Le vibrant discours du président de la République, Ismaïl Omar Guelleh, lors de l’ouverture de la 7ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 7).

((Je voudrais tout d’abord féliciter et remercier le gouvernement japonais pour avoir instauré depuis 1993 cette auguste rencontre entre le Japon et l’Afrique pour promouvoir non seulement la coopération entre le pays du soleil levant et notre continent, mais aussi pour instaurer un dialogue politique de haut niveau entre les dirigeants africains et leurs partenaires du monde entier dans le domaine du développement. Le succès et la pertinence de la TICAD ne sont plus à démontrer. Je voudrais également rendre un hommage mérité à la Commission de l’Union Africaine, au Programme des Nations Unies pour le Développent (PNUD) et à la Banque mondiale pour avoir contribué au fil des éditions à faire de cette conférence ce qu’elle est aujourd’hui, à savoir une des plus grandes plateformes mondiales spécialisée sur la réflexion et les échanges relatifs au développement de l’Afrique. Permettez-moi également d’exprimer mes plus sincères remerciements au gouvernement et au peuple japonais pour la chaleur de leur accueil et pour l’hospitalité remarquable dont ma délégation et moi-même sommes l’objet depuis notre arrivée dans ce beau pays, modèle s’il en est besoin du développement inclusif et durable que recherche l’Afrique.

L’Afrique n’a que trop attendu pour sortir définitivement ses populations du marasme économique et des affres de la pauvreté.

Le thème de cette 7ème édition, à savoir « promouvoir le développement de l’Afrique à travers le capital humain, la technologie et l’innovation », ne saurait être plus approprié et plus pertinent pour une Afrique résolument tournée vers le 21ème siècle pour la recherche des solutions au défi du développement auquel elle est confrontée depuis plusieurs décennies. Nous osons espérer que dans ce cadre, des propositions de solutions viendront de l’est et de l’ouest, du sud et du nord, sans aucune contrainte ou barrière idéologique, pour enfin nous permettre d’y parvenir en faisant un saut qualitatif dans l’avenir, notamment au moyen de la numérisation complète du continent.

En la matière, nous savons que le Japon dispose des solutions pour le développement du capital humain, la technologie et l’innovation qui peuvent servir à avancer notre continent. Il a déjà commencé depuis longtemps à mettre ce savoir et ce savoir-faire à la disposition de l’Afrique. Il s’agira de passer maintenant à une vitesse supérieure et décisive, car l’Afrique n’a que trop attendu pour sortir définitivement ses populations du marasme économique et des affres de la pauvreté. Le Japon sera certainement suivi dans cette accélération par tous les partenaires au développement ici réunis. L’Afrique est prête et décidée à élever le rythme.

L’Afrique est aujourd’hui la plus grande zone émergeante du 21e siècle. En effet, selon la Banque africaine de développement, confirmée par les autres institutions bilatérales et multilatérales de développement, les perspectives économiques de l’Afrique montrent une amélioration générale et continue des performances économiques du continent. Les progrès restent néanmoins insuffisants pour résorber les déficits budgétaires et courants persistants et une dette devenue parfois insoutenable.

Il faut donc que les pays accélèrent leur taux de croissance et renforcent l’efficacité de cette croissance à créer des emplois décents pour une population jeune et en croissance continue. Les perspectives 2019 de l’économie africaine montrent que les résultats macroéconomiques et en matière d’emploi sont meilleurs lorsque l’industrie mène la croissance. Or, l’industrie ne peut mener la croissance que si elle s’appuie sur des ressources humaines de qualité et si elle est épaulée par la technologie et l’innovation.

En tout cas, il ne fait plus aucun doute que l’Afrique est aujourd’hui la plus grande zone émergeante du 21e siècle. Elle dispose d’un gigantesque marché potentiel et d’abondantes ressources naturelles. Ces dernières années, les conditions politiques se sont améliorées et ont permis d’attirer les investissements étrangers directs, d’élargir la consommation intérieure, d’introduire des changements significatifs et d’entamer une croissance dynamique. L’Afrique est donc plus que jamais ouverte pour le « Business » et prête pour l’accélération de son développement. Nous n’avons aucun doute que tous nos partenaires sont tout aussi prêts que nous. Alors avançons tous ensemble au même rythme plus élevé vers cet objectif commun. La TICAD 7 nous en offre l’occasion. Faisons-en un nouveau départ pour le développement de l’Afrique.

Djibouti offre un des meilleurs climats des affaires dans la région et est aussi ouvert pour le « Business » à un rythme plus élevé. En ce qui concerne mon pays Djibouti, la croissance de notre économie est estimée à 5,6 % en 2018 notamment en raison des investissements massifs dans le secteur des infrastructures, dans un environnement marqué par un taux d’inflation très faible. C’est dire que nous offrons un des meilleurs climats des affaires dans la région et que nous sommes aussi ouverts pour le « Business » à un rythme plus élevé.

Les infrastructures portuaires, routières et ferroviaires de grande envergure dont nous disposons et la construction de zones franches témoignent de notre volonté de partenariat économique et stratégique. Grâce à nos zones franches, nous espérons profiter d’un nouveau mouvement de délocalisation des emplois vers l’Afrique. Mais pour réussir ce pari, notre pays devra réussir à former une main-d’œuvre qualifiée et offrir les technologies et un cadre propice à l’innovation. Je reviens encore à la pertinence du thème de la TICAD 7.

Nous ouvrons aux investisseurs du monde entier les portes des marchés de notre continent. Et à notre continent nous ouvrons la voie vers le reste du monde. C’est pourquoi j’ose espérer que les échanges et les résolutions qui partiront de cette belle ville de Yokohama nous permettront de bénéficier demain, plus que jamais de l’expérience et du transfert des technologies à la fois dans les cadres de la coopération nord-sud et sud-sud, afin que nous puissions entamer le décollage industriel de Djibouti. Car, il est désormais confirmé que les résultats macroéconomiques et en matière d’emplois sont meilleurs lorsque l’industrie mène la croissance.

Aujourd’hui, nous pouvons fièrement exprimer que la République de Djibouti située aux abords d’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, au carrefour des échanges entre l’Afrique de l’Est, la péninsule arabique, l’Asie et l’Europe, disposant d’infrastructures portuaires et ferroviaires de bonne qualité, occupe une position de choix qui ne demande qu’à profiter aux échanges et à la prospérité du monde. Nous ouvrons aux investisseurs du monde entier les portes des marchés de notre continent. Et à notre continent nous ouvrons la voie vers le reste du monde.

Permettez-moi de terminer en réitérant notre gratitude au gouvernement et au peuple japonais pour cette louable initiative et pour leur hospitalité, et en exprimant tous nos vœux de succès à la TICAD 7».