Depuis quelques années, la République de Djibouti est sous le fléau des faux médicaments. La vente de remèdes à contrefaçon auxquelles s’ajoutent ceux dont la date de péremption est expirée, s’impose dans les boutiques de quartiers et dans tous les commerces informels du pays, comme une véritable génératrice de revenus, surtout pour beaucoup de jeunes en quête d’emplois.

C’est dans une quiétude relative que les vendeuses des médicaments prohibés par l’Etat exercent leurs activités dans les grands marchés du pays tels que le marché de Riad et celui de la place Mahmoud Harbi, plus particulièrement appelé Aïcha Kouchi, via plus tard dans nos boutiques.

L’activité prospère depuis plusieurs années car nombreux sont les djiboutien(nes) qui achètent sereinement ces médicaments dont la dangerosité est médicalement prouvée.

Selon ce médecin généraliste de l’Hôpital Peltier : « C’est un phénomène tragique car il y’a énormément de Djiboutiens qui prennent ces remèdes de la rue, c’est difficile pour nous les professionnels de la santé de pouvoir traiter et consultez correctement les malades car en consommant ces médicaments périmés vous présentez des thérapies variées difficiles à détecter, et après complication vous risquez de mourir ».

Le marché de Ryad est la plus grande pharmacie à ciel ouvert de Djibouti. Le circuit est tellement bien structuré car on y trouve les grossistes de médicaments et les détaillants si bien que le produit entre illégalement sur le territoire djiboutien, puisque leur importation et leur vente sont interdites par la loi.

Bien que consciente du danger, cette vendeuse dit ne pas avoir le choix : «Bien sûr que nous sommes conscientes des problèmes qui nous guettent mais faute de travail comment ferons-nous pour nourrir nos enfants, nos époux ne travaillent pas c’est nous le père et la mère qui supportons toutes les charges de la famille, nous allons quand même pas ni voler ou quémander, nous continuerons notre activité quoiqu’il arrive».

Et cette autre marchande de médicaments prétend : « Moi, j’ai cinq enfants en charge, leur père est mort il y’à 3 ans et je dois me débrouiller pour les frais de leur éducation, le loyer et l’électricité avec laquelle ils étudient ».

Certes, les forces de l’ordre effectuent régulièrement une descente dans ces marchés, mais cela ne dissuade du tout pas les vendeuses déterminées à étaler dans le pays leur poison au prix de leur vie.

Or, le commerce des médicaments est devenue un commerce comme les autres et on y trouve dans nos marchés et boutiques, des médocs comme l’Amoxilline, le Paracétamol, le Panadol contre le mal de ventre, du Pevadol, du Gebedol, l’Efferalgan 500mg très utilisée en général et même de produits d’incitation masculine tel que le Viagra et bien beaucoup d’autres médicaments interminables à citer.

Par conséquent, le Ministère du Commerce, la Mairie et les chefs des communes doivent faire front commun pour lutter contre ce trafic mortel.

D’après M. Omar, pharmacien de longue date à la succursale de la place Mahmoud Harbi : « On devrait sensibiliser la population pour qu’on puisse interdire ces médicaments dangereux à l’accès aux marchés, ce cataclysme porte atteinte à l’honneur du commerce pharmaceutique, puisque la loi autorise la vente de médicaments uniquement prescrits par des médecins. C’est comme si vous violez la loi et vendez de la drogue tout en cautionnant des vies».

Malgré de nombreuses saisies et les multiples campagnes de sensibilisation, le phénomène persiste et continue impunément à se vendre dans nos boutiques et marchés.

Saleh Ibrahim Rayaleh