À l’ère de l’intelligence artificielle, les métiers administratifs, majoritairement occupés par des femmes, sont en première ligne face aux défis de l’automatisation. En République de Djibouti, où les femmes dominent les secteurs administratifs, cette transition technologique soulève des questions cruciales sur l’avenir de l’emploi et la nécessité d’une adaptation proactive.

L’Automatisation des tâches administratives

Les secrétaires et les assistants administratifs jouent un rôle crucial dans la gestion des organisations, en assurant des fonctions telles que la gestion documentaire, le traitement des données, et l’organisation administrative. L’IA, avec ses capacités avancées de traitement de l’information et d’automatisation des procédés, menace directement ces activités. Les systèmes d’IA peuvent désormais effectuer de nombreuses tâches, comme la prise de rendez-vous, la rédaction de documents standardisés, et même la gestion des ressources humaines, de manière plus rapide et efficiente que les humains.

Cette substitution technologique risque d’entraîner une diminution significative de la demande pour ces postes, menaçant ainsi la sécurité de l’emploi de millions de femmes en France. Par exemple en France, selon les projections, près de 600 000 femmes pourraient être contraintes de se reconvertir d’ici 2030. Ce chiffre est alarmant, d’autant plus que ces professions représentent souvent des emplois stables avec un fort taux de contrats à durée indéterminée (CDI).

Le contexte des emplois féminins en République de Djibouti

En République de Djibouti, les emplois administratifs sont également majoritairement occupés par des femmes. Les secteurs publics et privés s’appuient largement sur une main-d’œuvre féminine pour les tâches administratives, les ressources humaines, et la gestion des documents. À l’image de leurs homologues en Europe, les femmes djiboutiennes dans ces secteurs risquent de subir les effets de l’automatisation, notamment la diminution des postes disponibles et la nécessité de s’adapter à de nouvelles compétences technologiques.

Les conséquences sociales et économiques

La disparition progressive de ces métiers pourrait avoir des conséquences sociales profondes. Les femmes concernées, souvent âgées de 35 à 50 ans, pourraient faire face à des difficultés accrues pour retrouver un emploi dans d’autres secteurs, en raison de leur spécialisation et de leur expérience limitée à des tâches administratives. De plus, la perte de revenus et la précarisation qui en découle pourraient accentuer les inégalités économiques et sociales entre les hommes et les femmes.

Au niveau économique, la reconversion de cette main-d’œuvre représente un défi majeur pour les politiques publiques. Les programmes de formation et de requalification devront être mis en place pour permettre à ces femmes de s’adapter aux nouvelles exigences du marché du travail. Cela implique un investissement significatif dans l’éducation continue, ainsi que la promotion de secteurs moins vulnérables à l’automatisation.

Vers de nouvelles opportunités ?

Malgré les risques évidents, l’IA pourrait également créer de nouvelles opportunités pour les femmes. Des métiers émergents, tels que les spécialistes en IA, les analystes de données, et les gestionnaires de la transformation numérique, pourraient offrir des perspectives intéressantes. Cependant, l’accès à ces postes nécessite une formation spécialisée, souvent dans des domaines où les femmes sont sous-représentées. Pour maximiser les bénéfices de cette transition technologique, il est essentiel de promouvoir l’inclusion des femmes dans les filières STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) dès le plus jeune âge. Les initiatives visant à encourager les femmes à s’orienter vers ces carrières doivent être renforcées, avec un accent particulier sur la réduction des barrières culturelles et éducatives.

L’impact de l’intelligence artificielle sur les emplois féminins, en particulier dans les secteurs administratifs, représente un défi de taille pour la société. En République de Djibouti, comme ailleurs, cette révolution technologique menace de supprimer des centaines de milliers de postes occupés par des femmes. On remarque qu’à travers le monde, le manque de femmes dans les domaines scientifiques et technologiques résulte en partie de stéréotypes profondément enracinés. Selon un récent rapport de l’UNESCO, 88 % des algorithmes sont créés par des hommes, ce qui peut involontairement perpétuer les préjugés sexistes ! Ces biais algorithmiques peuvent avoir des effets néfastes, comme écarter les CV féminins lors des processus de recrutement automatisés.

Toutefois, l’intelligence artificielle offre également une opportunité unique de repenser et de redéfinir le rôle des femmes dans l’économie future. Une approche proactive, axée sur l’éducation, la formation continue et l’inclusion, sera essentielle pour faire face à ces changements et pour assurer que les femmes ne soient pas laissées pour compte dans cette ère numérique en pleine expansion.  Les femmes étant souvent sous-représentées dans les domaines techniques et de programmation, il est donc nécessaire à l’avenir d’investir dans l’éducation et la formation des femmes pour qu’elles puissent saisir les opportunités offertes par l’IA.

Mohamed Aden Djama