La salle de réunion du ministère de l’agriculture a abrité jeudi, l’atelier de planification de la stratégie et de validation du plan d’action de la lutte contre le Criquet Pèlerin à Djibouti.

Le ministre de l’agriculture, de l’eau, de la pêche, de l’élevage chargé  des ressources halieutiques M. Mohamed Ahmed Awaleh et le représentant de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) Dr Pissang Tchangai ont présidé jeudi un atelier portant sur la stratégie de la lutte contre l’invasion du criquet pèlerin. Des hauts cadres du ministère de l’agriculture ainsi  que des représentants des régions ont pris part à cet atelier.

En effet la FAO appuie le Gouvernement de Djibouti dans sa préparation à lutter contre ce qui pourrait être la plus grave invasion de Criquet pèlerin observée depuis plus de 25 ans.

C’est dans ce contexte qu’un plan d’action national de lutte contre le criquet pèlerin, élaboré avec l’appui de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), a été présenté et validé , jeudi ,  auprès du ministère de l’agriculture, de l’eau, de la pêche, de l’élevage et des ressources halieutiques .

Ce plan permettra de mettre en place les activités de contrôle et de surveillance du criquet pèlerin, de suivi environnemental et sanitaire, ainsi que la restauration des moyens d’existence impactés en cas d’invasion.

Depuis le mois de novembre 2019, des milliards de Criquet pèlerin se sont propagés à travers l’Afrique de l’Est et ont ravagé les cultures agricoles et les pâturages mettant à mal la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans des pays déjà vulnérables, comme la Somalie, l’Ethiopie et Djibouti.

En République de Djibouti, la première vague est apparue dès septembre 2019, dans les régions du Sud (Ali-Sabieh et Dikhil) avant de passer dans les autres régions (Arta, Tadjourah, Obock et la périphérie de la ville de Djibouti) où ils ont pratiquement mis à sec certains périmètres agricoles. Les pertes agropastorales pour le pays ont été estimées à 6,5 Millions USD, et les besoins de relèvement des six régions affectées (Arta, Dikhil, Ali-Sabieh, Tadjourah, Obock et la périphérie de la ville de Djibouti) à 8 Millions USD.

« Nous devons tous travailler ensemble pour éviter que des familles entières ne deviennent encore plus vulnérables à cause de ce fléau » a tenu à rappeler Mr Pissang Tchangai Dademanao, Représentant de la FAO, dans son discours.

Pour sa part, le ministre de l’agriculture a mis l’accent dans son intervention sur la gravité des invasions des criquets pèlerins. « C’est une menace qui peut créer une véritable catastrophe pour un pays entier, et ce depuis l’antiquité. Aujourd’hui, en 2020, plusieurs pays de la région ont été infectés, et notre pays également n’est pas en reste » a-t-il déclaré

Le Criquet pèlerin (Schistocerca gregaria) est le ravageur migrateur le plus destructeur au monde. Ils sont très voraces et ciblent les cultures vivrières et fourragères. Pour illustrer l’ampleur des potentiels dégâts, un seul kilomètre carré d’essaim, peut consommer en une journée la même quantité de nourriture que 35 000 personnes. C’est pourquoi ils constituent une menace sérieuse pour la sécurité alimentaire et les moyens d’existence des populations rurales.

Afin de soutenir les efforts du gouvernement Djiboutien, la FAO a appuyé la mise en place d’un Système de Veille en Lutte Antiacridienne en intégrant les dispositifs de surveillance, des opérations de contrôle, de gestion des pesticides et des ressources humaines. Elle a aussi fait appel à un Consultant international qui travaille étroitement avec les équipes du pays.

A noter que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) est l’agence spécialisée des Nations Unies qui mène les efforts internationaux vers l’élimination de la faim.

L’objectif est d’atteindre la sécurité alimentaire pour tous et d’assurer un accès régulier et suffisant à une nourriture de bonne qualité permettant à tous, de mener une vie saine et active.

