a soutenus dans la réalisation de ce projet. L’UNFD a également collaboré avec nous dans ce projet. Sans cette organisation propre à la femme, il n’y aurait pas des activités, des initiatives visant à améliorer la condition féminine dans notre pays. Je pense qu’un lieu comme celui-ci est très important pour la femme car c’est le lieu où démarre tout développement et tout le bien-être des djiboutiennes.
Hasna Houmed Bilil, vice-présidente de l’UNFD : – « Notre organisation, présidée par la Première Dame de Djibouti, Mme Kadra Mahamoud Haid, accueille des femmes veuves privées de leur droits fondamentaux après la mort de leur conjoint à retrouver leur intégrité et jouir pleinement de leurs droits. Et ce à travers la cellule d’écoute, d’information et d’orientation des personnes qui sont victimes des violences basée sur le genre. En outre, l’UNFD soutient les femmes veuves en accordant une exonération totale de tous les frais de scolarisation aux enfants orphelins pour leur permettre de continuer sans encombre leur scolarisation. Notre organisation leur octroie également des allocations pour s’assurer que ces enfants suivent normalement leurs cours. En dehors de ces actions, nous soutenons aussi ces orphelins à travers l’octroi des vivres alimentaires durant le mois béni du Ramadan et la mise à leur disposition des habits pour les fêtes de l’Aïd. Je tiens à rendre hommage au ministère de la Femme et de la Famille qui chaque année s’attelle à dédier cette journée à l’autonomisation économique de ces veuves et à attirer l’attention des autres départements ministériels et partenaires au développement sur les voies et moyens susceptibles d’améliorer leur situation. Le chemin est encore long pour l’amélioration des conditions de vie des veuves mais une volonté manifeste de tous les acteurs concernés permettra de changer bien de choses».
Propos recueillis par Rachid Bayleh