La Nation a accompagné vendredi dernier une délégation du ministère de l’Agriculture à Madgoul, dans la région de Tadjourah. Après des décennies de difficultés dues à la soif, la population de Madgoul dispose désormais d’une eau limpide et abondante. Compte-rendu.

Au cœur d’un paysage basaltique, la forêt de Madgoul, dans la région de Tadjourah, a toujours constitué une oasis nourricière pour une population importante vivant dans plus de six villages et campements. Mais le talon d’Achille de ce lieu qui ressemble à un miracle, c’est l’accès à l’eau. Car depuis plus de 60 ans, aucun projet de forage n’y avait réussi. Ces échecs ne sont désormais plus qu’un mauvais souvenir puisque le forage réalisé par le ministère de l’Agriculture est désormais opérationnel. Vendredi dernier, une délégation du ministère de l’Agriculture, conduite par le coordinateur de l’unité de gestion des projets, M. Baragoita Saïd, s’est rendue sur le site où la population l’a accueillie dans l’enthousiasme général.  Le forage, situé à l’orée de la forêt d’acacias, est équipé de panneaux solaires qui fournissent l’énergie nécessaire pour assurer un fonctionnement autonome à l’ouvrage. Un système d’adduction a été en outre réalisé pour permettre à la population d’avoir une eau pure et abondante à sa disposition à chaque heure de la journée. « Ce forage, d’une profondeur de plus de 300 mètres fournit 50 m3 d’eau par heure et devrait pouvoir fonctionner sans aucun problème pendant les vingt prochaines années », souligne Baragoita Said qui n’a pas boudé son plaisir de voir les femmes de Madgoul remplir d’une eau limpide leurs outres en peau de chèvre.  Avec 50 mètres cubes d’eau par heure, le forage de Madgoul est un champion national en termes de débit.

« Ce forage, nous en prendrons soin comme s’il s’agissait de la prunelle de nos yeux car notre vie en dépend », souligne Kako Gamma, 65 ans, un notable de Madgoul, revenu dans son village natal après une longue carrière de camionneur. Il ajoute cependant que les autorités nationales devraient entreprendre les travaux d’aménagement d’une piste pour améliorer l’accès à Madgoul, ne serait-ce que pour pouvoir intervenir plus rapidement pour sécuriser l’ouvrage.

Changer la vie

En ce vendredi de fête à Madgoul, un groupe d’enfants joue à proximité du forage. Agés de moins de dix ans, ils seront les premiers élèves de l’école en construction non loin de là. Leur vie sera moins pénible que celle de leurs ainés. Un centre de soins est également en construction. Les femmes de Madgoul, regroupées au sein d’une association, disposent désormais d’un local où elles pourront s’adonner à la couture et à l’artisanat puisqu’elles auront désormais du temps libre. 

L’UGP du ministère de l’agriculture a en outre prévu pour ces femmes libérées des corvées un projet apicole. Car dans cette forêt primaire où la végétation se régénère grâce à l’action de Baragoita et de ses équipes du ministère de l’Agriculture, les abeilles butinent.

« Il s’agit là d’un projet qui démarrera incessamment sous peu et dont nous espérons des retombées vraiment bénéfiques à la fois pour la population et pour la nature », souligne Abdo Issa, l’un des responsables de l’UGP qui sillonne le territoire national dans le cadre de la mise des projets du PROGRESS.

Changer la vie de ses concitoyens est le but recherché par tout dirigeant soucieux du devenir du peuple. Et à Madgoul, la vie est déjà en train de changer grâce à cette eau pure qui améliorera la santé de ces femmes courageuses, de ces enfants et de ces hommes qui ont toujours fait face aux difficultés en attendant des jours meilleurs.

ABS