La lutte contre le Criquet pèlerin, ainsi que le suivi et les prévisions dans ce domaine, sont au cœur du mandat de la FAO. Le service d’information sur le criquet pèlerin de la FAO est en place depuis près de 50 ans. Grâce à une présence bien établie sur le terrain, à sa capacité à mettre en relation les autorités des différents pays et à son expertise en matière de gestion antiacridienne, la FAO est un acteur important de l’action menée contre les recrudescences comme celles qui touchent actuellement l’Afrique de l’Est et certaines régions d’Asie.

N.Kadassiya

Le Point avec le Ministre de l’agriculture de l’eau, de la pêche, de l’élevage  chargé des ressources halieutiques, M. Mohamed Ahmed Awaleh

« Le Criquet pèlerin constitue l’espèce la plus importante d’un point de vue économique par l’étendue de son aire d’invasion et par les dégâts qu’il peut occasionner. Les ravages de cette espèce sont connus depuis l’antiquité. On le qualifiait de « huitième plaies d’Egypte ». Les invasions constituent un phénomène majeur, spectaculaire. Leur impact économique et social en particulier pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle de la population reste toujours catastrophique  depuis des siècles. Le contrôle de cet insecte ravageur est indispensable pour assurer la sauvegarde du potentiel agricole et le maintien de la sécurité alimentaire des régions concernées. La FAO a prôné et  adopté depuis longtemps, la  stratégie de lutte préventive, efficace, relativement peu coûteuse par rapport à l’ampleur de l’infestation et respectueuse de l’environnement. Notre priorité est d’aider les communautés touchées à subvenir à leurs besoins immédiats et à réhabiliter les systèmes de production alimentaire et leurs moyens de subsistance pour préserver les biens physiques et le capital humain.»

Pour cela notre département a  d’ores et déjà, privilégié  les activités de lutte antiacridiennes ciblées.  Il s’agit,  entre autres, de la fourniture d’équipements et du renforcement  des capacités techniques  des équipes de terrain pour prévenir et faire face à  des essaims, en utilisant les bonnes pratiques d’interventions dans les cinq régions (Arta, Dikhil, Ali-Sabieh, Tadjourah et Obock) »

 Il a dit, Dr Pissang Tchangai Dademanao, Représentant de la FAO à Djibouti

« Le criquet pèlerin a cette particularité de disparaître et de se faire oublier pour resurgir brusquement, quelques années plus tard, en immenses essaims dévastateurs sur les cultures et les pâturages. C’est pourquoi, nous devrons rester très vigilants. En République de Djibouti, la première vague est apparue dès septembre 2019, dans les régions du sud (Ali-Sabieh et Dikhil) avant de passer dans les autres régions du pays (Arta, Tadjourah, Obock et la périphérie de la ville de Djibouti). Ils avaient à l’époque dévasté un certain nombre de périmètres agricoles. Nous avions aussi assisté à son apparition durant ces deux derniers mois ; et au moment même où nous sommes réunis aujourd’hui, ils seraient en train quelque part de ravager les cultures et les pâturages. En conjuguant nos efforts, et surtout en impliquant les communautés locales dont les cultures et les pâturages sont négativement impactées par les infestations de criquets pèlerins, nous pourrons bâtir un cadre stratégique de gestion durable tenant compte des intérêts de toutes les parties prenantes.

À cet effet, l’adoption d’une approche participative et inclusive est la seule réponse efficace reconnue par la communauté internationale. Elle devra être durable, appropriée et soucieuse de la protection de la santé humaine et de l’environnement. Il est justement crucial de mener des actions efficaces de prévention, notamment par la surveillance en permanence des aires de départ potentiel d’invasions de criquets pèlerins et la destruction ou l’élimination par des interventions de lutte précoces et ciblées dès les premiers regroupements de criquets pèlerins ayant amorcé la grégarisation. Nous devons tous travailler ensemble pour éviter que des familles entières ne deviennent encore plus vulnérables à cause de ce fléau.»