
Le mois sacré du Ramadan est une période spirituelle et de piété pour des millions de musulmans dans le monde, mais elle est aussi le mois où nos habitudes de consommations sont chamboulées, une période de défis commerciaux uniques où l’on produit moins et travaille moins en raison du jeûne et des horaires de travail réduits, impactant ainsi les chiffres d’affaires des entreprises djiboutiennes qui connaissent une période creuse.

Le mois du ramadan n’est pas synonyme de bonnes affaires. Du marché de Ryad jusqu’à la Place Mahamoud Harbi dans le centre urbain, le constat reste pareil, la mobilité est quasiment réduite. Tout est aux arrêts, la circulation est à moitié réduite. Les boutiques dans les marchés de la ville restent fermées, la plupart des commerçants profitent de ce moment religieux pour se donner un repos. Le mois de Ramadan s’accompagne de nombreux changements de mode de vie et de comportement alimentaire. Le Siyam implique une consommation nocturne et les nuits peuvent être l’occasion de réjouissances. Si la fréquence des prises de repas diminue, les festivités quotidiennes (iftar / Souhour) donnent lieu à une sur consommation.
Un ralentissement économique général
Les secteurs de productivités qui sont spécifiquement touchés par le ramadan sont l’hôtellerie, la restauration et le secteur dit BTP Bâtiment, Tavaux publics et Construction qui marchent au ralenti à cette période à cause de fortes chaleurs et des ouvriers à jeun. Certes, le Ramadan impose aux fidèles de s’abstenir de manger, de boire et de fumer, etc., de l’aube au coucher du soleil. C’est une pratique vécue comme une purification spirituelle mais qui ne reste pas sans conséquences sur la vie quotidienne, surtout pour ceux qui exercent des métiers physiquement exigeants. Sur un chantier de construction à Gabode, Moustapha, maçon depuis plus de dix ans, se confie : « Le Ramadan, c’est une bénédiction, mais c’est aussi très dur. On doit redoubler d’efforts pour tenir toute la journée sans boire ni manger, mais à la fin les travaux ralentissent parce que tout le monde est fatigué et manque d’énergie ».
Autre activité en berne durant le mois de Ramadan, la restauration, pourtant très rentable à Djibouti. Assis à son comptoir près de l’entrée principale, Mr Tarek Abdallah qui semble scruter l’arrivée d’éventuels clients nous explique : « Pendant le mois de Ramadan, le matin il y a une circulaire gouvernementale qui nous oblige à fermer, et le soir, peu sont ceux qui achètent le dîner. L’activité des restaurants marche lentement car selon la coutume la rupture du jeûne se fait majoritairement en famille, à la maison. Par conséquent, cela entraîne forcément la baisse de notre chiffre d’affaires et nos dépenses sont revues à la baisse comme la quantité de provisions». Cependant, on remarque que de plus en plus des restaurateurs pendant la période du ramadan prennent congé de leurs restos pour rénover tous les locaux
Selon les neuroscientifiques, l’activité mentale tourne certes au ralenti durant le mois de ramadan, mais le jeûne constitue une arme contre le vieillissement du cerveau et la perte de la mémoire et même contre la maladie d’Alzheimer.
Saleh Ibrahim Rayaleh