Le Président de l’Assemblée Nationale M.Mohamed Ali Houmed a prononcé hier lors de la visite de la présidente éthiopienne un discours mémorable au cours duquel il a évoqué les relations fraternelles et historiques qui lient les deux pays. Nous vous reproduisons ci-dessous l’intégralité de l’allocution du Président de l’Assemblée Nationale.

Il y a cinq ans, ici même, nous avons eu l’insigne honneur d’accueillir Monsieur Haile Mariam Dessalegn, qui était alors Premier ministre d’Ethiopie, et qui s’était exprimé depuis cette tribune. Plus récemment, il y a deux ans, son successeur, Monsieur Abiy Ahmed Ali, honora aussi notre institution en y prononçant un discours d’amitié, mettant en exergue la fraternité qui unit nos deux peuples. Aujourd’hui, c’est avec une immense joie que nous accueillons une amie très chère de notre pays, Madame Sahle-Work Zewde Présidente de la République démocratique fédérale d’Ethiopie.

Vous le savez déjà tous, cette amitié est le fruit d’un long séjour que Madame Sahle-Work Zewde a effectué dans notre pays en sa qualité d’ambassadrice d’Ethiopie de 1993 à 2002. La présente visite de Madame Sahle-Work Zewde symbolise plus que tout les liens multiformes et les sentiments fraternels qui unissent nos deux pays.

Notre assemblée qui depuis 2 ans et demi est fière de voir un quart de ses sièges occupé par des femmes, est d’autant plus fière aujourd’hui de recevoir dans son hémicycle une sœur qui a atteint les plus hautes fonctions de son pays. En effet, la haute magistrature que vous représentez aujourd’hui en est avant tout un aboutissement et un exemple pour toute l’Afrique.

Nous sommes aussi particulièrement heureux de vous accueillir aujourd’hui car chacun sait toute la force de l’amitié qui unit nos pays frères et qui dépasse les intérêts communs et repose sur des liens de cœur solides, des liens historiques, des liens de partenariats et d’échanges. Sans oublier nos liens culturels qui sont venus à travers le temps tisser vigoureusement les fils qui nous unissent.

Cette amitié profonde mérite d’être célébrée à sa juste valeur.

Madame la présidente, je ne saurai oublier d’évoquer la crise sanitaire actuelle inédite de la Covid-19 qui n’épargne aucun pays, aucune économie. Cependant, je reste confiant et persuadé que nos deux économies parviendront à surmonter ce nouveau grand péril qui menace nos pays. Par le passé, nous l’avons prouvé face à d’autres défis, et ce en les affrontant collectivement, par l’union de nos forces, de nos volontés et de nos intelligences.

De la qualité de notre relation dépend notre capacité à relever ensemble ces nouveaux défis du 21e siècle pour la Corne de l’Afrique.

Nos deux pays démontrent en effet qu’une autre histoire est possible dans notre Région. Que la guerre et la famine ne sont pas une fatalité. Que la pauvreté peut être vaincue. Que la solidarité, le commerce, et la préservation de la souveraineté sont des socles qui protègent des conflits.

L’Ethiopie a su maintenir sa stabilité face aux conflits qui embrasent la région. Oui l’Ethiopie a pu surmonter les différentes crises qui ont jalonné son histoire récente en se réinventant continuellement afin de s’adapter et préserver sa cohésion nationale. Même dans des conjonctures difficiles, vous pouvez être fière Madame la présidente de votre pays qui a toujours su faire preuve de générosité à l’égard des autres.

En effet, votre pays accueille sur son sol plus de 665 000 réfugiés – ce qui en fait le plus grand pays d’accueil de réfugiés sur le continent – et par cela démontre une solidarité à toute épreuve. Nous ne pouvons que vous en féliciter. Mais, dans toutes ses épreuves, l’Ethiopie a d’abord pu compter sur les sacrifices de ses filles et de ses fils, sur les efforts de son peuple pour que la justice et la paix l’emportent. Votre grande nation a pu compter sur son génie, sur ses atouts économiques et intellectuels qui l’ont rendu si résiliente. Votre patrie a pu compter également sur ses amis, au premier rang desquels se situe la République de Djibouti, toujours présente à ses côtés.

N’oublions pas que la stabilité de votre pays, c’est aussi la stabilité de Djibouti, et par conséquent la sécurité et la stabilité de toute notre chère région, la Corne de l’Afrique.

Djibouti n’a cessé et ne cessera, Madame la Présidente d’être à vos côtés.

Aujourd’hui, j’entends certaines inquiétudes s’exprimer à propos de votre action pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel dans la région Tigray. Sans vouloir intervenir dans les affaires intérieures de votre pays, je suis confiant dans la capacité des autorités éthiopiennes à trouver une issue à ce problème interne.

Permettez-moi, Madame la Présidente de la République, de terminer mes propos sur une note plus personnelle. Je souhaite rendre hommage à votre engagement au service de votre pays, dans votre longue carrière de diplomate, au service de l’Afrique comme représentante spéciale du secrétaire général des nations unies en Centrafrique, comme directrice de l’Office des nations unies à Nairobi et enfin comme secrétaire générale adjointe de l’ONU chargée de l’Union africaine.

Avec les choix politiques qui sont les vôtres, nous admirons votre sens des responsabilités, vous qui avez consacré votre vie à votre pays et qui continuez à le faire avec autant de passion.

En effet, l’affirmation d’un Etat éthiopien solide a été et reste votre combat, couplé à celui de permettre aux femmes d’y occuper la juste place qui leur revient.

Madame la Présidente de la République, Djibouti et l’Ethiopie sont liés pour toujours! L’assemblée nationale que je préside a, à cœur, de préserver et de renforcer cette amitié.

Vive la République de Djibouti

Et vive la République démocratique fédérale d’Ethiopie Chère sœur, Djibouti est votre deuxième pays, et je suis heureux de vous inviter à prendre la parole devant sa représentation nationale.