Près de trois ans se sont écoulés depuis que j’ai commencé mon service en tant qu’Ambassadeur du Japon à Djibouti, terre de rencontres et d’échanges. Étant le premier ambassadeur venant des Forces d’Auto-défense, à l’occasion de la Journée des Forces d’Auto-défense qui a eu lieu le 1er novembre, je souhaiterais jeter un regard rétrospectif sur ces trois dernières années.

2023 : une année importante pour le Japon

L’année 2023 a été particulièrement marquante pour moi et pour mon pays. En cette année où le monde est à un tournant de l’histoire, le Japon occupe le siège non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies ainsi que la présidence du G7.

On peut dire que le sommet du G7 de cette année a été historique. Tout d’abord, la ville hôte. Revêt une grande importance historique le fait que nous ayons réussi à réunir les chefs d’État et les dirigeants d’organisations internationales, y compris ceux des États dotés d’armes nucléaires, à Hiroshima, où la bombe atomique a été larguée pour la première fois dans l’histoire de l’humanité. Cette visite leur a permis de voir de leurs propres yeux la réalité des bombardements atomiques, aboutissant à une déclaration conjointe pour un « monde sans armes nucléaires ». Je crois que Djibouti, un partenaire précieux travaillant ensemble avec la même vision, en comprendra l’importance.

En tant que président du G7, le Japon a défini le thème principal du sommet comme étant l’unité vers la réalisation d’une communauté internationale caractérisée par la coopération, et non par la division ou confrontation et a orienté les discussions sur la base des deux piliers principaux suivants :

1. Défendre l’ordre international libre et ouvert fondé sur l’Etat de droit

2. Renforcer l’engagement avec les partenaires internationaux au-delà du G7

Aujourd’hui, le monde est confronté à des problèmes complexes et imbriqués, tels que le changement climatique, les maladies infectieuses et les conflits régionaux. A l’heure où la coopération internationale est plus importante que jamais, nous ne pourrons pas surmonter ces défis si la communauté internationale reste divisée par des idéologies ou des valeurs. Alors que la communauté internationale est confrontée à de multiples crises, nous avons besoin d’une vision commune qui résonne en chacun de nous. C’est pourquoi le Japon a fait de la réalisation d’une communauté internationale libre et ouverte fondée sur l’État de droit le premier pilier du sommet du G7. Le droit international est là pour le bénéfice des États les plus faibles. Ensemble, avec le bouclier de l’État de droit, le Japon souhaite protéger le droit des nations et des peuples vulnérables à vivre en paix, afin de sauvegarder et de renforcer la dignité humaine.

Il est également vrai que les pays émergents et en développement, souvent appelés le « Global South », ont été les plus sévèrement touchés par les crises mondiales, comme la guerre en Ukraine. Il importe donc également d’écouter attentivement leurs voix et de faire face à ces difficultés en coordination. C’est la raison pour laquelle le Japon a fait du renforcement de son engagement avec les partenaires internationaux au-delà du G7 le deuxième pilier du sommet. Le Japon, en tant que président du G7, a invité plusieurs pays partenaires du Sud au sommet du G7 pour discuter ensemble de la question de la sécurité alimentaire mondiale, qui a des conséquences particulièrement disproportionnées sur les plus vulnérables, et pour exprimer son engagement à travailler avec la communauté internationale sur cette question.

Trajectoire de la coopération Japon-Djibouti

C’est dans le même esprit que le Japon a établi une relation de coopération fondée sur la confiance avec Djibouti au fils des ans. L’année 2023 représente également une année mémorable pour les relations entre le Japon et Djibouti. A la fin de cette année, le Gouvernement du Japon prévoit une aide directe à une armée pour la première fois sur le continent africain, dans le but de renforcer les capacités djiboutiennes à répondre aux catastrophes.

Toujours fondés sur une approche centrée sur le « peuple », le Japon et Djibouti partagent une histoire de coopération depuis plus de 40 ans, bien avant l’établissement de notre ambassade.

Pour contribuer à la réalisation de la vision de Djibouti, le Japon a axé son aide sur les trois domaines suivants.

Le premier, est la formation des ressources humaines. Par exemple, nous contribuons à améliorer l’accès à l’éducation non seulement dans la capitale, mais aussi dans les régions.

Le deuxième, est le renforcement des infrastructure socio-économiques. Nous avons travaillé dans les plusieurs domaines notamment ramassage des ordures, transport maritime et l’accès à l’eau.

Le troisième, est le renforcement de l’effort de stabilisation régionale. Développement de capacité de la Garde-côte djiboutienne est toujours important dans les perspectives de sécurité régionale. Nous ne devons pas non plus oublier la protection, l’aide alimentaire et nutritionnelle aux réfugiés et aux migrants octroyés par le biais d’organisations internationales.

 Remarques finales…

Au cours de mes trois années à Djibouti, j’ai appris énormément de choses de Djibouti. Djibouti est petit en taille, mais il fait preuve d’une diplomatie et d’un leadership très dynamiques dans un voisinage extrêmement instable, et c’est pourquoi j’explique souvent aux autres qu’il est « small but smart » (petit mais intelligent).

En Afrique, nous entendons souvent l’expression « solutions africaines aux problèmes africains », mais pouvons-nous vraiment prétendre que ce que nous considérons comme des « problèmes africains » ne sont en réalité que des problèmes en Afrique ? Trouver les solutions aux problèmes mondiaux communs, tels que le changement climatique, en intégrant la sagesse et l’expérience africaines.

En ce sens, l’expression pourrait être mieux formulée comme des « solutions africaines aux problèmes mondiaux », ou même, des « solutions djiboutiennes aux problèmes mondiaux ». A quelques jours de la fin de mon mandat d’Ambassadeur du Japon, je tiens à saisir cette occasion pour exprimer mes sincères remerciements au pays et au peuple djiboutiens pour les nombreuses leçons qu’ils m’ont appris. Je voudrais également réitérer ici la détermination du Japon à continuer à marcher main dans la main avec Djibouti en tant qu’ami fiable.