On est allé à la rencontre  du Docteur Saad  Abdillahi Hawadleh  qui a eu l’amabilité de nous accorder un peu de son temps pour répondre à nos interrogations sur de multiples aspects de la santé dite « santé genre ». Entretien.

« Penser la médecine à la lumière du sexe et genre permet d’apporter une vision plus précise des inégalités  de santé et de leur origine »

Le sexe et le genre sont-ils ou non des variables séparées en médecine ?

Le sexe et le genre ne sont pas des variables  séparées. Elles se rejoignent dans un processus d’interaction  entre la biologie et l’environnement social qui se développent  dès la naissance, voire avant.  Il est important d’inciter les médecins à considérer les différences entre hommes et femmes, non pas comme une simple dichotomie entre mâles et femelles mais comme le produit d’une interaction  entre genre et sexe.

C’est-à-dire….

Les  recherches en santé doivent prendre compte cette articulation pour expliquer à la fois  les différences et les similarités entre les femmes et les hommes dans la physiologie et pathologie.

Les différences biologiques entre l’homme et la femme peuvent-elles entraîner des prescriptions distinctes par le médecin ?

C’est  vrai, c’est une évidence scientifique qui est médicalement prouvée. En matière de santé, les femmes et hommes ne sont pas logés à la même enseigne. Les femmes ont des hormones différentes des hommes qui leur permettent la procréation, la grossesse et l’allaitement. Ces hormones agissent en effet sur le corps en fonction de ces situations. Mais les différences biologiques sont loin d’être seules en cause. Les représentations sociales liées au genre féminin ou masculin jouent sur l’attitude des patients et du corps médical.  Cette approche vise à enrichir les connaissances sur les origines des différences entre femmes et hommes dans la santé pour des meilleures pratiques cliniques et dans la recherche biomédicale.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples permettant d’illustrer l’importance que revêt la prise en considération à la fois du sexe et du genre dans la médecine ?

Effectivement  il y’a des pathologies qui atteignent plus les femmes que les hommes et inversement. Cette inégalité au niveau des pathologies s’explique par la composition hormonale entre homme et femme. Citons comme exemple : les femmes sont les plus protégées par leur hormone contre les pathologies cardio-vasculaires jusqu’à la ménopause. Cela explique qu’elles sont moins atteintes par les maladies cardio-vasculaires grâce à leur composition hormonale.

Vos derniers mots pour conclure.

Penser la médecine à la lumière du sexe et genre permet d’apporter une vision plus précise des inégalités  de santé et de leurs origines. Les laboratoires sont  de plus en plus sensibles à cette différence. Et les recherches fondamentales se focalisent sur celle-ci. La formation médicale devra s’adapter avec l’évolution de la recherche approfondie et cela pour des meilleures pratiques cliniques.

Propos recueillis par Djibril Abdi Ali