
Avec plus de 11 000 kilomètres de côtes et une situation géographique stratégique le long des principales routes maritimes mondiales, l’Inde est idéalement positionnée pour jouer un rôle de premier plan dans le commerce maritime et l’industrie manufacturière. Près de 95 % du volume des échanges EXIM de l’Inde transite déjà par voie maritime, ce qui témoigne de l’importance cruciale du secteur pour l’économie.
L’Inde a défini une feuille de route d’investissement de 20 milliards de dollars américains pour 2025, visant à moderniser ses infrastructures maritimes, à soutenir la construction navale, à numériser les opérations portuaires et à adopter des carburants alternatifs plus propres. Lors de sa visite de cinq jours en Norvège et au Danemark en juin 2025, le ministre indien des Ports, de la Navigation et des Voies navigables, Sarbananda Sonowal, a annoncé l’intention de l’Inde de restructurer le secteur maritime pour favoriser la durabilité à long terme et les investissements privés.
L’un des principaux axes de la visite était le développement de trois grands ports dédiés à l’hydrogène vert, Kandla, Paradip et Tuticorin, destinés à devenir des points d’ancrage pour les opérations maritimes à faibles émissions. L’Inde a également réaffirmé son engagement envers des axes tels que le corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe (IMEEC), le corridor maritime oriental (EMC) avec l’Extrême-Orient russe et le corridor international de transport Nord-Sud (INSTC) reliant l’Inde à l’Asie centrale et à l’Europe via l’Iran et le Caucase.
En juillet 2025, le gouvernement indien a annoncé un projet de huit méga-pôles de construction navale, pierre angulaire de l’Aatmanirbhar Bharat (Inde autonome) et de la Vision 2047 de l’Amrit Kaal maritime. Ce projet comprend cinq pôles entièrement nouveaux dans l’Andhra Pradesh, l’Odisha, le Tamil Nadu, le Gujarat et le Maharashtra, conçus comme des écosystèmes intégrés pour la construction navale, la production d’équipements et les services connexes. Ces projets sont complétés par trois extensions de friches industrielles à Vadinar et Kandla, au Gujarat, et à Cochin, au Kerala, axées sur la réparation navale spécialisée et la construction de grands navires. Des terrains bénéficiant des autorisations réglementaires et d’une connectivité rail-route ont été sécurisés, et les gouvernements des États ont créé des entités ad hoc (SPV) pour accélérer le développement.
Le budget de l’Union 2025-26 a instauré un Fonds de développement maritime de 3 milliards de dollars pour financer les infrastructures et l’acquisition de navires, avec un objectif de 18 milliards de dollars d’investissements sectoriels d’ici 2030. Une politique d’aide financière à la construction navale (SBFAP 2.0) remaniée alloue 2,2 milliards de dollars de subventions, dont 30 % pour les navires écologiques. L’octroi du statut d’infrastructure aux grands navires devrait réduire les coûts d’investissement de 20 à 25 %. Un investissement phare de 6,62 milliards de dollars au port de Kandla, comprenant un chantier naval VLCC pour les pétroliers de 320 000 tonnes, illustre l’ampleur du projet.
Par ailleurs, pour combler ses retards technologiques, l’Inde noue des partenariats stratégiques mondiaux avec divers pays. À cet effet, le sud-coréen HD Hyundai finalise une coentreprise de 1,16 milliard de dollars avec le chantier naval Cochin au Tamil Nadu pour la construction de porte-conteneurs. Des partenaires européens, comme le norvégien Kongsberg Maritime et le danois Maersk, développent des projets de ports intelligents et de transport maritime écologique, tandis que les géants japonais Imabari et Mitsubishi sont sollicités pour des projets de navires hybrides verts dans l’Andhra Pradesh. Avec 232 milliards de dollars déjà engagés dans des projets maritimes et la diversification des chaînes d’approvisionnement mondiales depuis la Chine, ces pôles pourraient ancrer l’ascension de l’Inde vers une économie de 30 000 milliards de dollars d’ici 2047.
Sur le plan économique, le pays dépense des milliards chaque année pour louer des navires étrangers afin de transporter ses marchandises. Avec des exportations qui devraient atteindre 1 000 milliards de dollars d’ici 2035, le renforcement de la construction navale nationale réduirait cette dépendance, préserverait la valeur du pays et créerait des emplois. D’un point de vue stratégique, la situation de l’Inde le long des principales routes maritimes internationales lui confère un avantage géographique. Face à la congestion croissante des chantiers navals d’Asie de l’Est, l’Inde peut s’imposer comme une alternative viable pour les acheteurs internationaux, non seulement pour les navires de taille moyenne et spécialisés, mais aussi pour un large éventail de types de navires. De plus, avec la transition mondiale vers des technologies maritimes plus écologiques, telles que les navires au GNL, électriques et hybrides, l’Inde a l’opportunité de construire des navires de pointe de A à Z. Avec des investissements et un soutien politique appropriés, l’Inde peut se positionner comme un pôle de construction navale compétitif et complet sur la scène internationale.
Le gouvernement indien a mis en place plusieurs politiques et programmes. L’octroi d’un statut d’infrastructure aux chantiers navals facilite l’obtention de prêts à long terme. Les exonérations de droits de douane réduisent les coûts des matériaux clés. Parmi les mesures récentes les plus marquantes figure la création du Fonds de développement maritime, doté de 3 milliards de dollars, qui offre un financement à long terme abordable pour les projets de construction navale.
Le gouvernement se prépare également à lancer la Politique d’aide financière à la construction navale 2.0, qui fournira un soutien estimé à 2 milliards de dollars, en mettant l’accent sur les navires écologiques et de haute technologie. Un plan est en cours pour le développement de pôles de construction navale dans les États maritimes, identifiés en fonction de leur connectivité portuaire, de leurs écosystèmes manufacturiers locaux et de leur maturité industrielle globale. Ces pôles seront équipés de laboratoires d’essais, de centres de conception et d’installations de production partagés afin d’améliorer les économies d’échelle et la collaboration entre les chantiers navals.
Les opportunités se multiplient tout au long de la chaîne de valeur, de la conception des navires et de la modernisation des chantiers navals aux infrastructures de recyclage, à la fabrication de composants, à la construction de navires à usage spécifique et aux technologies de transport maritime écologiques. Ces segments représentent des points d’entrée à fort potentiel pour les investisseurs nationaux et étrangers qui cherchent à capitaliser sur la base de coûts compétitive de l’Inde, la disponibilité des ressources et sa trajectoire de croissance axée sur les politiques.
L’avenir de la construction navale en Inde ne se limite pas à la construction de davantage de navires : il s’agit de construire des navires plus performants, plus propres, plus intelligents et plus rentables. Grâce à une combinaison judicieuse de politiques, d’investissements et de talents qualifiés, le secteur de la construction navale est en mesure de stimuler considérablement l’économie et de contribuer à l’émergence de l’Inde comme une formidable puissance maritime sur la scène mondiale.
Selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le commerce maritime mondial devrait croître d’environ 2,4 % par an, le transport de conteneurs connaissant une croissance encore plus rapide, soit 2,7 %. Cela signifie que davantage de navires seront nécessaires, mais ils doivent dès maintenant être plus propres et plus performants. L’Inde compte plus de 40 chantiers navals qui construisent une gamme variée de navires, des navires de guerre aux navires offshore, mais se classe actuellement juste au-dessus du 16e rang mondial en termes de capacité de construction navale.
La croissance globale de l’Inde est complétée par le dernier rapport de l’agence de notation ICRA soulignant que la projection de croissance du PIB de l’Inde est de 6,7 % au premier trimestre de l’exercice en cours, ce qui est supérieur à l’estimation de 6,5 % de la Banque de réserve de l’Inde. L’agence a noté que la croissance du PIB a toutefois ralenti par rapport à 7,4 % au quatrième trimestre de l’exercice 2025, tout en dépassant les prévisions récentes du Comité de politique monétaire (MPC) de 6,5 %. L’agence de notation a également déclaré que la croissance de la valeur ajoutée brute (VAB) devrait ralentir à 6,4 % au premier trimestre (T1) de l’exercice 2026 contre 6,8 % au quatrième trimestre de l’exercice 2025. L’ICRA prévoit également une augmentation à deux chiffres des impôts indirects nets en termes nominaux, bien que inférieure aux 22,7 % enregistrés au quatrième trimestre de l’exercice 2025. Cette amélioration provient d’une forte augmentation des impôts indirects du gouvernement indien, qui ont augmenté de 11,3 % au premier trimestre de l’exercice 2026 contre une contraction de 3,1 % au quatrième trimestre de l’exercice 2025.
Apple Inc. exporte des iPhone d’Inde vers les États-Unis : Apple Inc. a développé la production d’iPhone en Inde dans cinq usines, dont deux récemment ouvertes, réduisant ainsi sa dépendance à la Chine pour les modèles destinés aux États-Unis. L’entreprise produit les quatre modèles d’iPhone 17 en Inde avant leur lancement le mois prochain. C’est la première fois que toutes les nouvelles versions, y compris les versions professionnelles, seront expédiées depuis l’Inde.
Apple a élargi le nombre d’usines locales fabriquant des iPhone après avoir transféré la majeure partie de la production de l’appareil destiné au marché américain de Chine vers l’Inde afin de réduire l’impact des droits de douane. Cette expansion comprend l’usine du groupe Tata à Hosur, dans l’État du Tamil Nadu, et le centre de production du groupe Foxconn Technology, près de l’aéroport de Bangalore, tous deux récemment mis en service. Signe du rôle croissant de Tata en tant que partenaire d’Apple, les usines contrôlées par le conglomérat local représenteront jusqu’à la moitié de la production indienne d’iPhone au cours des deux prochaines années, ont déclaré ces sources, qui ont requis l’anonymat et ont évoqué la planification de la production privée.
Parallèlement aux déplacements géographiques d’Apple, la valeur des exportations d’iPhone depuis l’Inde a considérablement augmenté. Au cours de la période de quatre mois commençant en avril, 7,5 milliards de dollars d’iPhone ont été exportés depuis l’Inde. Cette valeur représente le prix départ usine des appareils. Il s’agit d’une accélération par rapport aux 17 milliards de dollars d’iPhone exportés depuis l’Inde sur l’ensemble de l’exercice précédent.
Apple prévoit également de fabriquer un nouvel iPhone 17e en Inde. Ce téléphone sera lancé au début de l’année prochaine, succédant à l’iPhone 16e de cette année. L’entreprise discute déjà de projets de production d’iPhone 18 dans la région, avec une accélération des premières phases de production prévue dans les prochaines semaines.
Le conglomérat Tata Group, spécialisé dans les logiciels et le sel, est devenu le seul assembleur indien d’iPhone. Fin 2023, elle a racheté l’usine Apple de Wistron Corp. dans l’État du Karnataka et détient également une participation majoritaire dans l’usine de Pegatron Corp. juste à l’extérieur de Chennai, où Foxconn de Taiwan possède également une unité de fabrication d’iPhone.